Articles avec le tag ‘industrie automobile’

« Comme des lions », un film sur la lutte des salariés de PSA Aulnay

mercredi 2 mars 2016

« Comme des lions » sortira nationalement sur les écrans le 23 mars 2016. Ce film documentaire de Françoise Davisse plonge le spectateur au cœur de deux ans d’engagement de salariés de PSA Aulnay contre la fermeture de leur usine qui employait plus de 3 000 personnes dont près de 400 intérimaires. Des immigrés, des enfants d’immigrés, des militants, bref des ouvriers du 93 se sont découverts experts et décideurs. Ces salariés ont mis à jour les mensonges de la direction, les faux prétextes, les promesses sans garanties, les raisons de la faiblesse de l’État. Bien sûr ils n’ont pas « gagné ». Mais peut être faut-il arrêter de tout penser en terme de « gain ». La vie est faite d’expériences, de risques, d’aventure et de fierté. Et là, ces deux ans sont une tranche de vie exceptionnelle. Un moment d’intelligence collective, de démocratie et de révélations.

Pour en savoir plus : www.commedeslions-lefilm.com

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Clip de soutien aux salarié-e-s de l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois

samedi 30 mars 2013

« Ça peut plus durer », un clip vidéo du rappeur Kash Leone (feat DJ Rage) en soutien aux salarié-e-s de PSA d’Aulnay-sous-Bois (93) en lutte contre la fermeture de leur usine.


Note du webmaster :
La CNT, et plus particulièrement le syndicat CNT-RP de la métallurgie, est solidaire de la lutte des salarié-e-s de l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois.
Pour en savoir plus, télécharger « Métallos », le bulletin du syndicat : n°1n°2

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Au prix du gaz

jeudi 31 janvier 2013

Article extrait du Combat Syndicaliste de janvier 2012 :

affiche-du-film-au-prix-du-gazÉté 2009. Châtellerault. Les 366 ouvriers de l’usine de sous-traitance automobile New Fabris occupent leur usine depuis le 16 juin, date de la mise en liquidation judiciaire de l’entreprise. Leur revendication : l’obtention d’une indemnité de licenciement de 30 000 euros par ouvrier de la part de leurs principaux clients, PSA et Renault. Le 12 juillet, Guy Eyermann, délégué CGT et secrétaire du CE, prévient : « Les bouteilles de gaz sont dans l’usine. Tout est prévu pour que ça saute ». À ce message s’ajoute un ultimatum : en l’absence d’accord le 31 juillet, l’usine sautera. Karel Pairemaure, qui vit non loin de là, prend sa caméra et part à la rencontre des ouvriers en lutte. Il vient de restituer cette « plongée au cœur de la lutte ouvrière » sous la forme d’un documentaire intitulé « Au prix du gaz » (85 minutes).

Les frères Eugène et Quentin Fabris arrivent un jour d’Italie et sont embauchés à la manufacture d’armes de Châtellerault, la « Manu ». C’est cette usine qui construisit le célèbre fusil Lebel, « capable à 100 mètres de traverser trois corps humains sans perdre d’efficacité ». S’il devint célèbre dans les tranchées pendant la Première Guerre mondiale, il fut avant tout utilisé contre les ouvriers de Fourmies, dans le Nord, le 1er mai 1891, quand 300 soldats tirèrent sur la foule qui revendiquait la journée de huit heures et la hausse des salaires. Les frères Fabris réussissent et fondent leur atelier en 1947. Fabriquant tout d’abord des pièces de machines à coudre, les commanditaires et la production se diversifient avec le temps. Au début des années 1990, l’entreprise emploie autour de 800 ouvriers. C’est alors que l’usine est léguée aux fils respectifs des fondateurs, ce qui marquera le début de la fin : le choix est fait de privilégier les seuls gros commanditaires et de spécialiser la production. Fabris devient New Fabris et se convertit en sous-traitant de Renault et Peugeot-Citroën. La structure familiale devient parallèlement internationale et dès lors, la finance prédomine. Dès 2007, des difficultés apparaissent. En 2008, l’entreprise est rachetée pour un euro symbolique par un groupe italien, Zen. Après plusieurs plans de licenciement, il ne reste déjà plus que 380 salariés. Le 16 juin 2009, l’entreprise est mise en liquidation judiciaire. Les ouvriers occupent leur usine. Comme le fait remarquer Jean-Pierre Levaray, longuement interviewé dans le documentaire, ils ne se battent pas pour le maintien de leur emploi mais pour obtenir une indemnité de licenciement digne de ce nom. Une évolution qui en dit long sur la perception et le ressenti du travail… La société étant liquidée, il n’y a
plus de patron. Donc pas d’interlocuteur. C’est finalement le ministre de l’Industrie qui négociera.

Le documentaire donne la parole aux ouvriers en lutte mais épingle aussi l’attitude des médias, arrivés en masse à l’annonce du 12 juillet, pas avant. Les journalistes s’installent à proximité immédiate de l’usine, interrogent, filment, restituent leurs papiers à leurs rédactions, parfois sous l’œil des ouvriers qui font leur font part de leurs commentaires… Il est alors reproché aux ouvriers leur radicalité, leur violence, on les traite de fous et de terroristes… Rien, bien sûr, sur la violence systémique, sur celle du monde du travail, encore moins de réflexion sur l’évolution globale du secteur de l’industrie ou du monde ouvrier.

Le travail de Karel Pairemaure a le mérite de poser tout cela et de suivre les New Fabris sur deux ans, donc bien après la fin de leur lutte. On voit ainsi ce qu’ils deviennent, différents parcours de « reconversion », avec toutes les embûches qui surviennent, la découverte parfois d’autres univers, l’enthousiasme soudain de découvrir une convivialité dans l’entreprise, puis le désenchantement quelques mois plus tard une fois digéré que celle-ci n’est que de façade.

Certaines scènes sont assez saisissantes, comme celle montrant d’anciens ouvriers de New Fabris marchant dans l’usine après la mise aux enchères du matériel : malgré le vide, ils persistent à emprunter le chemin dessiné au sol, comme si les machines étaient encore présentes. Comme des fantômes qui les hantent…

Au-delà de ce que dit ce documentaire, c’est une solidarité et une dignité sans faille qui sont dépeintes, et ces deux manifestations, à la fois concrètes et chargées d’émotions et de vécus, ne sont décidément pas vaines : comme le rappelle un New Fabris dans l’usine vide, bien après la lutte, aucun des salariés ne s’est suicidé.

Mari Otxandi, CNT Culture Aquitaine

> Site officiel du film
> Bande-annonce

Pour aller plus loin :
– Pierre Levaray, Putain d’usine, L’Insomniaque, 2002
– Pierre Levaray, Tue ton patron, Libertalia, 2010
– Jann-Marc Rouillan, Le Capital humain, L’Arganier, 2007

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