Secrétariat international de la CNT

MANIFESTATION DE L’ANDCM DU 16 MAI 2009 A KHENIFRA OU LA POLITIQUE DE LA MATRAQUE

Publié le jeudi 21 mai 2009

Depuis le 16 mai 1993, date de l'assassinat dans le commissariat de police du
militant de l'ANDCM Moustafa El Hamzaoui, tous les ans l'ANDCM appelle à une journée
de lutte pour exiger la reconnaissance légale de l'association et le châtiment des
coupables de l'assassinat de Moustafa El Hamzaoui.

Cette année, cet acte revêtait une plus grande force puisqu'il se situait dans le
cadre d'une campagne internationale de solidarité avec l'ANDCM, impulsée par la
Coordination syndicale Euro-Maghreb, avec une liste massive de signatures et de
rassemblements devant les ambassades et les consulats marocains en Espagne et en
France.

Dans ce contexte, cette année a vu la présence à Khenifra de délégations de la CGT
d'Espagne (anarcho-syndicaliste) et de Solidaires (France), la CNT-f s'est excusée pour son absence, mais
elle a activement participé à la campagne.

Dès midi, la principale rue de la ville, où allait se dérouler les différentes
interventions, était pleine de camions militaires et de fourgons des forces anti
émeutes, qui occupaient différentes rues latérales dans toutes les directions.

Vers 15h., le meeting a commencé avec des interventions de l'ANDCM, des
représentants locaux de la CDT, UMT, AMDH et Voie démocratique. Dès le début du
meeting, un cordon de policiers, casqués et avec les boucliers déployés, avait
encerclé le lieu de la célébration, en y demeurant, comme une menace constante aux
propos tenus.

Un camarade de Solidaires intervint également et expliqua la situation en France et
les mobilisations qui y ont lieu. José Pascual Rubio, responsable des Relations
internationales la CGT, félicita l'ANDCM pour ses longues années de lutte, et
décrivit l'histoire du jumelage de la CGT avec l'ANDCM, une histoire pleine depuis
1997 de luttes et de gestes solidaires et d'entraide.

Un moment d'émotion a été le salut de la représentation de la CGT à la mère et à la
sœur de Mustafa El Hamzaoui. Sa mère, les larmes aux yeux, nous a dit que la seule
chose qu'elle demande est de savoir où est enterré son fils. La police, pour éviter
toute enquête qui éclairerait son crime, a enterré le cadavre dans une fosse
commune empêchant son identification. Aujourd'hui il serait parfaitement possible
de le faire si réellement il y avait une volonté de justice.

Mais ce n'est pas la justice précisément qui existe au Maroc. A la fin du meeting,
les camarades - femmes et hommes- de l'ANDCM ont commencé à pousser pour faire céder
le cordon de police et lancer la manifestation. De nouveaux effectifs de policiers
accoururent rapidement et, sans préavis, ils ont chargé à coup de matraques contre
les manifestants, en les faisant reculer en frappant jusqu'à la porte du local de
la CDT devant lequel se tenait le meeting. Plusieurs corps demeurèrent étendus par
terre sans que personne ne puisse s'en approcher.

Par la suite, plusieurs ambulances sont arrivées pour transporter les blessés. En
même temps, d'autres policiers se sont mis à charger depuis tous les coins de la
rue, en jetant sur le sol les tables et les chaises des cafés avoisinant.

Ainsi les
militants de l'ANDCM se trouvaient bloqués et toute participation de soutien de la
part de la population y des militants étaient empêchée.

Une demie heure de terreur qui s'est terminée par un bilan de 11 blessés, dont l'un
gravement à cause des coups dans les reins a été transporté à l'hôpital de Meknès,
et 4 camarades détenus puis remis en liberté plus tard.

Les élections municipales de juin, la réunion du FSM au Maroc, la collaboration
avec le système de la majorité des partis politiques, ne sont que mascarades pour
chercher à dissimuler une réalité écrasante : le Maroc est un régime dictatorial où
règnent l'arbitraire et la terreur. C 'est ce que nous avons vécu à Khenifra ce 16
mai.

Mouatamid (CGT Espagne)

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