Grèce. LE MOUVEMENT SOCIAL FAIT FACE À UNE FORTE RÉPRESSION POLICIÈRE ET REND HOMMAGE À LA RÉSISTANCE CONTRE LA LOI SÉCURITÉ GLOBALE EN FRANCE.

Au soir du 6 décembre, le quartier d’Exarcheia à Athènes est sous un déluge d’armes et d’uniformes.

(Photo / Poings levés et pas de quartiers ! Charlotte henard / Flickr ) .

Pour empêcher toute révolte, l’état grec a déployé un véritable régiment de flics appuyé par deux hélicoptères et plusieurs drones. Des cris éclatent ici et là, ainsi que des explosions. Un immeuble inhabité est en feu. Depuis l’arrivée au pouvoir de la droite il y a un an, la police grecque multiplie les tentatives d’affaiblir le quartier en évacuant beaucoup de squats. Mais certains résistent encore, en particulier le Notara 26 et le K*Vox. Cependant, ces dernières heures, la nouvelle irruption policière a atteint un niveau sans précédent. Non seulement par le nombre, mais aussi par des actes particulièrement choquants.

Pour commencer, en ce jour anniversaire de l’assassinat du jeune anarchiste Alexis Grigoropoulos par un policier à Exarcheia le 6 décembre 2008, les forces de l’ordre des puissants nous ont empêchés de nous rendre sur le lieu de recueillement où se trouve la plaque commémorative, à l’endroit où il a été assassiné à l’âge de quinze ans ! Pire encore, des dizaines de personnes ont été arrêtées pour avoir essayé de passer. Plus de 160 aux dernières nouvelles, en quelques heures ! L’un des flics a même arraché un bouquet de roses déposé sur les lieux avant de le détruire devant les caméras. Les images ont rapidement fait le tour de la Grèce provoquant un scandale.

De plus, les journalistes ont été empêchés de continuer à filmer dans le quartier et repoussés le plus loin possible des « opérations de police ». Certains ont vu leur matériel abimé, d’autres ont été refoulés violemment, notamment mes amis journalistes indépendants Alexandros Katsis et Mario Lolos (auteur de plusieurs des photos), parfois à coup de matraque !L’une des vidéos des faits ici :https://www.imerodromos.gr/epeteios-grigoropoyloy-astynomikoi-chtypisan-fotoreporter-kai-dimosiografoys-vinteo/ Les dizaines de compagnons et camarades arrêtés n’ont pas baissé la tête et, celles et ceux qui le pouvaient ont levé le poing à l’unisson avec la foule choquée mais persévérante.

Une fois de plus, des policiers ouvertement néonazis ont été remarqués parmi les « troupes » envoyées pour empêcher toute « révolte du 6 décembre ».

Rien de nouveau sous le soleil : le fascisme reste le gardien zélé du capitalisme. Il n’est pas une réelle opposition au système politique et économique actuel. Au contraire : à chaque situation de crise, il en est le stade ultime, au fil des dérives autoritaires.
Aujourd’hui, personne ne peut entrer dans Exarcheia sans être contrôlé, même les taxis ! Dans Athènes, 31 stations de métro sont fermées ! Plusieurs lieux autogérés sont bloqués, parfois avec des militants à l’intérieur, sans eau et sans nourriture. Des compagnons ont été poursuivis dans le quartier par des policiers qui ont osé faire exploser leurs grenades à l’intérieur d’un bâtiment, au risque de tuer les personnes visées.Vidéo :https://www.alerta.gr/archives/aiovg_videos/επίθεση-της-ελασ-και-ρίψη-κροτου-λάμψη
Voyant venir cette rude journée d’anniversaire, certains ont voulu manifester deux jours plus tôt, le 4 décembre, mais ce fut très difficile également, en particulier place Syntagma, devant le parlement.

Simultanément, le groupe Rouvikonas a riposté dans cinq lieux de pouvoir contre la politique du gouvernement, en particulier, contre son traitement des faillites et des situations catastrophiques engendrées par la crise actuelle. Une crise qui est avant tout celle du capitalisme lui-même, mettant en évidence, une fois de plus, son absurdité économique, sociale et écologique. Le capitalisme, c’est la mort. Lui résister, c’est participer à sauver la vie, tant qu’il en est encore temps.

Dans son communiqué et ses tracts, Rouvikonas évoque l’exemple de la résistance à la loi sécurité globale en France qui, malgré un contexte très difficile pour les mobilisations, parvient à faire reculer le pouvoir :
« Comme ils l’ont fait en France, où, de la même sale manière, l’État a tenté de garantir le droit à la répression absolue et où la base sociale française est descendue dans la rue…”

Infos transmises par Yannis Youlountas