La réforme des ZEP (Zone d’Education Prioritaire), lancée l’année scolaire dernière par le ministre de l’Education nationale, est donc maintenant bien en route. Nous pouvons déjà en constater certains effets sur le terrain et en tirer un premier bilan même si le pire reste certainement à venir. Le classement des établissements ZEP en trois nouvelles catégories (EP1, EP2, EP3), en même temps qu’il cache un démantèlement réel, a aussi l’avantage pour le ministère de diviser les réactions face à son projet et de limiter les réponses collectives. C’est bien le contraire que nous devons nous efforcer de mener.

EP1 ou Réseau Ambition au Rabais Derrière cette dénomination pompeuse et prétentieuse (quand on veut bien voir la réalité de l’école de classe), se trouve l’arbre qui cache la forêt du véritable démantèlement des ZEP. Ces établissements sur lesquels l’Etat prétend concentrer les moyens ne bénécient en fait que d’un redéploiement de moyens au dépend des établissements qui vont sortir du dispositif ZEP (les EP3) et de tous les établissements hors ZEP et en ZEP qui se voient supprimer une demi-heure de soutien en 4e et en 5e. Cela se traduit par le maintien des situations existantes pour certains,une légère augmentation des moyens pour d’autre voire une baisse pour ceux qui possédaient déjà de nombreux dispositifs pédagogiques. Sur le fond, la logique de l’Etat est toujours la même, faire des économies en déshabillant les uns pour habiller les autres.

L’arnaque des professeurs surnuméraires et des assistants pédagogiques Ces établissements EP1 et leurs “Réseaux Ambition Réussite” ont été mis sous les feux médiatiques à la rentrée 2006. Ils innovent en matière de professeurs surnuméraires (ces soi-disant superprofs référents aux heures d’enseignement réduites de moitié et à avantages en terme de carrière : ils passent hors classe au bout de 5 ans !) et d’assistants pédagogiques (nouvelle catégorie de personnel précaire). Outre le fait que certains professeurs surnuméraires n’ont toujours pas été nommés, que parfois se sont des TZR ou des contractuels qui l’ont été d’ofce à défaut de volontaires, ceux-ci ne répondent pas aux besoins des personnels et des équipes en place. Bien souvent ils ne connaissent pas la réalité du terrain où ils arrivent et sont mal perçus puisqu’ils bénécient d’une décharge d’heures devant élèves très importante et ne partagent pas ainsi la pénibilité du travail en ZEP. Bref, ils vont à l’encontre de l’esprit de travail collectif réalisé par les équipes de ZEP : elles avaient davantage besoin d’un partage de ces moyens sous forme d’heure de concertation que de l’arrivée de “ spécialistes “ pouvant être perçus comme donneurs de leçons. De leur côté, les assistants pédagogiques doivent assurer des tâches d’éducation, souvent précédemment assurées par des enseignants, mais payées au rabais et sans la formation et l’encadrement nécessaire. Comment palier le non-recrutement de personnel enseignant et titulaire par du personnel précaire... Le bilan est donc loin d’être “globalement positif” comme dirait l’autre.

EP2 et EP3, faire face aux mêmes situations avec moins

Les EP2 sont les établissements qui devraient rester dans le dispositif à moyens constants. Quant à ceux classés EP3, dont la liste n’a toujours pas été établie (peut-être pour ne pas troubler la grande foire électorale de 2007), ils devraient sortir du dispositif, perdre les moyens spéciques qui leur étaient attribués et devoir donc faire aussi bien avec les mêmes publics, les mêmes difcultés mais avec un budget réduit. Concrètement cela va se traduire par plus d’élèves par classe, par la n de certains dispositifs de remédiation et d’aide aux élèves les plus en difcultés ou encore la n du nancement de projets spéciques. La facture risque donc d’être salée pour les enseigant-e-s comme pour les élèves et leurs familles. Déjà certains collèges en zone d’éducation prioritaire se sentant concernés et visés par le classement EP3 se mobilisent et tentent de préparer la riposte.
C’est ce que nous devons faire collectivement pour endiguer ce démantèlement des ZEP. Certes le dispositif ZEP est loin d’être parfait, et n’effacera jamais le caractère de reproduction sociale de cette école, mais il est dans la situation actuelle un “moins pire” pour les personnels travaillant dans ces secteurs et offre quelques réponses en termes éducatifs pour les élèves.

Pour les élèves, pour les familles, pour les salariés, nous devons empêcher le démantèlement des ZEP ! N’attendons rien des illusions électorales des présidentielles de 2007 pour rétablir et améliorer la situation. Les économies réalisées par le gouvernement actuel seront toujours des économies gagnées pour les gouvernements à venir.

Il faut se mobiliser maintenant, tous les personnels concernés, pour améliorer la situation dans les établissements EP1 et EP2 et éviter la sortie du dispositif de ceux qui seront classés EP3. Dans ce dernier cas, il s’agit de tisser dès aujourd’hui des liens entre les personnels des écoles et des collèges des secteurs concernés an d’entamer la mobilisation.