Soutien au mouvement des gilets rouges

Librairies indépendantes regroupées pour constituer une chaîne, le réseau Chapitre a fini dans le mur, en liquidation judiciaire depuis le 2 décembre dernier, laissant sur le carreau les salarié.es. 34 des 57 librairies ont trouvé repreneurs, mais pour le demi-millier de salarié.es sacrifié.es sur ces stratégies capitalistes, c’est le chômage forcé. Un vrai gâchis. En attendant, devant ce mépris, ces salariées occupent leurs lieux de travail depuis le 10 février. Jour et nuit, courageusement, montrant que l’action directe est là pour établir un rapport de force et maintenir sa dignité face à l’actionnaire, le groupe Actissia. Ancienne filiale du géant allemand Bertelsmann, qui affichait 1,7 milliard d’euros de bénéfices en 2012, idem en 2013, rachetée depuis par le fond de pension américain Najafi Companies, Actissia gère aussi les boutiques France Loisirs et parle ainsi de ses salariés sur son site : « Nos collaborateurs et leur recherche permanente de l’excellence, dans l’ensemble de nos métiers, sont les atouts essentiels pour mener à bien cette mission ». Cette excellence se paye autour de 1 200 euros par mois. Et les licenciements sont accompagnés à minima.

En retenant le stock, elles et ils réclament simplement leur dû : des indemnités de départ décentes, des moyens de formation, de vrais effort de reclassement pour que toutes et tous retrouvent du travail, un revenu dont on les prive.

La fuite en avant vers le commerce le plus racoleur, la recherche effrénée de faire du chiffre en négligeant le fonds pour les nouveautés, la mise en tête de gondole de best-sellers a dénaturé le rôle de ces librairies de ville. Un phénomène qui se retrouve dans les médiathèques dont les salarié.es sont, sous couvert de polyvalence, réduit.es à des rôles d’accueil, de technicien.nes de classement, préposé.es à la logistique. Le livre, dans la vision ultralibérale est un simple produit, un flux, un stock, une immobilisation de capital.

Le démantèlement réalisé par Chapitre du réseau de librairies indépendantes laisse la place à la domination d’Amazon, dont les méthodes sociales néfastes sont désormais connues, mettant sous pression physique et psychologique les salarié.es réduit.es à des activités de logistique d’entrepôts.

L’exception culturelle de la culture à la française sacrifiée aux basses manœuvres et aux errances du capitalisme.

Soutenons l’occupation, l’action directe, et les luttes des victimes d’une politique désastreuse du livre.