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SIPM-CNT

News 17 juin 2004

jeudi 17 juin 2004

Journaux officiels et administration électronique, Le Monde licencie, la LEN et le Conseil constitutionnel, l’Observatoire français des médias.

SIPM-CNT newsletter 12 mai 2004
La newsletter du syndicat CNT Presse et Médias
SIPM-CNT

CNT Presse - News 17 juin 2004
http://cnt-f.org/sipm
presse.rp@cnt-f.org


Nuit des Ecrans rebelles, samedi 19 juin à partir de 21h
Festival de courts-métrages éclectiques
Prix libre.
Bar, bouffe.
33, rue des Vignoles, 75020 Paris, M° Avron ou Buzenval.


1) Journal officieux n° 3 : D'AdeLe en Scylla, les JO vers l'enfer
(réunion publique des salariés, CDD et rouleurs, le jeudi 24 juin à 19h aux Vignoles)

2) Le Monde à l'envers : l'imprimerie en ligne de mire


3) Loi sur l'économie numérique : saisine du Conseil constitutionnel


4) L'Observatoire français des médias (OFM)


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En cas de problème d'ouverture de certains liens, passer par la newsletter sur le site du syndicat : http://cnt-f.org/sipm


1) Journal officieux n° 3 : D'AdeLe en Scylla, les JO vers l'enfer

Dans le contexte plus large des attaques générales contre les ouvriers du livre au niveau régional, l'offensive contre les Journaux officiels se poursuit. La première mesure concrète, testée depuis quelques mois par le préfet (directeur du JO, intermédiaire du Secrétariat général du gouvernement), vient d'être validée par un accord-cadre avec la CGT du Livre : les départs en retraite ne seront plus remplacés. En raison de la moyenne d'âge élevée et des accords de départ en préretraite (CATS), c'est 1/3 des emplois qui est visé au cours des prochaines années. Parallèlement, la charge de travail continue son transfert en faveur du secteur privé, grâce à l'évolution de la production en faveur de l'édition électronique, confiée au privé, au désavantage du secteur papier, bastion historique des ouvriers du Livre.

Le développement de l'« administration électronique » (AdEle) est d'ailleurs amené à toucher tous les secteurs de l'Etat. Avec comme objectifs prioritaires « la restauration des marges de manoeuvre financières de l'Etat et des services publics » (en français : « diminution du nombre de salariés ») et le développement de « partenariats public-privé » (en français : « confier au secteur privé ce qui était fait auparavant par le secteur public »), c'est en effet une offensive globale qui a été lancée dans le plan 2004-2007, utilisant un progrès technologique pour mettre en place la libéralisation des services publics.

Sans oublier qu'AdeLe, s'inscrivant de surcroît dans le cadre plus large d'une interconnexion électronique au niveau européen, laisse craindre le pire en terme de libertés publiques et protection de la vie privée. Face à cette réalité - données personnelles techniquement accessibles partout et par toutes les administrations - les garde-fous démocratiques semblent bien fragiles. D'autant plus en ces temps de sécuritaire tout-puissant, de répression tous azimuts des mouvements sociaux, de pénalisation généralisée : petits délinquant (et donc principalement les classes pauvres) transformés en ennemis sociaux qu'il convient d'enfermer et de punir, militants syndicalistes devenus des terroristes lorsqu'ils luttent pour leur survie (cf. EDF), etc. LSI, LSQ et autres LEN sont de bien mauvais augure sur l'utilisation d'un tel outil de contrôle social.

Lire le Journal officieux n° 3 (informations sur la situation, documents, liens vers AdeLe, etc.) http://cnt-f.org/sipm/spip.php?article196
Lien vers le site de la Fédération informatique et libertés (dont la CNT est membre) http://www.vie-privee.org/

2) Le Monde à l'envers : l'imprimerie en ligne de mire

Colombani attaque bille en tête : en ligne de mire, l'imprimerie du Monde, accusée des pertes du journal, et dont le sort (plan de licenciement) doit être réglé avant l'été. Cela est témoin d'une étrange logique : l'imprimerie est annoncée comme « déficitaire »... Ce qui revient à dire que l'outil de production du journal devrait en lui-même être bénéficiaire, déconnecté de son objet : à la base, la réalité est faussée, et c'est bien la logique de sous-traitance qui est à l'oeuvre, indiquant le réel objectif de la direction.

D'autres raisons de la mauvaise santé du quotidien sont complètement ignorées : la dégradation du contenu, les choix éditoriaux, la baisse de qualité, pourtant pointées du doigt par de nombreux journalistes (voir Acrimed http://www.acrimed.org/article1625.html), ou encore une politique éditoriale axée exclusivement vers les classes sociales supérieures (Télécharger Les comptes du groupe 2003, 5 juin 2004 http://medias.lemonde.fr/medias/pdf_obj/sup_comptes-monde_040604.pdf). L'équipe dirigeante a fait ses choix et les assume : « le quotidien des cadres », « un public de décideurs », « des lecteurs à hauts revenus »... D'ailleurs, lorsqu'elle vante sa position de leader, elle s'intéresse aux catégories socioprofessionnelles des : « cadres supérieurs », « cadres sup entreprises », « hauts revenus top 8 », « hauts revenus top 2 », « hauts revenus top 1 ». Les salariés, les précaires, les ouvriers, Le Monde de Colombani et Plenel l'ex-trotskyste n'en a rien à foutre.

Pour ce Monde-là, les salariés, les ouvriers rentrent dans deux catégories : les privilégiés (parce qu'ils ont encore droit à des trucs archaïques comme la sécurité de l'emploi, la sécu, la retraite, toutes choses qui font peser sur les entreprises des charges insupportables), ou les terroristes. Comme les tortionnaires-preneurs d'otage d'EDF qui ont le front de refuser la liquidation du service public de l'électricité et du gaz (voir l'article d'Acrimed http://www.acrimed.org/article1632.html).

Alors, les ouvriers de l'imprimerie du Monde, évidemment, Colombani et consorts ne s'en soucient guère. Ils reviennent trop cher : ce n'est « pas supportable », le déficit de l'imprimerie est « dévastateur »... Quand tout va bien, c'est grâce à nos aimables dirigeants... Quand tout va mal, c'est à cause de ces salauds de travailleurs... Et c'est toujours sur eux que ça retombe : la question des salaires des pontes du Monde ne sera jamais abordée, sinon pour une augmentation. Pourtant, ils reviennent sacrément cher, eux, non ? Au fait, combien d'ouvriers du livre pour un Colombani ? Combien de travailleurs pour un parasite social ?

3) Loi sur l'économie numérique : saisine du Conseil constitutionnel

L'avis rendu par le Conseil constitutionnel valide l'essentiel des objectifs gouvernementaux.
Il intervient sur trois points :
  • il remet en cause le délai de prescription courant à partir du retrait de l'article en ligne (ce qui équivalait à l'absence de prescription) mais ouvre la porte à l'abrogation pour les publications électroniques du délai dérogatoire de trois mois de la presse écrite... ce qui aboutit au même résultat !
  • concernant la responsabilité pénale de l'hébergeur, auquel la LEN confère des prérogatives de juge puisqu'il est responsable pénalement si un contenu est condamné (on imagine que peu d'hébergeurs prendront le risque de maintenir un site syndical attaqué par une grosse boîte avec une armada d'avocats ! Et qu'ainsi le site sera condamné par l'hébergeur à disparaître, avant même d'être jugé), le Conseil constitutionnel se contente de préciser : à condition que le contenu soit « manifestement » illégal... Ce qui ne change rien sur le fond, l'interprétation de « manifestement » étant pour le moins aléatoire ;
  • le caractère non-privé du courrier électronique est par ailleurs reconnu par le Conseil!
Le Conseil ne s'est par ailleurs pas prononcé sur les autres dispositions, aussi graves. Au total, il n'y a guère de quoi se réjouir. La LEN est passée, reste à l'appliquer.

Voir la décision http://www.conseil-constitutionnel.fr/decision/2004/2004496/index.htm
Voir le site d'Iris, Imaginons un réseau Internet solidaire http://www.iris.sgdg.org/info-debat/comm-decisionCC0604.html

4) L'Observatoire français des médias (OFM)

Créé dans le cadre de l'Observatoire international des médias et dans la dynamique de Porto Allegre, l'OFM « se donne pour mission de promouvoir et de garantir le droit à une information libre et pluraliste ». Vaste programme ! L'Acrimed, ATTAC, les Amis du Monde diplo, etc. font partie des fondateurs. D'ores et déjà, des liens intéressants vers de nombreux articles, des rubriques « Alertes » et « Dérapages » prometteuses, des données sur la concentration des médias et les participations croisées, une rubrique international, et une newsletter.

On regrette que la situation des travailleurs de la presse, la précarisation, semble absente des préoccupations du site (excepté par les articles sélectionnés du SIPM-CNT, du SNJ et du SNJ-CGT dans la rubrique « Portail »), comme des propositions énoncées. Le capitalisme libéral est une logique globale, les effets sur l'asservissement des médias et l'exploitation des travailleurs ont la même cause. Garantir une information libre et pluraliste ne pourra se faire sans la prise en main des titres par les salariés, dans une logique de service public qui ici comme ailleurs devrait dominer. C'est pourquoi il nous semble que s'intéresser aux dérives des médias doit s'accompagner d'une réflexion et d'une critique sur la place des salariés dans l'industrie.

Cela dit, ne manquez pas de visiter le site ! http://www.observatoire-medias.info/

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concernant la presse, les médias, les colonnes de nos publications vous tendent les bras!

Les hors série Ca presse, 4 pages de la CNT presse et médias, disponible gratuitement
(précisez le nombre d'exemplaires souhaités à presse.rp@cnt-f.org ),
et au format pdf sur http://cnt-f.org/sipm
Disponibles: "Les droits des travailleurs de la presse" et "Le régime par répartition".

SIPM-Syndicat interprofessionnel de la presse et des médias
adhérent de la CNT-Confédération nationale du travail

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