Construisons nos rêves sur les ruines de l’école

Les discussions entre collègues sont empreintes d’inquiétudes ces dernières semaines. L’actualité politique et internationale ne peut que nous préoccuper. L’élection de Trump à la présidence américaine, clown aux manettes d’une puissance dite mondiale. Les guerres au Proche-Orient et en Afrique qui s’enveniment. Les frontières mentales et physiques qui se développent en Europe. Les expulsions et le rejet des migrants de Calais à Stalingrad soigneusement orchestrées par notre gouvernement tandis que les naufrages des boat people en méditerranée transforment la mer en immense cimetière. Et le chômage et la pauvreté qui persistent dans nos cités tandis que la violence et l’impunité policière se pratiquent au grand jour. Et pendant ce temps là, les discours populistes, le repli identitaire et le racisme se renforcent.

Déprime ou réalisme ?

Quand les échanges en salle des profs’ s’orientent sur l’école de manière générale, et dans notre département en particulier, le bilan est catastrophique.

→ Dans le premier degré, même si des efforts ont été fournis en ce qui concerne les remplacements, la situation est loin d’être acceptable. Les effectifs des classes sont trop élevés, rendant les conditions d’enseignement laborieuses et difficiles. Les RASED ne sont presque jamais au complet ou, lorsqu’ils le sont, sont éclatés sur tellement d’écoles qu’aucun suivi réel des élèves n’est possible alors qu’ils en ont cruellement besoin.

→ Au collège, la réforme votée l’an passé se met en place progressivement, avec beaucoup de variété et une constance : le manque de moyens.

→ Pour les lycées professionnels, la dégradation se poursuit de manière dramatique sans que le Rectorat ne réagisse. Les alertes ont pourtant été faites de nombreuses fois, que ce soit au sujet de la généralisation du bac pro en 3 ans, des horaires, des effectifs... Concernant les lycées généraux, l’exclusion définitive de l’éducation prioritaire prouve la méconnaissance et l’ignorance totale du terrain par le ministère.

→ Quant à notre université de Paris 8 – St Denis, les conditions d’études ne détonnent pas.

Bien sûr, le tableau ne serait pas complet si nous oublions la situation de sous effectif des vies scolaires.

→ L’accueil des élèves en situation de handicap est elle aussi de plus en plus catastrophique.

→ Les effectifs en ULIS explosent, les conditions de l’inclusion ne permettent pas la réussite de toutes et tous.

→ Les infirmières et assistantes sociales sont de plus en plus débordées et ne peuvent répondre efficacement aux plus graves urgences.

Enfin, il serait injuste de ne pas pointer du doigt la responsabilité du conseil général du 93. La moitié des CIO doivent fermer, laissant élèves, parents, et enseignants seuls face à cet énorme défi qu’est l’orientation.

Face à l’abandon de l’Éducation nationale : Organisons la riposte !

Avec un tel constat, il est naturel que le quotidien devienne de plus en plus difficile, voire franchement préoccupant dans de nombreux établissements. Alors, de manière prévisible, les sirènes réactionnaires entonnent leur chant simpliste : « il faut rétablir l’ordre », « nous devons sélectionner les élèves », « la pédagogie n’est pas une solution »... Puis la responsabilité est pointée en direction des élèves et de leurs familles. À qui la faute ? Souhaitent-ils que nous travaillions contre nos élèves ?

Il en est hors de question.

Que ce soit les équipes pédagogiques, les élèves, les familles... nous sommes tous unis dans cette galère. La division ne profitera à personne. Nous devons réagir, nous organiser, lutter, combattre, pour rétablir le cap. Nous devons agir et favoriser une éducation pour tous, à laquelle chaque personne puisse prendre part.

Suscitons l’action collective.

Notre objectif est clair : une école émancipatrice pour les élèves et les personnels. Une école ouverte sur le monde et égalitaire. Une école qui sera le socle d’une société autogestionnaire, sans classe et débarrassée de toutes les oppressions. Une école qui ferait émerger des esprits critiques, contestataires et revendicatifs. À nous de construire la lutte.

Qu’un plan d’urgence pour le 93 soit la première pierre pour une école libre.