Les grèves contre la réforme des régimes spéciaux se sont soldées par des échecs. Les confédérations syndicales étaient parties dans la bataille en traînant des pieds. Avaient-elles l’intention de combattre réellement ? En acceptant les négociations par branche, elles ont sectorisé une lutte qui aurait pu s’élargir aux autres catégories. Cette attitude prise comme une trahison a souvent été repoussée par la base qui a reconduit la grève. En ayant ras-le-bol des hiérarchies syndicales qui tentent de contrôler le mouvement au lieu de l’aider, de plus en plus de camarades, comme à la RATP ou à l’Opéra de Paris, décident de rejoindre la CNT, un syndicat de combat où c’est la base qui décide !

3 petits coups et puis s’en vont ?

L’Opéra se la joue en grève

Les travailleurs de l’Opéra de Paris étaient en mouvement contre la réforme de leur régime de retraite. Retour sur l’actualité avec Renaud de la section CNT de l’Opéra Garnier.

Comment s’est passée la lutte ? Elle a commencé le 18 octobre avec le mouvement national. On est reparti en grève du 26 au 31 octobre, et là on a fait sauter tous les spectacles. Ensuite il y a eu un nouveau préavis du 14 au 30 novembre, puis du 2 au 20 décembre. On a continué jusqu’au 4 décembre, jour où on a voté la reprise du travail. On a obtenu satisfaction sur un certain nombre de points, qui certes ne remettent pas en cause le fond de la réforme, mais ça on ne peut pas le faire tout seul, nous, l’Opéra. On fait une pause, ça permet aux gens de se reposer. C’est très tendu, la situation. Pétitions, rumeurs, fausses informations…

Fin de la grève ?

C’est stratégique, on suspend le préavis, ça devient dur pour les travailleurs au niveau du compte en banque, les jours de grève s’accumulent. SUD Spectacle va négocier au mieux pour les salariés, mais a priori on va repartir, ça va être des accords de merde.

Qui était en grève cette fois-ci ? Les derniers jours, c’était la technique, c’est-à-dire les électros et les machinos essentiellement, mais aussi le maquillage, la coiffure, l’habillement, la couture, la perruque, la menuiserie, la tapisserie, etc.

Ça suffit pour annuler un spectacle ?

Non, mais il y a eu des représentations sans costumes.

Ça devait être ridicule ?

Qu’ils assument !

Il y a aussi eu des représentations sans décor ? Oui, à l’italienne, c’est-à-dire sans effets de machinerie et quasiment aucun effet de lumière. À Bastille, ils ont fait mettre le plateau de Casse-Noisette. Ce soir-là, après le ballet, il y avait un opéra ; la direction savait que l’on faisait grève, ils ont donc annoncé que l’opéra se jouerait dans une partie du décor de Casse-Noisette. C’est très mal passé au niveau des danseurs.

Quelle va être la suite ? Ça va dépendre du national, des cheminots, etc. Mais le gouvernement se fout de la culture ; en 2008, quatre théâtres lyriques nationaux devraient perdre leurs subventions (Tours, Metz, Nancy, Avignon). C’est pas gagné !

Interview par Bastien Culture-Spectacle RP


ERRATUM : le taux de syndicalisation à l’Opéra Bastille est de 10 % ; les 70 % annoncés dans le CS précédent, ce sera quand la CNT y miaulera !