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Wolters Kluwer France - NAO

La mobilisation a payé, elle devra payer encore !

vendredi 15 juillet 2011

Grâce à deux semaines de mobilisation par des assemblées générales quasi quotidiennes, une grève reconduite pendant 4 jours par notre intersyndicale CFDT-CGT-CNT, puis une demi-journée de grève le mercredi 6 juillet à l’appel de l’ensemble des syndicats de l’entreprise (CFTC, FO et SNJ en plus) ainsi qu’une pétition ayant reçu quelque 400 signatures de salariés, les salariés de Wolters Kluwer France (ex-éditions Liaisons sociales et Lamy, presse professionnelle, 1100 salariés environ) ont pu faire avancer leurs revendications.

Le contexte de ces derniers mois, et notamment autour des réunions de NAO débutées en juin, rendait plus que nécessaire cette mobilisation :
• Des augmentations salariales minimalistes : après une année de gel des salaires en 2009 – année de mise en œuvre d’un plan social portant sur plus de 110 postes – et des augmentations minimes en 2010 (limitées à 1,6 % pour les bas salaires), la direction a décidé de réduire d’un tiers l’enveloppe allouée aux augmentations salariales cette année, malgré 8 millions d’euros de bénéfices.

Rappelons que la fusion des sociétés (Groupe Liaisons, Lamy, Cicéron, etc.) qui a donné lieu à la création de WKF, en juillet 2007, a conduit, par un mécanisme de LBO interne, à priver l’ensemble des salariés de toute prime de participation aux bénéfices jusqu’en 2022… Dénonçant cette opération, les organisations syndicales ont saisi en 2010 le tribunal de commerce de Nanterre, qui a ordonné une expertise judiciaire le 14 décembre dernier, dont les conclusions devraient être rendues en septembre.

• Des accords signés non respectés : 4 ans après la fusion donnant naissance à WKF, l’harmonisation des statuts des salariés de l’entreprise n’est toujours pas finalisée. Un accord, signé en juin 2010, prévoyait d’élargir au 1er juillet 2011 à l’ensemble des salariés certains dispositifs préexistant dans les anciennes entreprises (temps de travail, primes de mariage/pacs/naissance, indemnités de licenciement, etc.) si aucun accord d’harmonisation n’était signé entre-temps. C’est ce qui s’est produit. Or, la direction nous indique aujourd’hui qu’elle ne compte appliquer qu’une partie des dispositions prévues, puisqu’elle n’entend pas étendre à l’ensemble des salariés la prime d’ancienneté, et la geler pour la fraction de salariés qui en bénéficiait ! Et encore, la direction s’engage à ne pas dénoncer cet accord que pendant 6 mois.

• Des indemnités journalières d’arrêts maladie supprimées en pleine médiation sur les risques psychosociaux : en 2010, les arrêts maladie ont augmenté de 30 % par rapport à 2009. Une situation préoccupante, qui a conduit les organisations syndicales à saisir à nouveau la justice. En novembre 2010, le TGI de Nanterre a ordonné une médiation judiciaire, menée par Philippe Waquet, doyen de la chambre sociale de la Cour de cassation. Cette médiation doit reprendre à la rentrée. Pourtant la direction, qui se dit consciente de ce problème, a décidé de supprimer la prise en charge des jours de carence et le maintien intégral des salaires pendant 6 mois dont bénéficiaient certains salariés ! Une décision injuste alors que depuis le plan social de 2009, les charges de travail se sont accrues, amplifiées par le non-remplacement de postes vacants et la désorganisation des services, accentuée par la valse des dirigeants (2 PDG et 3 DRH en deux ans).

Grâce à leur mobilisation, les salariés de Wolters Kluwer ont obtenu, à l’occasion de la dernière réunion des négociations annuelles obligatoires (NAO) du 7 juillet :

 la généralisation jusqu’au 31 décembre 2011 de la prise en charge des 3 jours de carence à l’ensemble des salariés pour 2 arrêts par an ;

 un rééquilibrage des enveloppes budgétaires de négociation salariale en faveur des augmentations générales ;

 une augmentation générale plus forte pour les bas salaires, afin d’aller vers une réduction des écarts salariaux, avec un plancher de 45 euros :
2,5% jusqu’à 2000 euros (hors primes d’ancienneté, contrairement à ce qu’avait au départ prévu la direction), 2% entre 2000 et 3000 et 1,8% entre 3000 et 4000 euros, les salaires de plus de 4000 euros ne pouvant avoir que des augmentations individuelles à la « performance » ;

 l’intégration des correcteurs TAD (travailleurs à domicile) dans les augmentations générales (+ 2,5% du taux horaire) ;

 la prise en charge pour 2011 de l’augmentation de la cotisation mutuelle (10 euros par mois en 2011), passant par une prime annuelle exceptionnelle pour ceux qui n’auraient ni prime ni augmentation générale ou individuelle ;

 une rétroactivité de ces mesures au 1er avril 2011 au lieu du 1er juillet initialement ;

 une intégration des journalistes pigistes dans les NAO, même si les mesures ne nous conviennent pas puisqu’il s’agit d’une prime de 200 euros pour les pigistes réguliers et d’une augmentation du seul tarif minimum de pige à 55 euros le feuillet ;

 l’ouverture des prochaines NAO avant le 31 décembre 2011, et un retour à un calendrier normal de NAO, après des années de « glissement » et donc de perte de salaire ;

 l’ouverture d’une négociation sur l’égalité hommes-femmes en septembre 2011.

Certes, les mesures prises unilatéralement par la direction restent largement insuffisantes :
 en termes de prise en charge des jours de carence et de subrogation, le statut doit encore être largement amélioré. En outre, la direction ne s’engage que jusqu’à fin décembre 2011 (pour six mois donc) sans préciser ce qui se passera à partir du 1er janvier 2012 ;

 en termes budgétaires, les augmentations générales sont encore insuffisantes, surtout après des années au ras des pâquerettes, alors que l’entreprise a enregistré de 8,1 millions d’euros de bénéfices en 2010 et qu’elle a payé quelque 60 millions d’euros depuis 2007 à la maison mère
hollandaise pour rembourser le LBO interne ;

 une place trop importante est laissée à des augmentations ou primes individuelles axées sur la « performance », alors que le problème de fond est la reconnaissance d’un travail collectif de l’ensemble des salariés et non la reconnaissance d’un quelconque « mérite », dont seule la direction serait juge ;

 l’enveloppe de résorption des inégalités salariales reste très maigre, et la direction n’a fait preuve d’aucune politique volontariste en ce sens, la renvoyant à la fin des négociations sur l’harmonisation des classifications ;

 les journalistes pigistes n’ont qu’une prime, à condition d’être réguliers, et aucune augmentation générale des tarifs des feuillets n’a été acceptée, en dehors du tarif minimal.

Les salariés de Wolters Kluwer ont pu démontrer qu’ils ne se contenteraient pas de miettes et qu’ils ont pleinement conscience des enjeux des négociations actuelles pour leur avenir. Dès la rentrée, un certain nombre de sujets vont être sur la table : prime d’ancienneté, classifications (et salaires), risques psychosociaux, égalité hommes-femmes, télétravail, etc. Nos organisations syndicales seront pleinement engagées dans la défense des intérêts de tous les salariés de Wolters Kluwer (y compris les journalistes pigistes trop souvent oubliés par la direction). En sachant que c’est la mobilisation des salariés qui est déterminante : seule la lutte paie !

Section syndicale SIPM-CNT WKF


la CNT WKF est en intersyndicale « permanente » avec la CFDT et la
CGT (49% aux dernières élections professionnelles et majoritaire au CE) et
travaille en bonne entente avec les autres syndicats de l’entreprise selon
les sujets (CFTC-FO-SNJ).