Secrétariat international de la CNT

Communiqué élections Bolivie

Publié le jeudi 29 octobre 2020

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Le dimanche 18 octobre, après onze mois de dictature militaire, la Bolivie se rendait aux urnes et élisait Luis Arce, candidat du MAS (Mouvement vers le Socialisme), à plus de 52% des votes dès le premier tour, comme président de l’état plurinational de Bolivie.

Cette élection intervient dans un contexte très particulier : les élections présidentielles d’octobre 2019, qui donnaient Evo Morales vainqueur pour entamer un quatrième mandat présidentiel, avaient été annulées pour fraude avec l’appui de l’OEA (Organisation des Etats d’Amérique), bien qu’aucune fraude n’ait pu être prouvée. Avec l’appui des paramilitaires et de toute l’extrême-droite raciste du pays, sous le signe protecteur de la Bible qu’elle brandissait lors de son entrée au palais présidentiel, Jeanine Anez s’auto-proclame alors présidente du pays, d’abord jusqu’aux élections prévues en janvier, puis reportées en avril, puis en octobre en raison de la pandémie. Elle met en place avec l’appui des forces réactionnaires racistes et ultra-libérales du pays, essentiellement issues de la région riche de Santa Cruz à l’est du pays, une dictature : répression des dirigeants du MAS, menaces à l’égard des journalistes et emprisonnements injustifiés des opposants. Les peuples indigènes, pourtant très largement majoritaires dans le pays, souffrent à nouveau de discriminations, de propos et de gestes racistes. Leurs langues ne sont plus diffusées dans les médias, et la pandémie de COVID donne l’occasion au nouveau gouvernement d’exprimer tout le racisme qui caractérise une politique pensée comme une réappropriation par les descendants des Blancs de ce qui leur reviendrait de droit, comme avant la victoire du MAS en 2005 : mines, entreprises, ressources naturelles du pays. La gestion catastrophique de la crise sanitaire fait de la Bolivie le troisième pays d’Amérique le plus touché par le COVID.

Pendant ces onze mois, et pour éviter un embargo, les dirigeants du MAS et de la COB (Central Obrera de Bolivia), dont la plupart ont été emprisonnés ou ont dû partir en exil, organisent une résistance démocratique, en préparant des condition exemplaires pour les prochaines élections.

La victoire de Luis Arce ne laisse aucun doute, ni sur les conditions de transparence des votes, ni sur la claire volonté des électeurs.
Les résultats témoignent de la confiance du peuple bolivien envers les représentants qui ont été choisis : Luis Arce qui fut ministre de l’économie de 2006 à 2017 puis en 2019, à qui le pays est reconnaissant d’une croissance économique sans précédent, au bénéfice des franges les plus fragiles de la population, et son colistier David Choquehuanca, aymara défenseur des peuples indigènes et du concept de “buen vivir” qu’il a contribué à imposer dans la Constitution de 2009. Le MAS-IPSP n’est pas tant un parti traditionnel qu’un mouvement d’inspiration socialiste, porté aux urnes par les syndicats de producteurs de coca en particulier, dont Evo Morales a été l’un des représentants les plus actifs pour exiger les droits des travailleur-ses les plus pauvres.
Cette nouvelle victoire électorale est due à une très forte mobilisation des syndicats et de la société civile bolivienne au cours des onze derniers mois, et montre une volonté très claire du peuple bolivien de rejeter le modèle ultralibéral, de conserver sa souveraineté contre l’impérialisme, et de construire un état réellement plurinational, permettant l’égalité de ses citoyens, tant sur le plan juridique que dans le partage des richesses.

Quelles que soient les critiques qui peuvent être formulées à l’encontre de l’ancien président, du système présidentiel en général ou de l’économie productiviste du pays riche de son lithium, il est très clair que le peuple souverain de la Bolivie a choisi de continuer un “mouvement vers le socialisme” qu’il juge plus juste et émancipateur que le retour à la violence colonialiste des élites de l’extrême-droite qui ont saccagé le pays pendant onze mois, et dont les affaires de corruption ont précipité le rejet massif.

Le Secrétariat International salue la victoire de la société civile en dépit de toutes les pressions qui pesaient sur elle et sur ses représentants. Intimidations, menaces, isolement international, n’ont pas réussi à démobiliser les Boliviens, et la ténacité des militants donne de l’espoir à tous les peuples qui se battent contre l’impérialisme et le colonialisme.

GT Amérique, Secrétariat International de la CNT

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