Journée internationale des MigrantEs à Paris : La plus grosse manifestation depuis au moins 10 ans !

Le 18 décembre avait lieu une manifestation pour la journée internationale des migrants. Avec des mots d’ordres clairs comme la fermeture des centres de rétention et la liberté de circulation elle a regroupé plus de 10 000 personnes. Un succès.

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Sur Paris c’est effectivement la plus grosse manifestation de sans-papiers et en solidarité avec les migrantEs depuis au moins 10 ans. Au même moment des manifestations ont lieu dans près de 60 villes sur tout le territoire. Ces manifestations ont été précédées samedi par deux marches vers les frontières à Menton (frontière avec l’Italie) et au Perthus (frontière avec la Catalogne).

À Paris nous sommes 10 000 dont des milliers de sans-papiers organisés dans des collectifs, des syndicats ou hors collectifs (cf la photo jointe, prise boulevard St Martin en milieu de cortège) . Et l’ambiance est de feu.

Quand la tête du cortège arrive à Strasbourg St Denis, au fond, le ballon de la FSU s’engage sur le boulevard St Martin à la sortie de la place de la République.

La banderole de tête illustre ce qui a permis cette réussite avec des sans-papiers de tous les collectifs et aussi des syndicats, de la CGT, de la CNT, de Solidaires, de la FSU, avec Ramata Dieng du collectif Vies Volées pour la Marche des Solidarités, Assa Traoré du comité Adama, Omar Slaouti du collectif Rosa Parks et des représentants des associations de l’immigration et des quartiers.

Et à Gare de l’est cette banderole s’embrase aux cris de «Liberté» à la lumière rouge des fumigènes.

A l’arrivée à Gare du Nord, Anzoumane Sissoko (CSP75) conclut la manifestation au nom de tous les collectifs de sans-papiers et de tous les signataires : «c’est l’unité qui a permis ce succès et il faut continuer». Et il appelle à une réunion le 9 janvier à la Bourse du travail pour, sur la base de ce 18 décembre, le lancement d’une campagne d’actions et de manifestations pour la régularisation de tous les sans-papiers et la liberté de circulation.

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A Lyon, la manif a bloqué la circulation ; le pont de la Guillotière a été  fermé.  A Montpellier, une impressionnante banderole de 100 mètres a été déroulée par les militant.e.s. Elle récapitule l’ensemble des naufrages et leurs victimes disparues en mer “en essayant de rentrer dans la forteresse Europe” entre 1992 et 2012 : 17306 victimes.

A Nantes, depuis le 5 décembre une trentaine d’associations  appelle à un rassemblement chaque premier mercredi du mois, de 17 h à 19 h, devant la préfecture, pour informer, dénoncer l’absence de réponse suffisante de l’État et faire une collecte solidaire.

Mardi toutes et tous ont marché …

contre la montée des nationalismes, des racismes et des fascismes qui s’étendent sur l’Europe et le monde.

Nous avons marché aux flambeaux en mémoire des dizaines de milliers de femmes, hommes et enfants mortEs sur les routes de la migration victimes des frontières et des politiques anti-migratoires des gouvernements des pays les plus riches de la planète et de leurs complices.

Nous avons marché pour en finir avec ces mortEs, pour la liberté de circulation et la fermeture des centres de rétention.

Nous avons marché contre l’idée que l’immigration crée du dumping social, pour la régularisation des sans-papiers et pour l’égalité des droits…

Journée internationale des migrants…

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Des migrants occupent un bâtiment de Paris 8

Au peuple français, aux étudiant.e.s, à celles et ceux qui dorment dans
la rue, aux personnes solidaires, aux personnes torturées par le
règlement Dublin.

Nous sommes des exilé.e.s du monde entier, des dubliné.e.s, des
réfugié.e.s statutaires à la rue. Nous sommes débouté.e.s de l’asile,
nous venons de traverser la mer, nous sommes des mineurs sans papiers.
Nous occupons l’Université Paris 8 depuis le 30 janvier 2018. Pourquoi
avons-nous du faire cette action ? Ces derniers mois, la France a
déporté de nombreuses personnes. Nombre d’entre nous se sont suicidé. Il
y a trois mois, un ami sous le coup du règlement de Dublin, déprimé,
s’est allongé sur les rails d’un train qui l’a percuté. Il y a dix jours
à Calais, la police a frappé et gazé des éxilé.e.s dormant dans la rue.
Un jeune a eu la moitié du visage arrachée par un tir policier. Un ami
qui avait rendez-vous à la préfecture y a été arrêté et mis en centre de
rétention administrative (CRA), avant d’être déporté en Italie. La
police française a ses gyrophares, ses sirènes et ses gaz, mais ni foi
ni loi.

Ce que le système d’immigration français attend de nous, ce sont nos
empreintes, pas nous. L’arbitraire et l’aléatoire sont notre quotidien,
à l’OFPRA, à la CNDA, à la préfecture. À l’issue des démarches,
certain.e.s sont refusé.e.s, d’autres dubliné.e.s indéfiniment,
assigné.e.s à résidence, déporté.e.s, et ce sans aucune logique.

Nous revendiquons les choses suivantes :
–    Des papiers pour tou.te.s
–    Des logements décents et pérennes
–    Pouvoir apprendre le français et continuer nos études
–    La fin des refus au Dispositif d’évaluation des Mineurs Isolés
Étrangers(DEMIE)
–    L’arrêt immédiat des déportations vers tous les pays, en Europe
comme ailleurs.

Nous attendons de tou.te.s les exilé.e.s qu’ils et elles luttent partout
en France contre l’oppression et l’injustice et contre les pratiques de
la police dans la rue.
A la population française : vous qui avez fait cette révolution que l’on
étudie dans les livres d’histoires, reprenez-la ! Nous remercions la
population de son soutien, qui, contrairement à son gouvernement, nous
montre sa solidarité.
L’administration de la fac utilise la carotte et le bâton dans les
négociations. Les un.e.s disent qu’ils vont nous donner un autre endroit
dans la fac, les autres nous menacent à mots couverts de faire entrer la
police. Nous demandons aux étudiant.e.s et aux professeur.e.s de
l’Université Paris 8 de nous soutenir dans nos revendications. Nous les
remercions et leur demandons de rester totalement avec nous, jusqu’au
bout. Nous nous joignons à la lutte des étudiants sans-papiers de
l’Université.
À nos ami.e.s mort.e.s en traversant la mer,
À nos ami.e.s suicidé.e.s,
À nos ami.e.s mort.e.s à cause des frontières,
À nos ami.e.s mort.e.s dans le désert,
À nos amies violées en Libye,
Nous ne vous oublions pas.

Les migrant.e.s de Paris 8