Un syndicalisme autogestionnaire et sans permanent

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SIPM

L’assemblée générale (AG)

publié dans Ca presse HS2

samedi 2 avril 2005

L’assemblée générale est l’outil démocratique par excellence. Dans une lutte, elle permet aux salariés de s’organiser pour résister à la pression patronale. Elle est la seule légitime pour décider des revendications et de la poursuite ou non de la lutte.

Luz-AG

C’est quoi ?

Réunion de tout le personnel : débattre en commun, prendre des décisions communes.

C’est quand ?

Conflit collectif non résolu, dans la boîte ou plus général (retraites, sécu...).

C’est appelé par qui ?

Par des salariés, une section syndicale, des élus du personnel... Il est possible et même recommandé de refuser que le patron et ses cadres dirigeants y participent. Le personnel ne peut participer au conseil d’administration de l’entreprise, il n’y a aucune raison que le patron participe à l’AG du personnel, sinon pour faire pression sur les salariés réunis pour défendre collectivement leurs intérêts.

Ca sert à quoi ?

L’AG souveraine, seule apte à décider, permet à tous de s’investir démocratiquement. L’AG ne doit pas servir à valider des décisions prises ailleurs. Ce n’est pas une chambre d’enregistrement, mais bien le seul lieu décisionnel.

Une réunion où seuls quelques-uns s’epriment, informent, présentent les décisions prises par ailleurs, et finissent par un laconique "Vous avez des questions ?" n’est pas une AG.

Ca marche comment ?

Il faut nommer des salariés, qui ont la confiance du personnel, pour structurer l’AG, former la "tribune". Il faut les nommer à chaque AG, afin que que personne ne devienne attitré de ces postes. La tribune ne doit avoir qu’une tâche technique, les décisions doivent être prises par l’AG du personnel.

Le président de séance
 établit l’ordre du jour en fonction des demandes de l’AG ;
 prend les tours de parole (et la donne dans l’ordre où elle a été demandée) ;
 fait avancer les débats en faisant régulièrement le point sur les propositions émises (les noter), afin d’éviter que les débats tournent en rond ;
 fait procéder au vote sur les différentes propositions (permet de formaliser une décision collective).

Le rôle du président de séance est central pour le fonctionnement démocratique de l’AG. Il doit laisser l’initiative à l’AG sans chercher à l’orienter tout en ayant sufisament d’autorité pour la faire avancer et empêcher qu’elle s’enlise sans qu’aucune décision soit prise, avec des débats qui tournent en rond durant des heures et finalement lassent tout le monde, des salariés qui ne s’écoutent pas. C’est pourquoi le président de séance doit être une personnalité consensuelle, et idéalement ne doit pas participer lui-même aux débats ou donner son opinion car il peut utiliser l’autorité de son rôle dans l’AG pour influencer ses décisions.

Le secrétaire
 prend des notes des débats, afin qu’il en reste une trace écrite ;
 note en particulier les propositions émises, les résultats des éventuels votes qui, les décisions prises, les noms des salariés mandatés (pour présenter les revendications à la direction, pour contacter des salariés d’autres entreprises, pour contacter les médias, pour rechercher des information, pour élaborer des revendications, etc.).

Pour "technique" qu’elle soit, la tâche du secrétaire est indispensable au fonctionnement démocratique, car elle permet le suivi des décisions par l’ensemble des salariés. Il est souhaitable que le compte-rendu (avec un résumé des débats, les propositions faites et les décisions prises, ainsi que les salariés qui ont été mandatés pour faire aplliquer les décisions collectives) soit diffusé à l’ensemble du personnel ou mis à disposition sur les panneaux d’affichage, par mél...

Les décisions doivent toujours être formalisées par un vote, même s’il y a un apparent consensus. Afin d’empêcher que des "grandes gueules" l’emportent en l’absence apparente d’opposition.
Il est souhaitable, dans la mesure du possible, de parvenir à une prise de position consensuelle : plus de nombreux salariés se reconnaîtront dans une décision, mieux elle sera défendue.
Le vote se fait à main levée. Il peut être jugé utile, dans des circonstances exceptionnelles, d’organiser un vote à bulletin secret.

Les mandatés

Les mandatés sont des salariés nommés par l’AG pour accomplir une tâche particulière. Les mandatés sont nommés par l’AG, ils peuvent être révoqués par l’AG. Ils n’ont pas de pouvoir de décision mais leur mandat peut conssister à émettre des propositions qui seront adoptées ou non par l’AG. Ils peuvent disposer d’une certaine marge de manoeuvre, dans le cadre de leur mandat. Mais l’AG doit être consultée pour toute décision importante.

Des commissions de travail peuvent être nommés, composées de mandatés, pour assurer des tâches précises (suivi des médias, rencontres avec la direction...) ou ponctuelles (préparation d’une manif, recherche d’informations sur la boîte, rencontre de l’inspecteur du travail...). La ligne générale d’action des mandatés et des commissions doit être décidée en AG. Une commission peut être mandatée par exemple pour élaborer une plate-forme revendicative, en s’inspirant de ce qui aura été dit en AG plus ou moins précisément, mais l’AG devra finalement la valider, éventuellement en y apportant des modifications (amendements).

Mais encore ?

Si un conflit dure, l’AG prend les décisions quotidiennes.

Si l’AG est l’outil démocratique indispensable à la gestion d’un conflit entre les salariés et les dirigeants, elle peut également devenir la bse d’une nouvelle structure d’organisation de l’entreprise. Dans cette perspective, ce ne sont plus les actionnaires qui prennent les décisions dans l’entreprise, mais les salariés de celle-ci.

On retrouve des modes d’organisation approchant dans les sociétés coopératives ouvrières (SCOP), actuellement très dynamiques (bien que leur intégration au système capitaliste puisse les amener assez loin des principes originels).

Des luttes historiques, comme celle des Lip, marquent la mémoire collective des travailleurs, en tant qu’expérience de réappropriation de l’outil de travail : la gestion du conflit est passé à une expérience révolutionnaire.

Il arrive également que des liquidations d’entreprises aboutissent à un redémarrage par les salariés réunis en scop, comme ce fut le cas entre autres pour la mine de charbon de Tower Colliery (voir le film de Jean-Michel Carré Charbons ardents), ou comme tentent de le faire aujourd’hui (mars 2005) les salariés de Lustucru.