Dans la nuit, la liberté nous écoute, Maximilien Le Roy

Cette BD relate l’histoire authentique d’Albert Clavier, mort en 2011. Jeune communiste de 19 ans, il s’engage en 1946 dans l’armée française pour voir du pays et sortir de la misère : il se retrouve à faire la guerre en Indo. On suit son parcours de jeune engagé, ses tentatives, en France, de fuir l’armée... Puis, au Viet-Nam, c’est la vie dans les cantonnements où il est un des rares soldats à rencontrer des vietnamiens et à nouer des amitiés malgré les interdictions et les dangers. Plus tard, en poste près de la frontière chinoise, il nouera une solide amitié avec un instituteur Vietminh, puis passera au Vietnam du Nord en 1949 après un voyage éprouvant : dans la forêt, il partage les terribles conditions de vie des paysans et des miliciens vietnamiens. Au service du régime, il accomplit des missions de propagande puis devient journaliste officiel. Resté sincèrement communiste, il est peu à peu saisi par le doute sur les dérives " maoïstes " et bureaucratiques. Il finit par quitter le pays pour la Hongrie en 64 et rentrera en France en 68.

Maximilien le Roy nous donne ici un récit réaliste, intimiste et parfois poétique. Il saisit sans pathos mais avec subtilité et fluidité le quotidien militaire, les rencontres, la maladie, la guerre, avec le parti pris d’un dessin au trait dans une seule tonalité de vert : ce choix du monochrome allié au noir et blanc confère au récit une cohérence graphique très forte.

Un dossier d’Alain Ruscio sur " les soldats blancs d’Hô Chi Minh " complète le récit. L’historien communiste y donne également une analyse du régime vietnamien, une analyse critique du colonialisme … et de l’anti-colonialisme.

Dans la nuit, la liberté nous écoute [d’après le récit d’Albert Clavier], Maximilien Le Roy (scénario et dessin), Le lombard, 2011, 200 p., 24,95 €