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Le «  modèle  » Amazon : Travaille, consomme… et tais-toi  !

dimanche 8 juillet 2018

Réflexion sur le « modèle » Amazon à l’occasion de l’appel des camarades espagnols pour une grève générale européenne le 16 juillet.

Work hard *
On nous fait croire aujourd’hui qu’en un claquement de doigts, une légère pression sur notre souris d’ordinateur, nous pourrions avoir en quelques heures seulement tout ce que l’on veut. Un monde idéal où tous nos désirs seraient accessibles. C’est, entre autres, ce que nous vend Jeff Bezos, patron de la firme Amazon. Hélas, derrière cette communication idyllique se cachent des conditions de travail d’un autre âge.
Pour maintenir les cadences, les employés et employées d’Amazon doivent constamment revoir leur rendement à la hausse à travers des objectifs intenables. Résultat, la plupart des travailleuses et des travailleurs, le plus souvent précaires, craquent au bout de quatre à cinq ans d’ancienneté et se retrouvent psychologiquement et physiquement abîmés.

Have fun
Pour que ce rendement se mette en place, la direction crée de la concurrence au sein des équipes et n’hésite pas à inciter ses salariés et salariées à la délation de leurs collègues.
De même, un flicage se fait dans les dépôts par Wi-Fi, ce qui permet aux chefs d’équipe de savoir exactement où est chaque employé dans le stock.
Tout est fait pour recentrer la vie autour de l’entreprise, à travers des animations en son sein. Les salariés devenus «  corporate  » gravitent alors automatiquement autour d’Amazon.

Make history
Alors que le président Macron traite les zadistes de squatteurs qui ne paient pas d’impôt, il permet dans le même temps que des entreprises comme Amazon pratiquent «  l’optimisation  » et l’évasion fiscale sans le moindre souci. Les entrepôts s’implantent là où les aides municipales, départementales, régionales voire nationales sont les plus importantes.
Tandis qu’avant nous avions des professionnels à notre écoute qui pouvaient nous conseiller dans nos choix d’achat, Amazon vend tout et n’importe quoi, faisant de la culture une catégorie de consommation du même ordre que n’importe quelle autre ; nous allons consommer des livres, des disques de la même façon qu’un aspirateur ou de la bouffe puisque cette entreprise compte développer la distribution des produits frais dans la même logique que celle qui l’anime pour le reste. À proportions égales, la librairie indépendante génère dix-huit fois plus d’emplois que la vente en ligne, ce qui rend ridicules tous les discours promouvant l’implantation d’Amazon pour réduire le chômage.

Satisfaire nos désirs d’immédiat : l’envers du décor…
Pour nous, syndicat révolutionnaire, cette philosophie ultralibérale pousse chaque citoyen vers une consommation compulsive, dans un acte pulsionnel qui annule toute contrainte de temps et d’espace. C’est le cas pour beaucoup d’autres produits de consommation.
Nous pensons que cette façon de penser la production influe obligatoirement sur notre manière de consommer. Parce que qui dit consommation compulsive dit forcément une consommation de masse avec une culture pauvre et étriquée autour de quelques artistes et intellectuels. Nous voulons produire une culture riche, offerte à toutes et à tous, qui ne soit pas uniquement une réponse à un désir obsessionnel guidé par les publicités que l’on nous inflige. Que ce soit pour la culture ou autre chose, nous voulons être maîtres de nos vies.

Ce que nous voulons
Parce que nous sommes syndicalistes révolutionnaires, nous assumons notre double pratique face à Amazon et à son « modèle » : défendre les intérêts immédiats des travailleurs et travailleuses de l’entreprise mais également avoir un regard ­critique et alternatif sur le type de société et de culture que nous souhaitons mettre en place.
Amazon emploie plus de 65 000 personnes en Europe, et de nouveaux sites sont en construction un peu partout sur le continent. Depuis cinq ans, les débrayages et les appels à la grève se multiplient pour obtenir l’application des conventions collectives, des revalorisations salariales et la préservation de la santé au travail. En Allemagne, depuis le début des grèves en 2013, il y a des augmentations chaque année.
Un rapport de forces à amplifier grâce à des actions coordonnées  ! Et la période des fêtes ou les opérations de « super-promotions », qui suscitent des commandes (et des bénéfices) record pour la multinationale, sont de parfaites occasions pour les salariés et salariées d’Amazon pour faire entendre leurs revendications. En novembre 2017, lors du « Black Friday », une grève commune a été organisée en Allemagne et en Italie.

Parce que ni la culture ni les travailleurs et travailleuses de la culture ne doivent être des marchandises, le 16 juillet, soutenons la grève européenne des travailleurs et travailleuses d’Amazon.

* «  Work hard, have fun, make history  » est la devise de la firme Amazon.