Secrétariat international de la CNT

[Colombie] Mouvement social et lutte Armée Révolutionnaire

Publié le mercredi 26 mars 2008

Pour comprendre la réalité militante colombienne, il est important d'admettre que la version armée n'est pas une expression politique autonome du reste du mouvement social colombien. Il n'en est qu'une des composantes.
Aucun syndicat ouvrier ou paysan de lutte de classe, aucune association, parti ou collectif militant du mouvement révolutionnaire (des libertaires aux marxistes-léninistes) n'est coupé, totalement, coupée de la lutte armée et de ses organisations.
Restent des frontières existantes et tenaces, parfois, qui expliquent le sectarisme entre les ramifications du mouvement social colombien. Ce qui les sépare, leur préférence et proximité vis à vis de telle ou telle guérilla.

Petit retour sur les trois guérillas d'extrême gauche du pays.

FARC : les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie sont la plus vieille guérilla d'Amérique latine. Fondées par Manuel Marulanda en 1962, les FARC sont essentiellement composées de paysans issus du Parti Communiste pro soviétique. Ils occupent le Massif central colombien, au Sud du pays et la cordillère orientale. Pourchassées sans merci par l'Armée colombienne, depuis février 2002, c'est le groupe armé révolutionnaire le plus nombreux : 17 000 membres environs.
Structurées comme une armée régulière, son organisation interne est opaque. Idéologiquement elles se réclament de la plus pure tradition marxiste-léniniste. Depuis la chute du Bloc de l'Est, les FARC ont dû « varié » leurs financements : narcotrafic, enlèvements…
Depuis plus d'un an, le fait de reculer dans certaines régions face aux avancées des paramilitaires et de l'Armée colombienne, les amènent à se déplacer vers des territoires contrôlés par l'autre guérilla l'ELN. D'où des heurts réguliers et violents avec l'ELN qu'elles dominent militairement. Il s'agit, néanmoins, de nuancer : si sur certains fronts la guerre fait rage (Buenaventura sur la Côte pacifique ou dans le Cauca au Sud du pays), dans d'autres zones ELN et FARC mènent des opérations communes contre l'Etat colombien et ses alliés (Paramilitaires et mercenaires yankees).

ELN : Deuxième guérilla d'extrême gauche du pays, l'Ejercito de Liberacion Nacional a été fondée par le père Camillo Torres en 1965. Un an plus tard Torres était assassiné. En 1968, l'ELN envahit la région de Santander et mena une lutte armée en s'étendant également sur les régions proches du rio Magdalena et du Nord d'Antioquia (centre du pays, région de Cali).
Elle compterait entre 5 000 et 6000 Hommes et Femmes.
Sa composition est plus variée que celle des FARC. L'ELN recrute, certes aussi, dans la paysannerie pauvre. Nombre de ses militants viennent du milieu militant urbain.
L'ELN est aujourd'hui relativement affaiblie. Accusée à tort, par les FARC, de vouloir négocier une paix séparée avec l'Etat colombien, l'ELN est la première victime de ces affrontements fratricides. Les FARC disposent d'un armement et d'une organisation et « rigueur » militaire nettement supérieure.
D'inspiration guévariste, l'ELN est une version moins orthodoxe de la lutte armée révolutionnaire. Plus démocratique dans son fonctionnement interne que les FARC, l'ELN est censé être moins autoritaire dans les zones qu'elle contrôle. Son articulation, notamment, avec les mouvements sociaux urbains et les communautés paysannes, dans les zones qu'elle contrôle, est plus de l'ordre de la collaboration, là où les FARC auraient tendance à imposer et à mettre au pas. Pour cette raison, les militants et militantes issus du mouvement libertaire ou du Trotskisme colombien, tentés par la lutte armée, rejoignent plus naturellement à l'ELN que les « staliniens » des FARC.

EPL : Troisième guérilla révolutionnaire du pays, l'Ejercito Popular de Liberacion se réclame depuis sa création du modèle prochinois, maoïste. Depuis 1991, l'EPL est la branche armée du Parti Communiste Marxiste-léniniste, une scission du Parti Communiste colombien. Elle exerce ses actions de guérilla dans le Nord de l'Antioquia. L'EPL ne compterait pas plus de 3 000 membres.

Jérémie.

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