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SIPM-CNT

Dessin de presse sous pression, dessinateurs pressurés !

Section dessinateurs de presse

jeudi 27 janvier 2005

Festivaliers, festivalières, allez-vous assister à la dernière danse d’un condamné, le dessinateur de presse ? Le SIPM au festival d’Angoulème.

Célébré par les festivals, commenté au coin du comptoir comme la blague du jour, retransmis par e mail, conservé sur son frigo, repris lors de mouvements sociaux, le dessin de presse n’en reste pas moins une espèce en voie de pressurisation.

D’un coup de crayon, on peut croquer l’actualité, dans des journaux qui virent leur salarié d’un autre coup de crayon. Le temps est aux concentrations financières carnivores. Et les végétariens n’y peuvent rien. Certains jouent avec la presse comme au jeu du Monopoly, comme Rothschild à Libération ou Dassault avec le groupe Socpresse. Dans la lignée de ces enjeux purement financiers, la précarisation rampante gagne du terrain dans tous les métiers y compris et surtout chez les professionnels de l’image de presse. Pour payer les minus de leur effectif, les patrons et grands pontes de presse ne rigolent pas. Pour le reste, leur sens de l’humour ne va pas jusqu’à proposer la mesure qui sauverait l’entreprise : baisser leurs propres salaires plutôt que de faire pression sur les précaires.

Depuis quelques années, les journaux ont de moins en moins recours à l’illustration et au dessin, préférant la photo numérique à bas prix, l’image toute faite, voire fournie gracieusement par les attachés de presse. On demande même de plus en plus aux journalistes de produire gratuitement ces images. Il faut savoir se montrer polyvalent, souple et moderne. Les premières victimes des coupes budgétaires au sein des rédactions sont souvent les pros de l’image, virables à merci, soumis en coulisse au statut le plus précaire. Souvent avec la contrainte de fermer sa gueule imposée par ceux-là même qui savent prôner à tout va la liberté d’expression dans les colloques et leurs colonnes.

Au sein des journaux et magazines, la disparité sociale s’accroît de plus en plus entre les petites mains et une petite poignée de nantis et dirigeants bien nourris. Des chefferies d’armée mexicaine font trimer une armée de pigistes exploités. La profession assiste sans broncher à la quasi-disparition de certains métiers comme les ouvriers du livre. Depuis ces trente dernières années, l’image publicitaire a gagné du terrain au détriment de la photo et du dessin de presse. Dans le même temps, les piges sont restées au ras des pâquerettes. Pire, dans certains titres de presse, le barème de ces paiements à la tache a diminué scandaleusement, alors que des postes salariés ont été passés sous statuts précaires. Le paysage médiatique voit se succéder des plans sociaux expliqués par « la faute à la baisse des budgets pub ». Mais vu la précarisation rampante et généralisée, à qui profitèrent les budgets publicitaires ? Malheureusement, impossible à vérifier, l’opacité financière régnant largement au sein des entreprises de presse. Défendre la liberté d’expression et de création exige de défendre l’activité des reporters photographes, photographes d’art, illustrateurs et dessinateurs de presse.

Si la presse est en crise, réclamons la transparence et l’équité de l’échelle des salaires. Pour une presse libre et de qualité, il faut des emplois de qualité, pas des salariés kleenex sous payés. Pour une presse libre, critique et de qualité, défendons des conditions sociales décentes pour tous les métiers de la presse, contre l’ultra précarisation galopante. Le succès des festivals de dessins de presse ou de la photographie démontre l’intérêt des lecteurs de la presse pour l’image d’art, l’image critique ou le dessin d’humour. Ce sont les lecteurs et les professionnels qui font la presse, défendons ensemble une presse de qualité et ne laissons pas mourir le dessin de presse sous les feux de la dictature économique qui s’applique au sein des rédactions, reflet des concentrations financières.

Nous, syndicat interprofessionnel de la presse et des médias CNT (ouvriers du livre, correcteurs, maquettistes, secrétaires de rédactions, journalistes, dessinateurs, photographes... qui travaillons en coulisses), nous insurgeons contre cette fatalité et appelons les visiteurs des festivals de presse et de dessins à être solidaires de notre combat économique et social.

Nous, les dessinateurs, pieds nickelés de la presse nous disons : A bas l’Ordre Etabli et le terrorisme de la dictature Economique !! !Vive la Révolution Sociale et Humoristique Globale !!!