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Le Cauchemar pavillonnaire

samedi 23 juin 2012, par Greg

Le Cauchemar pavillonnaire propose une plongée au cœur d’un monde terrifiant : le notre ! Jean-Luc Debry en décrypte la géographie, s’attachant à analyser ce qui se cache et se joue dans l’alignement rassurant et standardisé des pavillons de banlieue et de leurs impeccables pelouses. Il y déchiffre le triomphe d’une idéologie et d’un modèle, celui de l’aliénation désirée et de l’enfermement consenti : « Le pavillon en tant qu’idéal représente bien plus qu’un habitat. Au-delà de ses caractéristiques géographiques et esthétiques, c’est un mode de vie, une façon de penser et de consommer, un mode de relation sociale, de relation au monde et à soi, qui constituent ce que les sociologues nomment l’habitus des classes moyennes. »

Forcément, ce genre de projet court le risque de glisser du côté du mépris et d’un certain élitisme radical plus ou moins bien pensant. Si l’auteur évite ce piège dans les premiers chapitres centrés sur le monde pavillonnaire, grâce aussi à un style enlevé et brillant, il s’y laisse progressivement engluer quand il s’éloigne davantage de son sujet (sur les aires d’autoroute, par exemple, ou les chaînes d’hôtels). Peut-être aussi parce que le lecteur ne se voit offrir aucune issue, aucun échappatoire (malgré le nom de l’éditeur !) hors de cet espace quadrillé et balisé. Toute tentative – culturelle, conviviale, politique, etc – pour briser le maléfice, semble illusoire. Le cauchemar peut-il avoir une fin ? L’auteur s’abstient de trop secouer le rêveur éveillé, se plaçant en position d’observateur décalé. Quelques pistes pour fuir le cauchemar auraient été les bienvenues.

Le Cauchemar pavillonnaire, Jean-Luc Debry, L’Échappée, 160 p., 2012, 12 €.