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SIPM

Télérama, modèle d’entreprise sociale

dimanche 8 mai 2005

Bilan d’une offensive tous azimuts sous haut patronage du Monde.

Lire le Ça presse n°5 Offensives patronales - ripostes syndicales

En 2002 les Publications de la vie catholique (PVC), dont font partie Télérama et La Vie, ouvrent un capital jusqu’alors géré « en famille », sur le mode du paternalisme social. Le groupe Le Monde remporte le gâteau, constitué d’une part censée rester très minoritaire pendant trois ans des actions PVC, selon une clause de la transaction. Un an plus tard, les salariés de Télérama apprennent que Le Monde a pris le contrôle des PVC. En 2005, c’est au tour du groupe PVC-Le Monde d’annoncer sa recapitalisation : l’incontournable Lagardère y entre à hauteur de 15 %, et se paie la régie publicitaire des PVC, Publicat. Dans le même temps, Le Monde n’a cessé de boulotter du titre, à coups de rachats (Courrier international), de participations croisées (Nouvel Obs), et de transactions actionnariales (groupe Midi Libre, dont font partie des sociétés comme Groupama, ou le Crédit agricole). L’enjeu est de taille : il s’agit de figurer en bonne place au banquet Planète Médias.

La condition préalable à tous ces échanges de bons procédés, c’est qu’ils soient attractifs, c’est-à-dire rentables. Et depuis quelques années, la direction de Télérama s’y emploie, en jouant ici comme partout sur la masse salariale : les postes libérés par la clause de cession due au rachat par Le Monde sont en grande partie non remplacés ou occupés par des précaires. Les 32 heures passent bientôt à la trappe, les salaires sont toujours bloqués, et le nombre de précaires, en particulier les rédacteurs pigistes, ne cesse d’augmenter - à peu près un quart de l’effectif actuel. En ce qui concerne les CDD, depuis quelques années les disparités de salaires sont devenues la règle, non seulement entre CDD et CDI (il faut sept ans de CDD dans la boîte pour espérer obtenir le salaire CDI), mais aussi entre CDD, sur des bases à ce jour toujours obscures. Et, bonne élève des recettes Medef, la direction a introduit depuis peu la rémunération au mérite.

Sous couvert d’améliorer le circuit de la copie et la qualité du journal, il est question d’introduire un nouveau système éditorial permettant de traiter les différentes étapes de l’édition dans le même laps de temps, et non plus les unes après les autres. Et, accessoirement, de diminuer le temps de fabrication du journal. Si on peut douter des résultats quant au gain de qualité pour le journal, on ne peut pas douter du gain financier ainsi réalisé par la direction.

Enfin, le déménagement de Télérama pour début 2006, et son intégration au pôle magazine du Monde, semble bien confirmer la volonté de la direction du groupe de dégraisser en paix. En effet, le scénario est le même ailleurs (groupe Liaisons, etc.), et génère les mêmes inquiétudes : un déménagement-regroupement, précédé de questionnaires sur les « souhaits » des salariés, d’audits et d’« encouragement » au départ en préretraite, sans informations précises sur le futur site et les conditions de travail

On voudrait recenser et pousser les candidats potentiels au départ qu’on ne s’y prendrait pas autrement...