le 11 avril 2008

Dans le seul but d’atteindre les quotas d’expulsions imposés par le ministère de l’intérieur, les préfectures n’ont de cesse de fabriquer des sans-papiers, criminalisant ainsi une situation administrative dont elles sont la cause. De plus en plus d’étudiants en font les frais : l’arrestation de Régis dans sa résidence du Crous mardi matin ne fait que le confirmer(Régis est désormais assigné à résidence jusqu’à son expulsion). Celle-ci a provoqué la colère de ses proches, des militants et beaucoup de leurs concitoyens, ainsi que l’inquiétude de nombreux étudiants « étrangers » logeant pour beaucoup dans ces mêmes résidences.

Suite au rassemblement du vendredi 11 avril, la Préfecture de l’Isère a reçu à 13h une délégation composée de représentants de différentes organisations membres du Rusf. Après avoir exposé les aspects humains de la situation de Régis, la délégation a interpellé les représentantes de la préfecture sur le fait que celle-ci se permette de juger la « cohérence » de parcours des étudiants « étrangers », alors même que ce travail est préalablement effectué par les universités lors des procédures d’inscription. La préfecture a alors déclaré ne prendre en compte que les seuls résultats académiques des étudiants « étrangers » sans ce soucier des motifs de leur « échec ». Ainsi, les étudiants étrangers auraient à charge de fournir les preuves juridiques de leur « innocence », alors que les délais d’expulsion sont de plus en plus courts !

Le Rusf a ensuite condamné le fait que la police ait de plus en plus recours aux services du CROUS, qui, de par sa mission d’œuvres sociales, ne devrait en aucun cas être mêlé à des politiques anti-sociales, pour ne pas dire xénophobes. Nos interlocutrices ont alors déclaré que ces pratiques étaient normales et affirmé qu’elles n’étaient pas à remettre en cause. Considérant uniquement le CROUS comme le domicile des étudiants « clandestins », la préfecture estime que les résidences demeurent le lieu privilégié des arrestations !

Enfin, la préfecture a voulu justifier l’augmentation des expulsions par le nombre croissant des demandes de titres de séjour. Le Rusf s’est alors empressé de répondre que de nombreuses filières voyaient, au contraire, leurs effectifs diminuer. Par conséquent, la préfecture ne peut pas se cacher derrière de telles considérations pour justifier la multiplication des expulsions, due aux objectifs d’expulsion. Lorsque les universités se targuent de renforcer l’attractivité du site Grenoblois, il est intolérable de justifier ainsi une politique de quottas imposée par les lois Hortefeux-Sarkozy !

En second lieu, Rusf s’est entretenu en fin d’après-midi avec la direction du Crous. Cette dernière a refusé de soutenir Régis, qui est toujours sous la menace d’une expulsion imminente, auprès de la préfecture ; a refusé de protéger ses locataires en informant clairement ses personnels sur leurs droits à ne pas coopérer avec la police dans ces cas de procédures administratives ; et a refusé de prendre une position sur les rafles de plus en plus fréquentes d’étudiants en ses murs.

Le Rusf considère que l’extension des pouvoirs de la police à laquelle nous assistons, dans des cadres légaux ou non, est la marque d’une réduction de nos libertés à touTEs. Mais les premiers à en pâtir sont les étrangers. Nous, citoyens, fonctionnaires, étudiants, ne pouvons accepter de participer, même passivement, à la machine xénophobe.

Aujourd’hui, Régis a été placé en liberté conditionnelle et est assigné à résidence jusqu’à son expulsion, car ici on traite les étrangers comme on traite les criminels : traqués, arrêtés, enfermés. Nous appelons à sa régularisation, comme à celle des dizaines d’étudiants menacés par la mise en place de la politique Hortefeux !

Les préfectures ne sont pas là pour juger de la qualité pédagogique des étudiants.

La police ne doit pas avoir accès aux logements étudiants sans commission rogatoire.

Les citoyens doivent être informés de leurs droits face aux pratiques de la Police.

Nous n’en resterons pas là.

RUSF-38