Contre la précarité étudiante

Le temps n’est pas à la tristesse mais à la colère. La détresse n’est pas un dégât collatéral au néolibéralisme mais en contient les germes en son sein-même. Ce système n’est pas à corriger mais à détruire.

Nous faisons face au deuxième acte tragique dans le secteur de l’éducation en moins de deux mois. Après Christine Renon, directrice d’une école à Pantin qui se donna la mort en laissant derrière elle une lettre dénonçant la surcharge et l’épuisement au travail, nous assistons abasourdis à la tentative de suicide par immolation d’un étudiant à Lyon. Il dénonce lui aussi un système visant la rentabilité à outrance. Citant explicitement les responsables, il accuse « Macron, Hollande, Sarkozy et l’UE » de l’avoir tué. Il incrimine aussi la montée du fascisme « qui ne fait que nous diviser ». Nous ne pouvons que nous montrer solidaires de ces propos qui résonnent sans pareil quant à la situation sur nos campus. La manière dont il a essayé de se donner la mort étant profondément politique, nous nous devons de le prendre ainsi et de réagir en conséquence.

C’est donc, révolté.e.s, que nous dénonçons nous aussi les conditions relevant de la survie en milieu étudiant. Une majorité des étudiant.e.s est aujourd’hui dans une situation de grande précarité tant pour l’accès au logement qu’à la nourriture. Nous nous souvenons de l’atrocité du décès de El Anfani Abdallah, retrouvé en 2015 mort de faim dans sa chambre du Crous. Comme nous l’avons déjà exprimé dans un précédent article au sujet de Christine Renon, les logiques derrière ces drames ne sont pas des dysfonctionnements particuliers, mais des fonctionnements systémiques.

Le capitalisme néolibéral est un système qui par définition génère détresse, pauvreté et misère. Ces actes tragiques ne sont pas des accidents mais des crimes. Nous appelons à l’action directe, aux rassemblements, et aux blocages dans tous les établissements scolaires et universités pour ne pas laisser ces événements tomber dans l’indifférence et pour que nous prenions conscience que collectivement nous pouvons défaire ce système qui tue. Pour reprendre les mots de camarades de Lille, « il n’y aura donc pas de retour à la normale. Il n’y aura pas d’appel au calme. La situation est devenue trop grave ». La précarité tue. La justice sera faite de nos mains ou ne sera pas. Ni oubli, ni pardon.

CNT Supérieur-Recherche Région Parisienne