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Montauban : la liberté de la presse mise à mal

mercredi 10 décembre 2014

Le 25 novembre dernier, scène de grabuge à la mairie de Montauban à l’heure du conseil municipal : alors que Michel Lecomte, journaliste reporter d’images pour NetworkVisio, est présent et a l’intention de filmer la séance – supposément publique, faut-il le rappeler – il est violemment expulsé de la salle à la demande de la maire, Brigitte Barèges, qui ne tolère visiblement pas que la réunion soit filmée par ses soins. Pas moins de quatre policiers municipaux vont alors le sortir de la salle sans ménagements, les autres journalistes présents (comme Pierre Bascugnana de La Dépêche ou Johan Gesrel pour la radio Totem) étant également malmenés lorsqu’ils filmeront la scène avec leurs téléphones portables, qui seront jetés à terre dans le but évident de les briser afin qu’aucune trace de l’événement ne soit diffusable.
Rappelons que la vie politique est tendue ces derniers temps à Montauban : la mairie a décidé de rayer d’un trait de crayon plusieurs festivals de musique – pourtant bien implantés et qui n’ont plus à démontrer leur utilité publique tant au niveau local qu’international – pour les fondre dans une unique manifestation estivale géante. Les associations organisant les festivals ainsi condamnés à disparaître dénoncent une « décision autoritaire ».
Effectivement, c’est bien l’autoritarisme qui semble guider les décisions de cette élue encartée à l’UMP, grande amie de Lionnel Luca et Thierry Mariani au sein du courant de la Droite populaire officialisé le 8 novembre dernier et qui rassemble des personnalités aux visées très orientées. Comme le rapporte Alexandre Lemarié, journaliste au Monde, ses sujets de prédilection sont « l’immigration, la sécurité ou la justice. Pour les membres de ce mouvement, l’UMP n’a d’autres choix que de se montrer très ferme sur les sujets régaliens pour contrer la poussée du FN. [...] “Nous n’avons plus le droit de décevoir : si on annonce le Kärcher, il faut le passer !” », aurait ainsi éclairci Thierry Mariani. (Source : http://ump.blog.lemonde.fr/2014/11/10/ump-la-droite-populaire-devient-une-association-politique/)
Le Figaro rappelle de son côté que « ce n’est pas la première fois qu’un litige oppose Brigitte Barèges et Michel Lecomte. Ce dernier avait filmé, puis diffusé, des images compromettantes de l’élue en pleine campagne des municipales. Brigitte Barèges y affirmait que l’un des membres de sa liste d’origine africaine, Jean Trepkri, était “la seule tache sur sa liste” ». On comprend mieux dès lors le grief personnel qui oppose l’édile au reporter… (Source : http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/insolites/2014/11/26/25007-20141126ARTFIG00289-montauban-la-maire-de-montauban-fait-expulser-un-journaliste-par-la-police.php)
Brigitte Barèges serait pourtant bien inspirée de ne pas trop faire de remous actuellement : elle a été déclarée inéligible par le tribunal administratif de Toulouse pas plus tard qu’en octobre dernier, les comptes de sa campagne ayant été rejetés du fait de l’utilisation de fonds municipaux qui auraient notamment permis de mettre en place une campagne de communication déguisée en articles flatteurs dans la presse. L’intéressée ayant fait appel et celui-ci n’étant pas suspensif, elle peut pour le moment continuer d’exercer ses fonctions.
Le SIPMCS dénonce fermement les agissements de Brigitte Barèges. Cette élue se croit visiblement tout permis pour conserver son pouvoir et faire taire les journalistes qui ne font que leur métier en rendant publics certains de ses propos pour le moins condamnables. Son attitude le 25 novembre dernier est inacceptable et doit être récusée avec force.
Un conseil municipal est une réunion publique et quiconque souhaite enregistrer les débats en vue de leur retransmission en a le droit, dès lors qu’ils ne se déroulent pas à huis clos. La seule entrave à ce droit est le cas où l’ordre public ne pourrait être maintenu. Or le 25 novembre dernier, c’est bien la maire qui a troublé l’ordre public par son attitude, scandalisant l’assistance. Sa volonté de censure n’a abouti qu’à une condamnation unanime et légitime.

Le SIMPCS