Construire la lutte et vivre, maintenant !

Alors qu’est-ce qu’on fait ? On continue d’attendre ?

On nous promet que “après”, rien ne sera comme “avant”. Tout sera “plus vert”, plus égalitaire, plus juste nous disent-ils là-haut. Les médias dominants croient y voir les prémisses d’un monde plus beau, apaisé.

Mais les promesses n’engagent que ceux qui y croient, surtout venant de la bouche de ceux qui ont tout intérêt à ce que tout soit reproduit à l’identique dans “le monde d’après” : industriels, pollueurs, exploiteurs, patrons, flics et gouvernants.

La crise économique et sociale semble inévitable. Si le gouvernement et le patronat nous mettent déjà dans la tête que certain.e.s devront trimer plus longtemps, nous savons que d’autres ne retrouveront pas de boulot. La répartition du travail et le partage des richesses c’est décidément pas leur truc.

La sortie du confinement ne sera donc ni rose, ni verte.

Le virus sera toujours là le 11 mai et les jours suivants. Alors on fera pression sur nous pour qu’on retourne au boulot dans des conditions sanitaires périlleuses ! Notre santé et notre sécurité ne sont pas une priorité patronale. Ça, ça ne changera pas !

Car rien, absolument rien, ne changera, tant que nous n’établirons pas un rapport de force en notre faveur, en faveur des travailleur.se.s et des précaires, des chômeur.se.s, des jeunes dans la galère, des femmes, des habitant.e.s des quartiers populaires.

Rien, absolument rien, ne changera, tant que nous ne nous défendrons pas collectivement :

  • en exerçant massivement notre droit de retrait face aux dangers au travail,
  • en renonçant à préserver “l’économie”, “le travail”, “la Nation”, “le pays” ou le “PIB”,
  • en nous mettant en grève, en descendant dans la rue,
  • en organisant et en étendant la solidarité de classe.

Ici et ailleurs dans le monde, les gouvernant.e.s ne pensent qu’à une chose : ils veulent relancer la machine capitaliste et c’est uniquement pour ça qu’en France, on nous renvoie tou.te.s au turbin le 11 mai. Travaille et ferme ta gueule !

Alors préparons-nous dès maintenant à résister à ce qu’ils/elles voudront nous imposer par la force. Mais comment ?

On a des idées :

Nous le constatons encore une fois, les systèmes collectivistes et mutualistes nous aident et nous protègent bien plus efficacement contre les coups durs, dans les crises qui nous subissons.

Nous, syndicats de combat, avons mis en place et utilisons nos caisses de grève et de solidarité. Les collectes d’argent et de biens de première nécessité sont nécessaires pour les salarié.e.s en grèves, les précaires, les victimes des brutalités policières ou autre.

Là où ces caisses existent, alimentons les et utilisons les !

Là où elles n’existent pas, nous aiderons celles et ceux qui en auront besoin à les constituer dès maintenant, pour nos luttes futures.

La question de l’alimentation est également cruciale.

Pendant le confinement, la peur de la pénurie alimentaire s’est faite ressentir dans les magasins des grands groupes de la grande distribution. À côté de ça, les marchés de producteurs locaux étaient, presque tous, interdits.

Bizarre ? Non ! Les gouvernant.e.s servent leurs intérêts et ceux de leur classe.

Néanmoins, l’accès à la nourriture s’est compliqué pour les plus démuni.e.s ou isolé.e.s. Le confinement a rendu la vie impossible pour les personnes que le système socio-économique laisse sur le bas-côté en temps normal. Face à cela, l’isolement peut être fatal.

Cependant la solidarité s’est très vite organisée.

La création de réseaux de distribution de colis de nourriture pour les personnes qui en avaient besoin, de réseaux de soutien, d’entraide et de débrouille, la solidarité entre précaires, entre voisin.e.s, entre proches, entre camarades, a permis à nombre d’entre nous de survivre, de surmonter des difficultés, de rendre l’isolement moins dur.

Ce confinement aura peut-être, enfin, permis de montrer au plus grand nombre que, même en temps de crise, l’entraide est plus efficace que l’individualisme, “le chacun.e pour sa gueule”.

En tout cas, chacun.e a pu voir l’inorganisation et l’absence de volonté de l’État de prendre soin des plus fragiles d’entre nous.

Alors cultivons les habitudes que nous avons prises et prenons soin de maintenir les réseaux de distribution alimentaire et la qualité des liens qui se sont créés entre celle et ceux qui produisent et celles et ceux qu’ils et elles permettent de nourrir.

Notre vie et nos luttes à venir en dépendent.

Nous le redisons, nous voulons renverser le rapport de force.

Nous ne tolérerons pas que ceux et celles qui produisent ne récoltent que miettes ou mépris.

C’est pour toutes ces raisons que nous avons choisi de rejoindre les organisations qui défendent les intérêts des travailleur.euse.s : les syndicats.

Et nous appelons tou.te.s les travailleur.euse.s avec ou sans emploi avec ou sans papier à faire de même.

Préparons avec toutes les organisations syndicales combatives les moyens qui nous permettront d’obtenir des conditions de travail, de vie dignes et satisfaisantes.

Réactivons les intersyndicales dès maintenant pour préparer la grève générale.

Mais aujourd’hui comme hier nous ne pouvons limiter nos revendications et actions au seul objectif de l’amélioration immédiate de nos conditions de travail ou d’existence.

Aussi chacune de nos réflexions et actions doivent aussi être orientées vers la nécessaire disparition du système qui sème la mort et la désolation.

Alors bien sûr il n’y aura pas d’union sacrée avec ceux qui exploitent, polluent et tuent pour leurs intérêts personnels et ceux de leur classe. Et nous refusons de les aider à spéculer ou s’enrichir sur nos vies, ou notre santé.

C’est pourquoi nous ne voulons pas retourner au boulot le 11 mai !

Nous ne voulons plus des conditions de travail et de la vie « d’avant » !

Nous nous protégerons en utilisant tous les outils syndicaux et de défense collective à notre disposition !

Nous ne voulons pas d’un retour à l’anormal !

Et parce que nous savons déjà que cela sera nécessaire, partout où nous le pourrons, nous organiserons la grève !

ul33

Syndicat CNT de la Gironde