T20. Blanquer à géométrie variable. Le 11 mai dans l’Histoire et dans les yeux !

Le Big Brother de la rue de Grenelle a présenté mardi 21 avril les modalités très progressives et très variables d’une rentrée qui ne se ferait par le 11 mai.s le 12, pas pour tout le monde, pas tous ensemble, sans être obligatoire et sans aucune garantie sanitaire.

Un vrai cours magistral clair, précis, propre sans gel hydro alcoolique, au savon de Marseille. Comme à la CNT éduc, on adore copier, on a volé le résumé du Monde en ligne et ça donne :

La réouverture des écoles étalée sur trois semaines

Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’éducation nationale, a détaillé mardi matin devant les députés de la commission de la culture et de l’éducation les modalités d’un retour progressif à l’école à compter du 11 mai.

La semaine du 11 mai : les élèves de grande section, de CP et de CM2 retourneront en classe par groupe de 15 au maximum, mais pas dès le lundi, qui sera réservé à une prérentrée des enseignants.
La semaine du 18 mai : ce sont les élèves de 6e et de 3e pour le collège et de 1re et de terminale pour le lycée qui reprendront les cours. Les élèves de lycées professionnels, quant à eux, commenceront immédiatement par les ateliers industriels. 
La semaine du 25 mai : c’est l’ensemble des classes qui rouvriront avec toujours un plafond de 15 élèves par classe.
Quatre configurations de classe devraient coexister : un demi-groupe en présentiel, un demi-groupe à distance, un demi-groupe en autonomie à l’étude et de manière facultative, en concertation avec les maires, des activités sportives, de santé et culturelles pourront être proposées.

“La doctrine nationale est claire, mais des marges de manœuvre sont données au niveau local pour ce qui est de l’adaptation sur le plan physique de ces modalités”, a dit M. Blanquer aux députés. Si les conditions sanitaires ne sont pas réunies, l’école ne rouvrira pas. La doctrine des masques et des tests sera articulée en fonction de ce que les autorités de santé auront défini.”  
Les professeurs travailleront soit dans les écoles et les établissements scolaires soit à la maison en cas de vulnérabilité, en télétravail avec des modalités d’enseignement à distance qui seront précisées. 

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Deux textes à lire ci-dessous qui circulent sur les groupes Whatsapps. Merci aux auteurs.

Un ami historien, Michel Etievent, qui a travaillé sur le film La Sociale de Gilles Perret, partage la coïncidence de date suivante: “Rendez vous le 11 MAI…

Confinement levé le 11 mai, tu dis, Macron?,…Génial… je te rappelle juste un peu d’histoire…

11 mai 1936. Début de la flambée ouvrière du front populaire. Les premières grèves de l’année 1936 éclatent au Havre (chez E. Philippe) sous l’inspiration de la fédé des métaux CGT dirigée par Ambroise Croizat. Elles s’étendront rapidement à toute la France, jusqu’à la mi-juillet, rassemblant au total prés de trois millions de grévistes, 11 000 grèves dont 9000 avec occupations d’usines…suivront dans la foulée les grands conquis sociaux du siécle

11 mai 1968. Début de la grande flambée étudiante. Dans la nuit du 10 au 11 mai 1968, plus de 20 000 étudiants affrontent les forces de l’ordre au quartier latin et dans differents lieux de Paris : c’est la nuit des barricades….

Rendez Vous 11 mai 2020 !

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Sébastien Lespinasse a regardé Blanquer dans les yeux

Il y a quelque-chose de plus flippant que le coronavirus.

Je m’en suis rendu compte hier soir.

J’ai couché mon fils de 2 ans et j’ai machinalement regardé mes mails.

J’ai vu apparaître le message du ministre de l’éducation nationale.

Comme je ne voulais pas faire de bruit, j’ai regardé la vidéo du ministre sans mettre le son.

Je regardais les sous-titres.

Et soudain, j’ai vu les yeux.

Les yeux de blanquer.

Ses yeux qui suivaient le prompteur devant lui.

Un message important, difficile à transmettre.

Ordonner aux profs de retourner devant des élèves en pleine épidémie.

Sans aucune garantie.

Message très général, les grands principes, comme d’hab.

Mais surtout : ses yeux.

C’est une expérience à faire : regarder le ministre parler en coupant le son.

De toutes façons, le message, dans sa généralité vague, on le connaît déjà.

Regarder ces yeux là.

Aucune expression. 

Le vide.

Le vide total.

Pas la moindre émotion.

Aucune conviction.

Penser à une lecture de Bernard Heidsieck en comparaison.

Ici, le pur mot d’ordre asséné machinalement.

Tour de passe-passe grossier :

faire des « défavorisés »

le prétexte d’une reprise du travail 

avec l’école comme nounou pour les gosses des honnêtes travailleurs.

Le mot d’ordre.

Les mains, en mouvement, pour rythmer le discours.

Les cours de communication avec les conseillers sur-diplômés.

« Parler la langue des gestes pour se rapprocher du peuple. »

(L’imaginaire du zoo : parler aux singes.)

Mais ces yeux-là.

Trous de vide dans l’épaisseur d’une crise mondiale.

L’absence totale de personnalité à l’intérieur.

Une performance radicale d’anti-lyrisme.

Ce n’est même pas que le ministre s’ennuie. Que ça l’ennuie de dire ce discours auquel, manifestement, il ne croit pas.

Non, ça va plus loin.

Il n’est pas là.

Il n’y a personne.

Le vide.

Expérience zen. Satori.

Le pouvoir est vide. 

Les dirigeants sont complètement paumés.

Avec leurs bataillons d’experts.

Ils sont dans l’arbitraire total de la décision.

Ça ne les intéresse même plus de diriger.

Il n’y a personne.

Nous, nous inventons chaque jour. Et nos yeux conjurent le vide.

Let the power fall.