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Téléchargez le numéro 14 : " Au ban de l’école "
hiver 2006/2007
mardi 13 février 1996
ÉDITORIAL : Quelques notes sur les marges
L’ÉCOLE N’EST PAS OBLIGATOIRE (l’instruction l’est) mais la très grande
majorité des enfants séjournant en France est scolarisée et la plupart dans des établissements publics. Ces établissements sont tenus d’accueillir tous les enfants relevant de leur secteur et ceux qui leur sont imposés par les rectorats. La représentation, héritée à tort de la Troisième République, d’une école égalitaire et fraternelle est malmenée par la mise en évidence de la reproduction des inégalités d’une part, et par l’impossibilité d’offrir toutes leurs « chances » (certains ironisent : au grattage ou au tirage ?) à tous les enfants.
Inapte à proposer à tous une formation « adaptée » à chacun, l’école, avec des stratégies diverses, peine à prendre en compte ceux qui ne répondent pas quand on les interroge, qui n’écrivent pas sur les lignes, qui remplissent les marges, ceux dont les réactions ne sont pas prévues dans les programmes, dont le profil ne s’ajuste pas au prototype. Que ce prototype de l’élève soit mesuré selon l’étalon en platine iridié ou selon la longueur du trajet parcouru dans le vide par la lumière pendant une durée de 1/299792458 s nous importe peu. Nous avons voulu savoir ce qui se passe quand l’école, avec son arsenal de tests et de critères d’admission, de selection, d’affectation, d’orientation – autant de serpents qui sifflent sur nos têtes –, prétend intégrer les étrangers, (ré)éduquer les a-scolaires (que nous appelons « échecoliers »), quand il est de mise de concilier socle commun et respect des particularités, des rythmes, des croyances, des sensibilités.
Avec la certitude que la bonne réponse à une question n’est pas forcément la réponse le plus souvent donnée, et que le droit à la différence contient souvent un cadre ou une norme implicite, nous avons interrogé l’école à partir de ses marges. Nous avons observé les conditions de travail faites tant aux élèves atypiques qu’aux personnels qui les prennent en charge et constaté, dans un aperçu malheureusement très restreint de ce que nous continuerons à explorer, que c’est, malgré les limites et les contraintes de toute action dans un système hiérarchisé et coercitif, dans les parties obscures de ce système que s’expérimentent
des pratiques éclairées : là où l’universalisme des Lumières n’occulte
pas la singularité.
Nicole Chosson, pour le comité de rédaction
SOMMAIRE
DOSSIER
I - Intimes étrangers
06 Une semaine en cla
09 Étrangers, ne nous laissez pas seuls
11 Ma, ta, sa langue
13 Entretien : les États généraux du FLE-FLS
II - « échecoliers »
16 Classes relais : de la poudre aux yeux ?
18 Au coeur d’une classe relais
20 Une classe d’enfants du voyage
23 Autre école, autre regard
25 Sois-jeune et ferme-là !
III - École « normale »
28 Pédagogie et précarité
30 Contrat d’avenir radieux
31 Homophobie scolaire
CLASSIQUES
33 Albert Thierry, le refus de parvenir
LECTURES
37 Livres, brochures et revues
39 Littérature jeunesse
ENTRETIEN
40 L. Lebars : la fédération unitaire de l’enseignement
VIE DE LA RÉDAC’
42 Appel à contribution
42 Courrier des lecteurs et lectrices
43 Anciens numéros et bulletin d’abonnement