Secrétariat international de la CNT

Maroc : l’affolement d’un État

Publié le dimanche 29 novembre 2009

Ces derniers jours, l'État marocain vit vraiment un état démentiel. Il est hanté. Il
voit partout des ennemis, des comploteurs . Toutes les composantes vivantes de la
société marocaines sont suspectes. Tout le monde est suspect jusqu'à preuve du
contraire. Preuve ? Se prosterner, sans dignité aucune, devant le makhzen (système politique du Maroc caractérisé par la soumission à la personnalité "sacrée" du roi).

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Prenons quelques exemples :

- Répression des sit in de l'ANDCM à travers tout le Maroc. Des dizaines de
blessées.

- Arrestation, torture, emprisonnement et condamnation des militants de l'AMDH,
section Beni Mellal.

- Condamnation du président de la section de Khénifra de l'AMDH ;

- Répression des sit in organisés par les coordinations contre la hausse généralisée
des prix( exemple de Salé, Rabat...)

- Répression des sit in ouvriers (exemple de Khouribga, de Chtouka Aït Baha...)

- Répression des étudiants (exemple de Fes, Marrakech, Nador...)

- Répression des militants Sahraouis (exemple de Tamek, Aminatou...)

- Arrestation/enlèvement de la militante marxiste léniniste Meriem Bahammou.

- Condamnation à la prison ferme d'étudiants (exemple Abdelkader Talhaoui, Younes
Salmi, Hsaïn Nacer....)

- Répression sans précédente de la presse (Michaal, Akhbar Al Youm, Al Jaridal Al
Oula, Al Massae...)

- Persécution des journalistes, condamnation d'autres à la prison ferme (exemple de
CHahtane d'Al Michaal...)

- Enlèvement et disparition de dizaines d'islamistes

- Les leaders islamistes réformistes (proches des thèses de la gauche démocratiques
croupissent toujours en prison).

- Les prisons du Maroc regorgent de prisonniers politiques:islamistes, marxistes,
sahraouis...

- Persécution des 850 prolétaires de SMESI en lutte pour leurs droits légitimes. Report (pour la 4ème fois) au 1er décembre 2009 du procès de leurs 4 camarades
poursuivis en "justice".

- Non assistance à des milliers d'enfants, de femmes, de bébés, et de vieux en
détresse suite à la décision inhumaine de l'OCP de jeter dans la rue 850 ouvriers
après des années de trime. C'est un crime contre l'humanité.

- Des rafles "d'identification" systématiques créent un climat de terreur dans les
villes au nom de la lutte contre le terrorisme, contre la drogue, contre
"l'atteinte aux mœurs publique"(???). Des milliers de jeunes sont menés aux
commissariats et se retrouvent désormais dans les fiches des suspects. La raison ? un
garçon et une fille (exemple d'amiEs de classe) qui se promènent paisiblement dans
la ville sans "acte de mariage" ou sans lien de parenté... se retrouvent souvent au
commissariat...

L'État marocain est dans un état d'affolement. Pourquoi ?

Les dirigeants marocains
ont raté tous les rendez-vous avec l'Histoire :

- Tout le monde, à part les piètres acteurs, reconnaît aujourd'hui que les
"élections" de juin 2009 et leurs conséquences, ne constituent que des actes
successifs d'une pièce théâtrale de mauvais goût. Les partis parlementaires ne sont
là que pour applaudir les décisions royales. Ils font partie du décor de la maison
du makhzen.

- La rue gronde devant la détérioration des services publics : l'enseignement, la
santé, le transport collectif...

- Le chômage structurel et généralisé a jeté des millions de marocaines et de
marocains dans le monde de la drogue, de la prostitution, du crime, de la mendicité,
des maladies mentales, du suicide, du soufisme, du fanatisme, de l'intolérance...

- La dilapidation des deniers publics, la corruption, le clientèlisme...restent
les "qualités" fondamentales de l'administration publiques. Les grands bonnets se servent à leur guise.

Cette situation chaotique ne désarme pas les militants et militantes du
changement, du progrès, les militants et militantes de la liberté, de la démocratie.

Ils, elles continuent, et avec détermination leur combat. Ce qui fait peur
aujourd'hui à ceux d'en haut, c'est que le Maroc profond ( celui des travailleurs,
celui de la campagne, celui des exclus, celui de tous les sans droits...) gronde,
bouge, se pose des question, remet en cause certaines "vérités", certains tabous.

Voilà ce qui fait peur aux privilégiés, à tous ceux qui ont pillé les richesses de
ce cher pays, à ceux qui veulent avoir au Maroc des sujets et non des citoyens et
citoyennes. Un roi avait déjà dit dans le passé :"affame ton peuple, il te suivra".

L'esprit critique, la pensée libre, les idées du progrès, l'aspiration à la
liberté, l'épanouissement des citoyennes et citoyen...tout est banni dans le pays du
makhzen.

Au nom de la défense du sacré, on bâillonne tout un peuple. Au nom de la monarchie
absolue, au nom de l'islam étatique, au nom de la patrie made in makhzen, les
marocaines et les marocains sont dépossédéEs de leurs droits de citoyenneté, de
leurs droits humains les plus élémentaires.

Le Maroc se mut dans le recul. Les indicateurs mondiaux le prouvent.
Clin d'oeil aux nouveaux parvenus dans le giron du Makhzen :

- A force de s'approcher du makhzen et donc de la droite, tout ce qui est à
gauche devient pour vous extrémiste. Y compris vos compagnons d'hier. C'est une
question d'optique.

- "Une gauche qui gère les affaires de la droite, n'est plus une gauche". (la
citation n'est pas de moi)


ALI FKIR,

le 26 novembre 2009

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