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La place des femmes... 2 manuels mixtes

lundi 7 octobre 2013, par Greg

On aurait pu, légitimement au regard des manuels largement proposés, croire que la place des femmes dans l’histoire se situe au foyer, dans la cuisine. D’accord, n’exagérons rien. Quelques reines manipulatrices, ou bien garces, quelques infirmières serviables, quelques ménagères consommatrices se promènent au gré des pages de quelques manuels scolaires. Mais, finalement, l’Histoire, reste une affaire d’hommes, et de grands hommes.

Eh bien non ! La place des femmes dans l’histoire, une histoire mixte rend visible celles que les historiens ont trop peu étudiées (même si une évolution est notable depuis une quinzaine d’années), et que les programmes ont ignorées. Mais cet ouvrage est loin d’opposer une histoire des femmes séparées de celles des hommes, de l’histoire « officielle ». Il s’agit bien ici de restituer à l’Histoire la moitié de sa population qui lui avait été amputée.

Ce livre est à la fois un livre d’histoire pour apprendre, compléter nos connaissances, mais aussi un livre-outil pour construire nos cours. En effet, trente-six chapitres sont répartis en cinq périodes chronologiques, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Les thèmes qui sont étudiés recoupent le contenu des programmes des collèges, des lycées et des lycées professionnels, mais aussi des écoles primaires. Pour chaque sujet, une mise à jour des connaissances permet de diffuser les travaux universitaires récents. Évidemment l’enseignantE de CM n’en fera pas la même utilisation que son, sa collègue de lycée professionnel. Pourtant, cette mise au point est un préalable indispensable pour un enseignement sérieux et précis. Dans un second temps, tous les chapitres développent trois dossiers documentaires. Ceux-ci s’inscrivent complètement dans les méthodes didactiques conseillées par l’institution et offrent aux enseignantEs des exemples à faire étudier en classe. De plus, ces pages, dont la richesse est variable en fonction des époques, fournissent un recueil permettant de féminiser les documents étudiés par les élèves en classe. Car c’est bien là la richesse et l’intérêt majeur de cet ouvrage : intégrer les femmes dans les cours d’histoire n’est pas une contrainte supplémentaire, ce n’est pas un moment séparé alourdissant les contenus. Au contraire, c’est inclure les femmes, toutes les femmes, dans tous les cours d’histoire.

Le seul reproche que l’on pourrait faire, ou plus exactement l’envie que l’on peut formuler, consiste à espérer que le recueil documentaire (textes, documents iconographiques, statistiques, etc.) s’étoffe encore et qu’il devienne facilement accessible sur Internet afin de coller avec les pratiques professionnelles. ■

(Erwan Chasles, PLP lettres-histoire, CNT éducation )

La place des femmes dans l’histoire, une histoire mixte, coord. Geneviève Dermenjian, Irène Jami, Annie Rouquier, Françoise Thébaud, Belin, association Mnémosyne, 2011, 415 p., 30 €.

« Écrire l’histoire des femmes ? Désormais tout le monde – ou presque – est d’accord. Mais l’enseigner ? c’est une autre affaire ? » C’est avec ces propos, signés Michelle Perrot, que les auteurs de ce manuel belge explicitent leur projet et leur démarche. Pourtant, il ne s’agit pas de proposer un outil sur l’histoire des femmes mais d’enseigner une histoire mixte qui nous rappelle que les femmes et les hommes ont construit ensemble la société dans laquelle ils vivent. À travers une vingtaine de leçons, de l’Antiquité au Moyen Âge en Europe occidentale, les documents et activités proposés permettent d’accompagner et d’élargir l’enseignement de l’histoire dans le second degré. L’approche thématique est privilégiée : l’éducation, la religion, l’économie, le pouvoir politique, etc., structurent la progression de l’ouvrage, chaque chapitre est construit de manière identique et pose les mêmes questions pour les deux sexes. Il s’agit de combattre l’amnésie culturelle d’une histoire qui écarte encore trop systématiquement les femmes ou les renvoie à des encarts et des dossiers particuliers. Les auteurs ont également choisi de s’attarder sur le décryptage des inégalités ainsi que sur les modes de contestation de l’ordre établi à Athènes, à Rome ou au Moyen Âge (avec un ultime chapitre consacré à la figure de Christine de Pizan).
Le projet général est d’intégrer les acquis les plus récents de la recherche historique et de les mettre à la portée des enseignants et des élèves. Dans cette démarche, l’intérêt porté aux inégalités est manifeste puisqu’il s’agit avant tout de tenir compte « de la différence de genre et de la stratification sociale – deux constructions sociologiques qui structurent toutes les sociétés humaines et qu’il convient de croiser dans le temps et dans l’espace. » ■

(Grégory Chambat, CNT éducation 78)

Femmes et hommes dans l’histoire, un passé commun, Claudine Marissal en collaboration avec Éliane Gubin, Catherine Jacques et Anne Morelli, Laboreducation, 2013, 183 p.

Le manuel est également accessible librement en version PDF sur le site
du Carhif (www.avg-carhif.be).