Lundi 30 novembre prochain, les prud’hommes de Paris devront statuer sur une affaire emblématique à plusieurs titres.

En effet, en mars 2010, cinq salariées, syndiquées à la Confédération Nationale du Travail, sont poussées à la porte de la halte-garderie Giono, dans le 13è arrondissement de Paris, après voir dénoncé pendant plusieurs mois les mauvaises conditions de travail et d’accueil des enfants depuis la reprise en gestion de cette structure en délégation de service public par une entreprise privée, People & Baby.

5 années se sont passées depuis et des preuves accablantes ont été découvertes par l’inspecteur du travail, notamment des mails entre la Ville de Paris (gestionnaire de la délégation) et la direction de People & Baby, pour demander à ce que les salariées soient mises dehors en raison de leur activité syndicale. Voici le genre d’échanges sur lequel l’inspecteur du travail est tombé lors de sa visite au siège social : Selon un responsable de la ville de Paris, s’adressant à la direction de People & Baby la diffusion de tracts syndicaux est "inacceptable et de nature à mettre en cause le bon fonctionnement du service public qu’assure cette structure" et il demande "je vous prie de bien vouloir m’indiquer les mesures que vous envisagez de prendre pour poursuivre votre travail de remise en ordre de cette structure "

En interne, la direction de People & Baby s’organisait pour effectuer la "remise en ordre" demandée :
"Pour Sophie dites lui que ce n’est pas un entretien de licenciement, sinon elle serait convoquée avec un ar donc rien à voir... juste un entretien entre nous deux pour discuter, si elle veut on ira manger une salade. [...] Le mail [du responsable de la Ville] est dangereux pour elle... car elle a tenté de déstabiliser notre client... mais n’en parlons surtout pas pour l’instant."

Se croyant en totale impunité, cette entreprise qui a fait plusieurs fois l’objet d’articles de presse (oubli d’un enfant, péripéties de l’un de ses fondateurs, Thomas Fabius, nourriture périmée, etc.) a également attaqué un documentaire d’Envoyé Spécial ainsi que des salariés de la crèche de Puteaux ayant témoigné (voir à ce sujet http://www.monputeaux.com/2013/01/people-and-baby.html).

L’attitude de People & Baby n’est bien sûr et malheureusement pas un cas isolé. D’autres camarades sont frappés de plein fouet par la répression (Ecole Spéciale d’Architecture, Air France, La Poste, Tefal, Education nationale, ...) qui s’inscrit dans un contexte d’attaques généralisées de la part du gouvernement, main dans la main avec le patronat, contre le droit du travail (Accord National Interprofessionnel, Loi Macron entre autres).

Parce qu’un coup porté contre l’un-e d’entre nous est un coup porté contre toutes et tous, soyons solidaires et continuons le combat pour la justice sociale et l’émancipation, que ça soit devant les tribunaux ou par l’action directe !

Le 30 novembre, la CNT appelle à se rendre en nombre au Conseil des Prud’hommes de Paris pour dénoncer cette politique calamiteuse et ses conséquences sur les conditions de travail des salariées, et sur l’accueil des jeunes enfants.


Prochaine date d’audience le 17 février 2016