Conférence/débat le samedi 17 septembre à 16 h

avec diaporama, suivi du pot de l’amitié

Jean-Yves Quay (Architecte urbaniste, professeur à l’ENSAL)

au Cedrats, 27 Montée Saint-Sébastien à Lyon 1er

L’architecture est un ensemble de formes construites, conservées ou révélées par l’histoire, à partir de matériaux issus de notre environnement et transformés pour le rendre habitable. L’extraction, la transformation et la mise en œuvre de ces matériaux, participent ainsi à l’économie tout comme à l’évolution de notre milieu ; ils constituent notre « cadre de vie » et nourrissent de leur présence les sentiments qui lient les hommes à leur environnement.

Historiquement, le projet architectural s’impose dans l’acte de construire, lorsque la commande fut identifiée clairement (le palais, à la Renaissance) : un constructeur parmi toutes les corporations prend le pouvoir sur les différents corps de métier, à la fois pour rationaliser cette production et pour en faire la promotion. Cet homme c’est l’architecte qui pour coordonner (ordonner) les différents intervenants se fait maître de l’œuvre (arkhitektôn en grec, c’est-à-dire constructeur en chef, qui donnera architectus en latin).

La notoriété et la légitimité des architectes se sont fondées sur le projet d’architecture. L’élaboration et le perfectionnement des outils de conception feront l’objet d’une compétition sévère entre les acteurs de la construction, toujours placés dans des conflits d’autorité où se joue leur indépendance. C’est ainsi que la tradition du dessin d’architecture qui apparaît au cours du XIXe siècle comme étant très spécifique du travail de l’architecte s’est d’abord construit dans l’univers des métiers puis au cœur des professions qui établissent leur spécificité technique, que ce soient les géomètres, les ingénieurs, les décorateurs ou les architectes.

La mise en chantier de produits pour la plupart manufacturés, en créant les conditions de la réalisation du projet d’architecture, n’est rien d’autre qu’une construction ordonnée de l’espace, une forme d’expression de nos sociétés. Une lecture intéressée de l’histoire des formes et des idées nous préciserait certainement comment cette direction des travaux est passée des mains et du compas des charpentiers aux maîtres maçons, puis des maîtres maçons aux architectes, qui seront alors considérés comme des artistes ou des intellectuels plutôt que comme des entrepreneurs. Et ce qu’implique aujourd’hui la (dé)qualification des métiers dans la perception et la gestion de notre cadre de vie… Le travail patient, laborieux et hasardeux du projet (qu’il soit architectural ou social) exige un partage, une répartition des tâches, une coopération entre les hommes impliqués dans son élaboration.

Pour assumer ce qu’habiter veut dire…