Qu’est ce qui est vital, patron ?

La construction d’avions, une activité vitale, qui ne pourrait pas attendre ? Quelle blague ! Fermé quatre jours, Airbus ne voulant pas perdre une miette de profits, expose à nouveau ses salarié.e.s, les cadres étant en télé travail, les actionnaires bien au chaud, ravitaillé.e.s par des prolos de la livraison. Avant même que le pic de l’épidémie soit atteint. Alors que les aéroports sont à l’arrêt et que les calendriers de livraison d’avions n’ont évidemment rien d’une priorité vitale.

En Espagne, la CGT anarcho-syndicaliste a appelé à la grève le 30 mars, contre cette reprise du travail aux usines Airbus de Getafe, Illescas, Barajas, Tablada et Albacete qui ont déjà dénombré 150 cas confirmés et mis un millier de personnes en confinement sanitaire. Ce 30 mars la direction d’Airbus Espagne a reculé, ne maintenant qu’un peu d’activité, à l’appui des vols aériens et des forces armées.

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À Nantes, toute échappée de son domicile est traquée par drone ou un hélico doté d’une caméra thermique nocturne. Mais pour les patrons d’Airbus et le préfet, aller trimer chez Airbus, à Bouguenais, à Saint-Nazaire, est une nécessité impérieuse. Le principe de précaution appliqué strictement pour la population, surveillée de très près par un arsenal sécuritaire, fait exception pour la santé des ouvriers comme pour les caissières, livreurs, femmes de ménage, éboueurs, etc.

Que fait le gouvernement pour améliorer la lutte contre la pandémie ? Par contre, « scandalisé » par l’arrêt des chantiers dans le BTP, il cherche à y imposer la reprise du travail... Aucune compensation financière ne viendra combler la perte d’un.e proche et la douleur de sa famille. La reprise du travail dans l’aéronautique ou l’industrie automobile ne pourrait être légitime qu’en cas de réorientation de la production vers la fabrication de respirateurs artificiels qui vont bientôt manquer dans nos hôpitaux.

Macron nous parle de guerre, de sacrifice. Le pouvoir est donc prêt à sacrifier les derniers de cordée au nom de l’unité nationale, rejouant la mauvaise pièce de l’envoi au casse-pipe des poilus de 14-18, sacrifiés sur l’autel des intérêts capitalistes et industriels. Nous ne sommes ni de la chair à canon ni de la chair à patron !