La journée du 18 octobre a montré ses forces et ses faiblesses. D’une part une grande mobilisation tant dans la grève que pour les manifs. D’autre part, la frilosité des centrales syndicales qui se refusent à reconduire une grève qui avait bien démarré. Néanmoins, il y a actuellement, malgré l’anesthésie du sport et de la politique spectacle, comme un réveil…

L’actuel président ne veut pas la rupture avec l’héritage de 68 mais bel et bien avec les avancées sociales définies dans le programme du Comité national de la Résistance. Tous ces acquis sont actuellement remis en cause : les régimes spéciaux, c’est fini, nous sommes dans un monde où le travail est devenu un bonheur quotidien ; le contrat de travail n’est qu’un frein à la liberté d’embaucher librement, et de licencier encore plus librement ; la Sécurité sociale, un poids mort qui grève le budget de l’État au nom d’une solidarité périmée, vieux principe de l’État providence et de la mentalité d’assistés des habitants de ce pays… Chaque nouvelle attaque va dans le même sens. Coup après coup, les différents acquis sont démantelés.

Les arguments invoqués ne sont que des alibis commodes pour faire main basse sur les quelques sous des travailleurs et des sans-revenu. Car le trou de la Sécu n’existe que parce que ceux qui doivent payer sont exonérés, sans que cela serve à quoi que ce soit. Au bout du énième plan de lutte contre le chômage, les chiffres contredisent tout autant les désirs des gouvernants. Le problème des retraites n’est un problème que parce que la majorité des ressources, les dividendes, stock-options et autres cadeaux n’est pas sujette à retenues sociales, à l’opposé de nos plus ou moins maigres revenus.

Et les franchises médicales, tout comme le déremboursement de nombreux médicaments, loin de rendre « responsables » les assurés sociaux, mais ce sont surtout les médecins qui sont « irresponsables » avec leurs honoraires en continuelle augmentation, ne feront que rendre encore plus injuste cette société en ex-cluant de fait bon nombre de personnes de toute possibilité de soins. Ne parlons même pas du service public, amputé par les non-remplacements de postes, l’école qui doit s’adapter aux fermetures de classes et à la gestion de la pénurie.

Et, pour assumer pleinement ce retour en arrière, le gardien vigilant de l’identité nationale impose aux demandeurs de regroupement familial le fichage ADN. Et même s’il va ressortir passablement édulcoré de ses navettes parlementaires, et quasiment inefficace, l’idée a fait son chemin de la banalisation de ce type de fichage. Enfin, les méthodes policières actuelles, le chantage sur ceux qui travaillent avec les sans-papiers, rappellent d’autres époques, beaucoup moins glorieuses, de notre passé. Un temps et un régime que le CNR avait cru révolus. La rupture avec le présent est un retour en arrière inquiétant, il est temps de rentrer en résistance, sur nos lieux de travail, dans nos quartiers. Parce qu’ils nous veulent résignés, engageons la guerre sociale.

Jean Giskan STE 75