Lycées bloqués mardi 3 novembre. Droits de retraits reconduits. Grèves prolongées.

A l’appel de syndicats et de l’UNL, plusieurs lycées ont été bloqués mardi 3 novembre à Paris et en région parisienne, mais aussi à St-Etienne, Nantes, Besançon, Bastia, Roubaix, St Nazaire*…

« Le lundi, on nous dit que la liberté c’est fondamental et que l’on doit continuer à s’exprimer. Et, le lendemain, on nous gaze parce qu’on dénonce une situation dangereuse », critique le secrétaire de L’UNL. En effet, la police est intervenue violemment devant le lycée Colbert à Paris. Ailleurs, c’est elle aussi qui a ouvert les portes des lycées**…

«  Si rien ne se passe d’ici vendredi, alors la semaine prochaine, nous passerons à l’action avec des blocus, des sit-in, des marches ou encore des débrayages dans la journée si nécessaire », a rajouté M. D.

Du côté des personnels, profs et Vie scolaire, les droits de retraits ont été reconduits jusqu’à ce jour, les grèves prolongées ou annoncées pour demain voire lundi. Des courriers ont été adressés aux recteurs, ministre. La même exigence revient : le dédoublement des classes.

Extraits.

« La seule solution est donc d’organiser les enseignements en demie-classe, en alternant les groupes un jour sur deux et en inversant les jours de chaque groupe par semaine. La totalité des élèves auront un nombre égal de cours. Du travail personnel, suivi par les outils numériques et en retour en classe, permettra de compenser la diminution des heures de cours pour les élèves. Nous considérons qu’il est préférable de garantir des heures de cours en présentiel, certes inférieures à la situation initiale, mais d’éviter ainsi le risque d’une fermeture totale du lycée.
Face à l’urgence sanitaire et face à l’urgence pour mettre en œuvre ces adaptations indispensables, nous attendons, Monsieur le Recteur, une réponse rapide de vos services.

****

« Cher Monsieur l’inspecteur de l’Académie de Versailles,

Nous vous écrivons aujourd’hui car nous sommes en colère. En colère, contre les silences et l’abandon que nous avons tous ressentis depuis la rentrée de septembre. En colère contre le mépris évident de notre institution à notre égard, qui s’exprime de façon désormais explicite et éclatante. En colère face aux décisions absurdes et dangereuses qui nous imposent d’enseigner dans des conditions qui n’assurent pas la sécurité des élèves, des personnels et des familles. En colère, contre un ministre qui remercie vainement et hypocritement ses enseignants sans jamais prendre la peine de les écouter.

Et nous avons assumé cette rentrée sans qu’aucune mesure ne soit prise, dans des classes toujours aussi chargées, à 35 élèves (37 parfois !), 

Nous voulons un allègement des effectifs dans toutes les classes de collège et de lycée ; pour ne pas défavoriser les élèves les plus fragiles ou les moins bien équipés, nous sommes davantage favorables à un enseignement en demi- groupes qu’à un enseignement hybride. Nous voulons que cette mesure soit décidée en amont, par le gouvernement, et non selon le bon vouloir des chefs d’établissement, pour conserver l’égalité d’éducation pour tous. »

****

« Une colère et une angoisse qui ne cessent de croître face à un protocole sanitaire inappliqué et inapplicable en l’état. Face au manque cruel d’agents, le ménage ne peut pas être fait quotidiennement voire hebdomadairement dans les salles, l’absence de gel hydroalcoolique dans les classes pendant les six semaines suivant la rentrée, l’absence de toilettes dans plusieurs bâtiments, des élèves entassés dans les couloirs le masque sous le menton, des effectifs qui montent à 35 par classe et des travaux assourdissants dus à un chantier que nous subissons pour la troisième année consécutive. Face à cet état des lieux nous redoutons les semaines à venir et que notre lycée de 1700 élèves se convertisse en véritable foyer épidémique.

Notre lycée devra-t-il fermer ses portes dans quinze jours ? Comment mettre en place les cours en distanciel si tel était le cas ?

Beaucoup d’élèves n’ont pas le matériel informatique pour pouvoir travailler à distance, contrairement à ce qu’a annoncé J.M. Blanquer en mai, le bilan a été catastrophique pour un nombre considérable d’élèves, les plus défavorisés n’ayant pas internet chez eux. »

Une plateforme revendicative parmi d’autres.

Nous exigeons aujourd’hui, sans délai, et sans que cela n’ajoute une nouvelle charge de travail aux personnels :

 ● un accueil alterné permettant à tous les élèves de maintenir un lien avec l’école.

 ● une adaptation des emplois du temps permettant de réduire de 50% le nombre d’élèves présents dans les salles de classe et dans l’établissement. Nous avons aujourd’hui des classes qui peuvent compter jusqu’à 40 élèves dans un établissement qui en dénombre 1400.

 ● une réduction du brassage des élèves, tant aux inter-cours, qu’aux récréations et à la restauration scolaire, facilitée par la réduction du nombre d’élèves présents. Ainsi que:

 ● le renforcement des équipes d’agents chargés de la désinfection des locaux.

● la suppression du jour de carence ainsi que la reconnaissance de la COVID-19 en tant que maladie professionnelle.

● la mise en place d’une politique d’équipement des personnels et de l’établissement en matériel numérique. ● la publication de textes réglementaires encadrant les pratiques professionnelles.

● l’information des personnels en respectant la voie hiérarchique permettant de s’organiser en amont, et non par le biais d’annonces médiatiques souvent contradictoires.

 ● l’adaptation des programmes et la redéfinition des modalités d’examens, des stages et des évaluations pour toutes les formations.

Lycée G Braque d’Argenteuil 95

______________________________________________________________________________________________________

* Témoignages de lycéennes à lire ici : https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/11/03/plusieurs-blocages-de-lycees-pour-protester-contre-le-non-respect-des-mesures-sanitaires_6058382_3224.html?utm_term=Autofeed&utm_medium=Social&utm_source=Facebook#Echobox=1604443281

** « Des élèves du Lycée Pasteur de Besançon dans le Doubs ont bloqué l’entrée de leur établissement mardi 3 novembre pour dénoncer les conditions sanitaires. Ils les jugent insuffisantes face au coronavirus, en cette rentrée de reconfinement (…) Un peu avant 9 heures, la police a ouvert une autre entrée pour permettre aux élèves qui le souhaitaient d’aller en classe. Le blocage s’est poursuivi de manière symbolique jusqu’à midi. »

 France Bleu, 3 novembre 2020