Secrétariat international de la CNT

Argentine : la "Justice" clémente avec les criminels de la Junte militaire

Publié le vendredi 19 décembre 2008

Aujourd'hui, alors que l'église de la Sainte
Croix (à Buenos Aires) a été déclarée monument historique et que l'ancienne
Place d'Armes de l'ex ESMA s'appelle désormais “Declaración Universal de los
Derechos Humanos", la Salle II de la
Cour de Cassation Pénale a décidé la mise en liberté de plus d'une dizaine
d'accusés pour crimes contre l'humanité commis au sein de l'ESMA pendant la
dernière dictature militaire argentine.

Cette résolution met en lumière
l'indolence des fonctionnaires du système judiciaire, sur le chemin pour
obtenir vérité et justice.

La libération des accusés est possible parce
que les diverses instances de la justice ont bâclé les procès de manière
injustifiable, éloignant la possibilité d'arriver à la réalisation de procès
oraux et publics.

Depuis la réouverture des procès en 2001, ni les juges
d'instruction ni les procureurs (à quelques exceptions près), n'ont fait preuve
d'agilité et d'adresse lors des investigations, ainsi prolongées de manière
irraisonnée.

La Cour de Cassation pénale, pour sa part, a fait obstruction
pendant des années afin de bloquer les procès ; d'ailleurs certaines de ses
résolutions sont encore en vigueur, empêchant le début des procès dans
plusieurs juridictions du pays.

Sept ans après la réouverture des procès, on
constate toujours l'incapacité des fonctionnaires de justice à concevoir un
plan stratégique qui assure, auprès des victimes et de toute la société, la
réalisation du procès de vérité et justice dans le cadre du respect des
garanties.

Plus de trente ans après, l'Etat a
l'obligation d'être diligent dans les enquêtes, dans la recherche des accusés
qui ont pris la fuite et dans la protection des témoins. Des obligations qui ne
peuvent aucunement reposer sur la seule activité et persistance des parties
civiles et des organisations de Droits de l'Homme, comme c'est le cas.

C'est
pourquoi, une fois de plus, nous demandons que l'Etat argentin garantisse la
protection des témoins et des personnes liées à ces procès, et qu'il mette en
œuvre une stratégie de poursuite et de jugement de ces crimes gravissimes.

L'inefficacité du système judiciaire met l'Etat argentin dans une situation de
responsabilité internationale : il viole des conventions de droits humains, ne
garantit
pas –ni aux proches, ni à la société- la sanction des responsables de crimes
contre l'humanité, et ne garantit pas non plus des délais raisonnables
vis-à-vis des accusés.

La liberté des accusés pendant le procès
pénal ne signifie pas impunité : après trente ans du Terrorisme d'Etat, l'impunité
réside sur le fait que, par inaction, indolence ou complicité, la justice
argentine ne les aient pas encore condamnés.


Abuelas de Plaza de Mayo – Grand-mère de la
Place de Mai

CELS (Centro de Estudios Legales y Sociales)

Familiares de Desaparecidos y Detenidos por
Razones Políticas

Fundación Memoria Histórica y Social
Argentina

H.I.J.O.S.

Madres de Plaza de Mayo – Línea Fundadora

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