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Ça presse n° 6-mise à jour décembre 2006

jeudi 14 décembre 2006

Deux mises à jour sur la victoire des salariés de Politis et la situation très critique de ceux de Libération...

 Politis : ils l’ont fait !

C’est une réelle victoire pour les salariés de l’hebdomadaire altermondialiste. L’affaire aura duré quelques semaines, l’angoisse aussi. Politis est placé en redressement judiciaire en août ; après moult rebondissements, le tribunal de commerce de Paris accepte à la mi-novembre le plan de reprise que les salariés proposaient, convaincus que la structure est viable mais mal gérée. Dans cette optique, les salariés fondaient début octobre l’association Pour Politis, qui tient un blog sur Internet (1), et lançaient un appel aux dons. Avec un objectif quasi fictionnel - selon certains que le SIPM-CNT avait reçus à l’antenne de Radio Libertaire en octobre (2) - de 1 million d’euros.
La réalité a dépassé leurs espérances, la solidarité a fonctionné, le « Polithon » a récolté plus de 930 000 euros. Et les chèques continuent de tomber comme les dépêches sur le fil AFP. Concrètement : exit l’ancien patron et membre d’ATTAC Jean-Pierre Beauvais qui avait laissé la gestion de Politis à l’abandon, l’hebdomadaire est aujourd’hui détenu à 65% par l’association des salariés, dont Patrick Piro est le président, et les 35% restants par divers personnalités militantes. Un nouveau site Internet est en cours d’élaboration, les réunions pour fixer les évolutions du journal se succèdent, ça bouge !
La preuve que le pluralisme de la presse a encore de beaux jours devant lui, une goutte de bonheur dans un complexe océan de conglomérats assujettis au profit...

(1) http://www.pour-politis.org, un bel hommage aux donateurs y est rendu.
(2) Tous les lundis à 19h30, la CNT anime le Monde merveilleux du travail sur Radio Libertaire, 89.4 FM. 

 Libération 2006 pire que 2005 ?

L’arrivée du banquier Édouard de Rothschild dans le capital du quotidien, début 2005, n’augurait rien de bon. Suppressions d’emploi, restructuration de certains services, une grève... Le départ, en juin 2006, de plusieurs têtes pensantes dont Serge July, sous la pression de Rothschild, n’a rien arrangé. Et au vu des derniers événements à Libération, la fin de cette année sera peut-être pire...
Après un été difficile, le principal actionnaire de Libération annonce ue la fin des haricots est proche et propose un plan de refondation. Il verrait bien Laurent Joffrin, directeur de la rédaction du Nouvel Observateur, reprendre les rennes et se dit prêt à réinjecter cinq millions d’euros dans le capital. Mais la médaille comporte toujours un revers, et, cette fois, ce sont 76 salariés (sur 276) qui se retrouvent sur la sellette. Le 24 novembre, après une période d’affrontement entre direction et salariés, la société des
rédacteurs accepte finalement Joffrin, par un vote majoritaire à 63,8 %, comme
directeur de la rédaction et PDG du journal.
Mais les salariés n’acceptent pas pour autant une nouvelle vague de
licenciements. Le 28 novembre, ils votent un préavis de grève
reconductible dès le 4 décembre pour protester contre le plan social et déclarent : « 
L’assemblée générale des personnels de Libération rejette l’ampleur du plan de
licenciements présenté hier, qui met en péril la continuité du titre.
Elle exige d’ici vendredi la mise en œuvre d’un plan basé sur le
volontariat. » Vendredi 1er décembre, le CE annonçait avoir nommé un cabinet expert
chargé d’examiner la validité des arguments économiques avancés par la
direction. Et aux toutes dernières nouvelles : le 4 décembre, l’intersyndicale a
convoqué une assemblée générale afin de décider de la levée ou du maintien du
préavis de grève. Après un vote à bulletin secret, verdict : 154 voix contre la
grève contre 104 pour. Osera-t-on encore souhaiter la bonne année à Libération ?