Secrétariat international de la CNT

Kanaky : Grève générale victorieuse

Publié le mercredi 2 septembre 2009

L'USTKE (Union syndicale des travailleurs kanaks et des exploités) a lancé un mot d'ordre de grève générale à partir du lundi 27 juillet afin de régler le conflit qui l'oppose à Aircal ( compagnie aérienne locale) et poursuivre la mobilisation pour la libération des militants emprisonnés (début août, encore 7 camarades dont le président de l'USTKE).

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Cette grève générale visait à obtenir de la direction d'Aircal la signature du protocole de fin de conflit discuté en juin 2009 (un protocole rédigé par l'USTKE et des émissaires de la compagnie Aircal le 11 juin ). La direction d'Aircal a joué le pourrissement, aidée en cela par les médias en refusant subitement de signer un protocole à la rédaction duquel elle avait participé.

Origine du conflit

Les salariés de cette entreprise avaient dû se mettre en grève pendant 3 mois pour empêcher le licenciement abusif d'une jeune travailleuse kanak. Lors de cette lutte, le 29 mai, plusieurs personnes ont été placées en garde à vue puis condamnées à des peines de prison ferme pour « entrave à la circulation d'un aéronef », les militants de l'USTKE ayant mené leur action sur l'aérodrome de Nouméa.


Un vrai rapport de force : le blocage économique

C'est dans ce cadre et face à cette répression (emprisonnement des principaux leaders du syndicat) que l'USTKE a appelé à la grève générale en initiant un blocage économique de l'île, notamment avec les blocages du port autonome de Nouméa et de la presqu'île de Ducos (grande zone commerciale et industrielle de Nouméa aux mains des colons).

Les premiers jours de conflit ont vu une répression féroce menée par l'Etat colonial à l'aide des gendarmes mobiles et du GIPN. L'USTKE n'a pas cédé et a amplifié son action à partir du lundi 3 août avec des barrages à Poindimié et à Koné (villes du Nord du pays) puis à partir de mercredi 5 août avec un blocage total de la route du Sud à la hauteur de la tribu de St-Louis (commune du Mont-Dore, au sud de Nouméa).

La répression s'est alors accentuée, mais la détermination des militants syndicaux largement soutenue par la population kanak leur a permis de maintenir les différents blocages. Lors des affrontements violents, il y a eu de nombreux blessés, ce fut le cas d'un jeune kanak qui a perdu un oeil suite à un tir de flash-ball à bout portant.


Un conflit qui en cache bien d'autres

Il est particulièrement intéressant de voir de nombreux jeunes kanaks, qui à l'identique des jeunes des quartiers populaires de France sont amplement caricaturés par les médias en hordes violentes et délinquantes, lutter aux côtés de militants syndicaux.

Beaucoup de jeunes semblent en effet avoir pris conscience que l'USTKE subit les mêmes répressions et injustices qu'eux. De la même façon, lors de ces journées de grève et de blocage économique, il existait un écart saisissant entre la population kanak souriante et solidaire des actions de l'USTKE et le mécontentement d'une grande partie de la population coloniale de Nouméa. Ceci est encore plus mis en valeur par les discours des médias (un seul journal quotidien, propriété du groupe Hersant, une seule télévision et une seule radio...) particulièrement virulents contre l'USTKE et les manifestants dont le nombre est toujours minimisé.

Les militants USTKE étant en général présentés comme des irresponsables qui empêchent la population de « travailler librement alors que la Nouvelle-Calédonie subie déjà la crise ». Ce discours sur la « liberté de travailler » ou plutôt « liberté d'exploiter » est celui de ceux qui veulent imposer le capitalisme partout dans le monde ; ils se servent de la crise qu'ils ont crée comme d'une raison qui devrait empêcher les travailleurs « responsables » de se mobiliser. On a ainsi pu voir se multiplier les reportages sur de pauvres petits chefs d'entreprises contraints à la fermeture à cause des blocages, les journaux ouvrant largement leurs pages aux syndicats de patrons, Medef, CGPME et à la FUTAM (association d'usagers dirigée par des colons).

Un premier bilan positif mais la lutte continue

Cette détermination et ces actions de blocages ont permis de contraindre l'état français à l'ouverture de négociations entre l'USTKE et Aircal qui ont abouti à la signature d'un protocole d'accord très proche de celui élaboré dès le 11 juin et qui prévoit, notamment, le paiement d'une partie des jours de grève alors que le licenciement de la salariée doit être jugé dans les prochains mois par le tribunal du travail (il n'y a pas de prud'hommes en Nouvelle-Calédonie...).

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Cette belle victoire ne fait pas oublier à l'USTKE le sort des militants emprisonnés en particulier celui de Gérard Jodar condamné à 12 mois de prison et dont le procès en appel a eu lieu le 25 août. Une manifestation s'est déroulée le 22 août.

La CNT exige la libération de tous les militants syndicaux emprisonnés, et dénonce l'attitude de l'état français qui se permet d'emprisonner des dirigeants syndicaux afin de tenter de faire taire un syndicat.

VIVE LA GRÈVE GÉNÉRALE !
VIVE L'USTKE !

Mickael, CNT educ 69

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