Maternelle, manuel CP : Big Blanquer n’arrête pas de décoder.

Remise en cause des programmes de l’école maternelle, publication d’un manuel d’Etat pour les CP, Big Blanquer n’arrête pas de décoder. Son obsession : b,a-ba, tests et résultats !

La maternelle doit revoir ses objectifs. Un guide vert, « Les mots de la maternelle », publié en septembre dernier  – il y avait eu un guide orange pour le premier degré en 2018 – et une Note du Conseil Supérieur des Programmes (CSP) rédigée ce mois-ci, réaffirment cette urgence, dictée selon le ministère par « l’obligation de l’instruction obligatoire dès l’âge de 3 ans. ». « L’école maternelle doit permettre à tous les enfants d’accéder sans difficulté préalable aux apprentissages fondamentaux. » Tout est dit dès la présentation, page 7, de cette note du CSP. L’école maternelle passe directe en cycle 3.

Une petite dose de psychologie avec les apports d’un neuropsychiatre, Boris Cyrulnik, une ration de Gafi avec le linguiste Bentolila et une belle proportion de psychologie cognitive expérimentale avec le chouchou du ministre Stanislas Dehaene et le nouveau programme est bouclé.

Si, au final, les enseignantes acquièrent un « parler professionnel »  en parlant lentement et en articulant (cf le guide vert, extrait ci-dessous), les élèves de maternelle seront gagnants aux évaluations nationales CP.

Arrivées là, les élèves bénéficieront d’un manuel concocté par la rue de Grenelle avec la complicité de conseillers de l’académie de Paris : « Pour apprendre la lecture et l’écriture au CP. Légo, je décode ». Le livre du professeur est un véritable chef d’œuvre : « Riri a un ara ». « Sara élira Ari ». « Fara a un chéri. Il est riche. »… Un régal pour apprendre à lire. Et, l’imaginaire convoqué est d’actualité…

 Les autrices et auteurs de ce manuel étatique reconnaissent dès la préface que « les phrases dans ce livret ne présentent que du sens explicite » et qu’il faudra travailler la compréhension « sur de beaux textes authentiques »…

Pour la rentrée prochaine, 10 départements vont tester la méthode Blanquer : les Bouches-du-Rhône, l’Oise, le Jura, l’Ardèche, l’Eure et Loir, la Corse du sud, les Yvelines, La Réunion, les Pyrénées Orientales et évidemment Paris.

Et une obligation d’utilisation à tous les départements l’année suivante ?

Morceaux choisis

Guide verte / « Les mots de la maternelle »    

« Le niveau verbal entre enfants est inégal. Or, il est l’un des facteurs essentiels pour l’apprentissage de la lecture, l’autre étant la capacité à manipuler les sons de la parole (syllabes puis phonèmes). En effet, le langage écrit est plus soutenu que le langage oral et il est plus facile d’être efficace dans le décodage si on retrouve des mots et tournures de phrases que l’on connaît déjà.

C’est pourquoi il est nécessaire que le professeur mette en œuvre un « parler professionnel » qui permet la découverte et l’appropriation du lexique et de la syntaxe : — une parole modulée au débit ralenti avec une articulation marquée ; — des phrases courtes énoncées sans interruption en détachant les constituants grammaticaux pour favoriser la prise de repères syntaxiques ; — des modes de questionnement ouverts qui induisent des réponses avec des phrases plus complexes ; — un réseau de reprises et de reformulations proches du langage de l’élève, pour enrichir, préciser, mettre en relief le lexique ou certaines tournures, fixer des références par la remémorisation. »

Les évaluations nationales, la référence unique

« Les évaluations révèlent des difficultés largement partagées qui tiennent à la méconnaissance du sens des mots, à la confusion des mots proches du point de vue phonologique, au manque de précision du vocabulaire utilisé et à des connaissances insuffisantes.

Ces difficultés sont importantes : la négation simple, les termes spatiaux, le genre et le nombre des pronoms ne sont pas maîtrisés. »

L’avis d’un inspecteur d’académie sur son blog

« Car ce qui est en jeu dans les changements proposés par le conseil « supérieur » des programmes c’est en fait une conception des apprentissages scolaires qui « technologise » le processus d’enseignement en demandant aux enseignants d’être d’abord soucieux de « résultats ». La conséquence est qu’on « primarise » l’école maternelle et qu’on y développe des formes de travail qu’il conviendrait en réalité de faire évoluer autrement aussi à l’école élémentaire. »

Un avis sur les maths

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2020/12/14122020Article637435255572699262.aspx

Pour une école maternelle de la résistance

 http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2020/12/15122020Article637436125234706744.aspx

csp-note-d-analyse-