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Téléchargez le numéro 10 : " Filles et femmes à l’école... mauvais genre ? "

jeudi 8 février 1996

n’autre école n°10

Sommaire


Édito.
Yoann Debuys 3

Femmes et éducation
Jean-Pierre Fournier 5

Le genre à l’école
Cédric et Fanny 7

L’orientation
Grégory Chambat 11

Les femmes dans les manuels scolaires
Association MixCité 13

Femmes dans le supérieur
Catherine Dufour 16

Le ministère et l’anti-sexisme
Yoann Debuys 18

Quand l’état fait (mal) la morale
Nicole Chosson 20

À société sexiste, école sexiste
Marie Van der Linden 21

Mathématiciennes
Véronique Chauveau, 24

Femmes et mathématiques
Tenir des réunions non-sexistes
Philippe Coutant 26

L’éducation à la sexualité
Marylin Blondeau 28

Apprendre les accords de genre
Karina Jégout-Collo 30

Quand la passion voile les problèmes
Syndicat CNT éducation 58 32

Femmes en lutte...
Rencontre avec Hortensia, Nathalie et Sophie 34

La commission femmes de la CNT
La commission femmes 38

Femmes en action
Jean-Pierre Fournier 40

Rencontre avec la CGT Espagnole
Catalina Borrego 41

La SAC
Hannele Peltonen 43

Louise Michel et l’école
Daniel Armogathe 44

La co-éducation
Frédéric Mole 47

Bibliographie et sites internet
49

Édito


MEILLEURE RÉUSSITE AUX DIFFÉRENTS EXAMENS NATIONAUX,
meilleure réussite dans les tests d’aptitude et de compétences,
population scolaire considérée comme plus sérieuse et plus travailleuse,
les filles depuis que l’école leur a ouvert ses portes
semble largement l’avoir utilisée pour s’émanciper. Si bien utilisée
que « n’autre » revue pourrait se dispenser de réfléchir à la
question. En contrepoint, la situation que le rapport de production
capitaliste impose aux femmes persiste cependant. Eloignement
des postes dits « à responsabilité » en haut de l’échelle
sociale, plus grande précarité, taux chômage plus important,
temps partiel imposé plus facilement et bas salaires (même à
compétences égales) largement répandus à l’autre bout de la
chaîne du travail. Le monde du travail devient le négatif de
l’école, transformant ainsi, du moins en apparence l’Éducation
Nationale en sanctuaire de l’émancipation féminine. Pourtant
en lisant au delà des satisfecit statistiques et en réinscrivant
l’institution scolaire dans la perspective plus large de la domination
capitaliste passée au filtre de la démocratie représentative,
l’école se pare d’un (nouveau) visage qui mérite que N’autre
école s’y intéresse. L’organisation hiérarchique du fonctionnement
scolaire, le rapport viril et autoritaire aux savoirs qu’il instaure,
la quasi-absence de démarches coopératives participent
au renforcement (au maintien) de la domination des hommes
sur les femmes, qui n’est que la première marche de la domination
du capital sur le travail (et de la domination en général). En
liant étroitement scolarité des filles et situation professionnelle
des femmes, un autre rôle de l’école s’esquisse : l’apprentissage
de l’obéissance à l’autorité qui demandera en premier lieu aux
femmes d’être de bonnes travailleuses mais muettes. « Sois
docilement compétente et ferme-là ». Tout fonctionne comme si
en haut de l’échelle sociale les compétences qu’elles ont
acquises pendant leur scolarité ne sont pas reconnues et
comme si en bas de l’échelle l’esprit critique qu’est censé
construire l’école ne leur permet pas de se battre contre des
conditions de travail déplorables. Comment alors interpréter la
façade « émancipatrice » de la scolarisation
des filles ? Véritable
démocratisation de l’apprentissage
ou massification de l’exploitation ?
Mais surtout quelle marge de
manoeuvre reste-t-il à la communauté
éducative ? Quelles portes de sortie
expérimenter, inventer, imaginer, rêver
concrètement dans nos classes, nos établissements,
notre Éducation nationale,
nos quartiers et aussi… notre syndicalisme
révolutionnaire pour construire une société
émancipée où, oserons-nous le penser, dominera
l’égalité.
Yoann Debuys, pour le comité de rédaction

n’autre école n°10