Nous protestons aujourd’hui comme toujours contre le racisme et la répression d’État qui transpire jour après jour en paroles et en actes de la part du gouvernement. Notre préoccupation n’est pas qu’une République soit bafouée ou une Constitution violée. Nous laissons ça aux amoureux des lois et de l’État.

Le 4 septembre correspond au 140e anniversaire de la fondation de la Troisième République. Nous ne célébrons pas cet événement car la IIIe République, c’est le théâtre de trahisons et massacres sanglants du peuple : des dizaines de milliers de fusillé-e-s et déporté- e-s de la Commune de Paris, la boucherie sans nom des prolétaires que fût la Guerre de 14-18, les premiers grands fichages et internements de populations et remise des pleins pouvoirs à Pétain en 1940.

Parce que notre confédération fut aussi une organisation de révolutionnaires espagnols fuyant le franquisme, nous n’oublions pas non plus à quel point la IIIe République a été conciliante et passive face au développement du fascisme au sud et à l’est de l’Europe… et comment elle interna dans des camps les réfugiés d’Espagne. Les IVe et Ve Républiques, sous lesquelles eurent lieu les guerres de décolonisations et leur lot d’horreurs, la « Françafrique » et les amitiés avec dictateurs et génocidaires des quatre coins du monde ne sont pas à défendre non plus !

Notre préoccupation est l’instauration inquiétante d’un climat toujours plus haineux envers les immigrés, les Roms, la jeunesse des quartiers populaires, les pauvres, les « Autres ». Notre préoccupation, c’est la montée en puissance d’idées nauséabondes : nationalismes, racismes, suspicions, discriminations, phobies de tous genres et stéréotypes infâmes. Tensions exacerbées, qui font le nid des fascistes de tout poil !

À l’image de la déclaration sans ambiguïté du ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, le 30 août dernier : « En dix-huit mois, à Paris, la délinquance commise par des individus de nationalité roumaine a, en effet, augmenté de + 259 %. “Il ne s’agit, en aucun cas, de stigmatiser telle ou telle population – bien d’autres étrangers sont auteurs de crimes et délits, mais il ne s’agit pas non plus de fermer les yeux sur une réalité” » (source : http://www.interieur.gouv.fr/sections/a ... campements illicites). No comment, tout est dit sur la pensée de nos gouvernants.

Notre préoccupation, c’est le recul de nos libertés et le renforcement d’un contrôle policier de la société : nouvelles caméras de surveillances, bracelets électroniques après une peine de prison, peines spécifiques pour les Français d’origine étrangère ou en cas de violence envers les forces de répressions.

Notre préoccupation, c’est cette attitude et ce langage décomplexé qui se distillent comme un poison et cherchent à diviser les classes populaires et les travailleurs- euses entre eux : Français contre immigrés, résidents contre nomades, Nord contre Sud. Notre préoccupation c’est le traitement xénophobe des migrants, à travers l’Europe forteresse, les centres de rétention et les expulsions.

Les capitalistes ont toujours su désigner des ennemis, des coupables pour opposer et dévier les travailleurs-euses de leurs luttes. Parce que nous sommes syndicalistes, nous savons aussi que les mesures sécuritaires visent en définitive les travailleurs : répression des grèves, des mouvements sociaux, des soutiens aux sans-papiers, fichage des militants. Quand l’État parle de sécurité, c’est toujours de celle des riches, des patrons !

Au-delà même des droits de l’homme, les agissements policiers d’hier et d’aujourd’hui contre les gens du voyage, les immigrés et la jeunesse révoltée appelle à une réaction collective.

NE NOUS TROMPONS PAS D’ENNEMI : UNIFIONS LES LUTTES…

Le pouvoir – via son ministre de l’Économie – pris en flagrant délit de copinage et de favoritisme avec une des premières fortunes de France tente d’allumer des contre-feux pour faire oublier cette encombrante affaire.

Il ne s’agit pas que les licenciés, les chômeurs, les précaires et toutes celles et ceux, qui n’ont que leur force de travail pour vivre ou survivre, décident d’en terminer avec cette petite caste de privilégiés à la tête de l’État et du patronat. Surtout pas ! Pour sa tranquillité, le pouvoir inquiet nous ressort donc les vieilles ficelles populiste et nationaliste en nous désignant des coupables faciles : les habitants des banlieues, les Roms et les gens du voyage ! Rien que çà.

Ainsi, les problèmes de criminalité et d’insécurité ne seraient pas la conséquence d’un système basé sur les intérêts d’une petite minorité de privilégiés mais seraient le fait de quelques-uns d’entre nous aux coutumes barbares ? C’est connu, quand les choses vont mal, il faut offrir des boucs émissaires à la population pour ne pas qu’elle se solidarise et se retourne contre les seuls vrais coupables, celles et ceux qui profitent du problème : le capitalisme.

Ne soyons pas dupes de ce piège grossier ! Les possédants essayent de nous diviser en espérant retourner notre ras le- bol contre notre voisin alors que ce sont les financiers et leurs domestiques du gouvernement qu’il faut virer.

Utilisons notre force collective et évitons sa dispersion : le mardi 7 septembre 2010 sont prévues une grève et une manifestation pour s’opposer à l’escroquerie de l’État sur les caisses retraites.

Évidemment une journée de grève ne suffira pas ! Mais la grève générale n’arrivera pas seule. C’est à chacun-e d’entre nous de nous organiser dans nos quartiers et nos entreprises pour arriver à une grève interprofessionnelle illimitée, seule capable de faire reculer nos exploiteurs et d’ouvrir un autre futur.

ORGANISEZ-VOUS, SYNDIQUEZ-VOUS À LA CNT POUR AGIR CONCRÈTEMENT !

QU’ON SE LE DISE :

• Tout État-nation est xénophobe par définition ! • Les travailleurs-euses n’ont pas de patrie, solidarité internationale ! Français, immigrés, même patron même combat ! • Liberté de circulation et d’installation ! Régularisation de tous les sans-papiers ! • Le chômage et la précarité, les salaires de misère et les retraites en cours de destruction : voilà les préoccupations de tous-tes !

CONTRE LE RACISME ET TOUTES LES DISCRIMINATIONS, ANTIFASCISTE, SOLIDAIRE ET INTERNATIONALISTE : LA CNT, UN SYNDICAT DE COMBAT !