Après le 20 novembre, les initiatives n’ont cessé de fleurir. À Paris, un millier de manifestants se sont rassemblés à l’occasion de l’ouverture du salon de l’Éducation, le 27 novembre. Mardi 25 et jeudi 27 novembre, des enseignants de nombreuses villes ont poursuivi la grève. À Marseille, Lyon ou Dijon, plusieurs manifestations ont réuni enseignants, parents d’élèves et lycéens. Dans certaines communes, comme Lyon ou Villeurbanne, la grève a été reconduite le mardi 9 décembre, voire tous les jeudis jusqu’à Noël ! À Montreuil, Créteil, Athis-Mons, des écoles ont été occupées par les parents. Entre le 2 et le 5 décembre, des dizaines de « Nuits des Écoles » ont rassemblé parents et enseignants dans toute la France. Exaspérés, des collègues ont appelé à la « désobéissance » et plusieurs établissements du secondaire ont été bloqués par les lycéens. De nouvelles grèves sont prévues, jeudi 18 décembre, à Nantes.

Les raisons de la colère sont les suppressions de postes et la modification des rythmes scolaires, dans le premier degré, qui s’accompagnent de mesures dont le vernis pédagogique ne fait plus illusion. Ce qui a mis le feu aux poudres est, sans conteste, la suppression des RASED, en regard de la mise en place des soixante heures de soutien aux élèves en difficultés (l’aide personnalisée) et le remplacement de l’accueil dès deux ans en maternelle par des Jardins d’éveil payants... Sans parler des EPEP !

Ce moins d’école se conjugue, partout, par un enseignement de moindre qualité et totalement rétrograde : nouveaux programmes du primaire, socle commun pour le collège (un subtil mélange de casse des statuts des enseignants et de retour à la pédagogie à l’ancienne), la réforme du lycée (avec l’annonce que de nombreuses matières deviendront optionnelles), la réduction de quatre à trois ans de la durée du cursus des bac pro... À quoi, il faudrait rajouter la démolition de la formation professionnelle des enseignants (suppression des IUFM), avec à la clé, un futur recrutement fait directement par les chefs d’établissement et le sabordage des IUT et de la Recherche.

Ces mesures s’apparentent à un véritable démantèlement du service public d’éducation. À court et moyen terme, il s’agit d’une privatisation pure et simple de l’Éducation nationale. Les autres services publics sont aussi passés par là. Dans le primaire, des centaines d’écoles ont dénoncé l’inefficacité de l’aide personnalisée. Il s’agit maintenant d’obtenir sa suppression pure et simple, ainsi que toutes les mesures destructrices engagées par Darcos. Dans le secondaire, la suppression de la carte scolaire, le socle sommun, les heures supplémentaires, la note de vie scolaire, la réforme annoncée et "repoussée d’un an" (1) du lycée, devraient mobiliser, à nouveau, les personnels. Déjà, la résistance s’organise dans les IUT, les IUFM, les lycées, au CNRS.

La diversité des initiatives pour défendre l’école, malgré la frilosité des centrales syndicales, est un espoir pour tous ceux qui luttent au quotidien pour une autre école, une école qui ne soit plus un lieu de tri social mais d’émancipation. Toutes les formes de mobilisations sont importantes et complémentaires. Mais nous ne pouvons plus nier l’urgence d’un appel à une grève nationale qui posera la question de la reconduction. Nous ne pouvons pas nous déclarer vaincu, sans nous être battu. Cette lutte est la nôtre, à nous de la porter, comme cela a été fait le 20 novembre, dans les espaces de décisions collectives que sont les assemblées générales.

Fédération CNT Éducation


(1) annonce faite par Darcos lundi 15 décembre...