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Édito :

Pour une réindustrialisation humaine, écologique et démocratique.

Depuis 1980, l’industrie en France a perdu 2 millions de postes dont 750 000 ces 10 dernières années  ! Cela fait trop longtemps que nos élites économiques et politiques œuvrent pour une économie de moins en moins industrielle et de plus en plus immatérielle (le service). L’idée selon laquelle la France ne pourrait vivre que de tourisme, de services et d’une industrie de haute technologie est un danger économique et écologique.
Danger économique car ces secteurs n’ont pas de débouchés suffisants en eux-mêmes pour faire vivre la population entière. Par exemple, les services sont destinés pour une grande part à d’autres entreprises, bref on retrouve toujours à la base de l’économie la production matérielle (dont l’alimentation) dont nous avons par ailleurs besoin pour vivre (s’habiller, se loger, manger, se déplacer...). Une société de service a besoin de cette production pour faire son travail : locaux, bureaux, téléphone, moyens de déplacement.... Derrière l’économie numérique se cache le support : ordinateurs particuliers, serveurs, câbles, composants électroniques... Alors pourquoi sacrifier l’industrie sur l’autel de la rentabilité ? Pourquoi accepter cette vision court-termiste des rapaces de la finance qui ne voient que le fric que cela leur rapporte et qui se foutent de tuer des régions entières et les gens avec ? Danger écologique car en acceptant l’idée d’un pays sans industrie on fait en même temps le choix d’un développement des transports de marchandises. Mais aussi parce qu’en délocalisant la production dans des pays à « bas coûts » (ce qui signifie : conditions de vie et de travail catastrophiques pour les travailleurs), nous ne contrôlons plus la qualité de la production y compris alimentaire. Il est plus compliqué dans ces conditions d’opérer une révolution écologique. La haute technologie française a donné le nucléaire. Est-il besoin d’expliquer en quoi le nucléaire est un danger écologique  ?
Face a cette volonté de désindustrialisation fortement concrétisée (l’industrie ne représente plus que 16 % du PIB aujourd’hui contre 22 % en 1998), il faut se battre pour une réindustrialisation. Il nous faut profiter de ce grand chantier pour faire avancer d’autres idées : économie locale, écologique, sociale et solidaire, démocratique... Cette désindustrialisation et ses licenciements sont la conséquence de la financiarisation de l’économie. La finance s’est détachée de l’économie réelle et a pris le pouvoir sur le monde. Ne règne plus que le besoin d’augmenter son profit sans se soucier d’humanité et d’écologie : c’est suicidaire  ! En tant que syndicalistes, nous devons nous battre aujourd’hui pour redévelopper une industrie et en profiter pour la rendre plus humaine, plus respectueuse de l’environnement, plus démocratique. C’est l’occasion de reprendre la main sur l’appareil productif. Les coopératives de production peuvent être un moyen efficace d’y parvenir. Nous devons nous battre pour orienter autrement nos richesses. Au lieu que celles-ci soient accaparées par la finance pour faire exploser les comptes en banque de quelques individus tout en plongeant des pays entiers dans la crise et la paupérisation, nous devons imposer que nos finances servent à développer l’appareil productif et la recherche-développement. Cela doit passer dans un premier temps par une réappropriation de nos richesses et donc de notre mode de financement, bref une banque publique au service de la production et des producteurs, c’est à dire nous les travailleurs.