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75 ans, la Retirada... Paulilles se souvient

lundi 30 juin 2014, par Emile

Manifestation en souvenir de la Retirada organisée par la librairie Torcatis et le restaurant Le Sole Mio sur la plage Bernadi, à Paulilles (66660 Port-Vendres) le samedi 5 juillet 2014 à partir de 10h30, et jusque tard dans la nuit.

Ecrivains engagés, vignerons engagés, producteurs d’huile d’olive engagés, DJ engagés, cinéastes engagés et témoins évoqueront et débattront à leur manière et à la lumière d’aujourd’hui de cet immense exode désespéré de milliers de Républicains espagnols qui a façonné durablement la région et bien au delà.

Fin janvier et début février 1939, des milliers et des milliers d’Espagnols - femmes, enfants, vieillards, invalides, soldats de l’armée républicaine - fuyant l’avancée victorieuse des armées franquistes et les bombardements marchent dans le froid vers le nord, vers la frontière française en d’interminables cortèges.

Ils seront un demi-million, entre le 26 janvier, jour de la chute de Barcelone et le 9 février date de la fermeture de la frontière par les franquistes, à échouer sur les plages du Roussillon.

Ils affluent dans un pays où la vie politique a amorcé un virage xénophobe et qui depuis avril 1938, s’est doté d’un arsenal législatif destiné à surveiller et réprimer les étrangers. Alors qu’une partie de l’opinion publique demande qu’on accueille dignement ces "combattants de la liberté", les courant pré-vichyssois réclament des mesures de contrôles face à ce flot de "rouges" et de "tueurs de curés" et manifestent leur haine et leur racisme à travers la presse. La méfiance et la réserve, rapidement supplantées par l’indifférence, dominent, mais n’arrivent pas à éliminer actes de dévouement et de solidarité de nombreux citoyens.

A la demande d’asile et d’assistance, le gouvernement Daladier répond par l’internement administratif appliquant un dispositif législatif xénophobe qu’il vient d’instaurer. Les Républicains espagnols sont ainsi les premiers étrangers auxquels est appliqué sur une grande échelle le décret du 12 novembre 1938 prévoyant l’internement des étrangers dits "indésirables".

Des camps s’ouvrent sur les plages du Roussillon, à Argelès-sur-mer et à Saint Cyprien où aucune installation n’existe, dans des conditions abominables avec un taux de mortalité extrêmement élevé. Le premier camp ouvert est celui d’Argelès qui rassemble jusqu’au 10 février 1939 plus de 180 000 personnes sur une frange de sable, sous des tentes à même le sol. La faim, le froid, la promiscuité, les maladies y règnent.

D’autres camps sont mis en place au Barcarès, au Vernet, à Agde, à Bram, à Septfonds, à Gurs, Rivesaltes etc... Certains camps fonctionneront toute la guerre avec d’autres "étrangers indésirables", juifs, tziganes, apatrides, communistes, socialistes viendront rejoindre ou remplacer les Espagnols.

Les Républicains sont traités comme des prisonniers politiques voire de droit commun. Certains optent désespérés pour le retour en Espagne, d’autres sont contraints par la force au retour par les autorités militaires des camps ou des autorités locales, d’autres immigrent, au Mexique, au Chili ou au Vénézuela. .

Ils n’ont pas le statut de réfugié politique et l’éclatement de la guerre accentue leur précarité. Ils ne pourront s’engager dans l’armée régulière, sinon dans les Régiments de marche de volontaires étrangers, la Légion étrangère ou dans les compagnies de travailleurs étrangers, créées au printemps 1939 pour des travaux de défense des frontières, de camps militaires. Ils paieront un lourd tribut lors de l’offensive allemande de mai-juin 1940 et des milliers d’entre eux seront déportés dans les camps d’extermination d’Allemagne ou de Pologne dès 1940.

Leur engagement contre les nazis fut considérable notamment au sein de la résistance.

Programme

La manifestation s’ouvrira à 11h00 sur un concert "Musique et République" par le DJ Raph Dumas

Tout au long de cette journée du 5 juillet, 14 auteurs engagés dédicaceront leurs ouvrages et débattront avec le public :

Marie-Claire BACO ("El Bisbat" ou Le diable à l’évêché, Chemins de traverse- contes fantastiques du pays catalan ....)

Michèle BAYAR (Tekouk, contes après l’enfance, La Grotte Oursu...)

Georges BARTOLI (La Retirada)

Suzette BLOCH (La bataille du Sénat)

François DARNAUDET (Au Chateau d’Alcool, Zeppelin en danger !...)

Jean DAURIACH (Matériel et camps automobiles des Républicains espagnols dans les Pyrénées-Orientales)

Gilles DEL PAPPAS (Le Baiser du congre, Attila ou la magie blanche....)

Daniel HERNANDEZ (Les requins de la recherche, Prince noir....)

Philippe GEORGET (Le paradoxe du cerf-volant, Tendre comme les pierres....)

Gildas GIRODEAU (Rouge tragique à Collioure, La paix plus que la vérité....)

Gil GRAFF (Catalan psycho, La stratégie du cochon....)

Ellen TURNER HALL (Les Nouvelles Impressionnistes de la Côte Vermeille)

Gregory TUBAN (La Retirada)

Nicole YRLE (Les dames de Paulilles, Couleur corail...)

Toute la journée, également, l’artiste Odette Boutet nous fera l’émotion d’une exposition éphémère d’une série de toiles intitulées Retirada. L’artiste y a reproduit les visions et émotions ressenties lors du passage des réfugiés, et leur enfermement dans le camp d’Argelés, qu’elle a vu avec ses yeux d’enfant.

Lors de cette manifestation, à 17h00, nous aurons le privilège de recevoir, Genia Klukowski. Elle évoquera à l’aventure de la maternité d’Elne installée par une institutrice suisse Elisabeth Eidenbez, qui accueillera des femmes victimes de la guerre, des exilées espagnoles, des juives persécutées, des apatrides internés dans les camps de novembre-décembre 1939 jusqu’à Pâque 1944. Près de 600 enfants, dont Génia, naîtront dans cette maternité.

A 19h00, l’heure de l’apéritif, la viticultrice et comédienne Fred Vaquer offrira une dégustation de textes engagés, associés à ses vins de caractère.

En soirée, après les visions fantomatiques de Victor Simal, clichés sur l’univers des camps, deux documentaires remarquables seront présentés à partir de 21h30 :

Le premier, intitulé "l’exode d’un peuple" fut tourné par Louis Llech et Louis Isambert l’hiver 1939 sur l’exode des Républicains espagnols. Un document exceptionnel du passage de l’armée des vaincus, depuis le col du Perthus jusqu’aux camps.

Il sera suivi du film d’Alberto Marquardt "la Nueve ou les oubliés de la victoire" qui retrace l’épopée des Républicains espagnols de la 9ème compagnie de la 2ème DB de l’armée de Leclerc qui furent les premiers soldats de la France Libre à entrer dans Paris occupé le 24 août 1944. On peut y voir le général de Gaulle et les membres du Conseil national de la résistance descendre les Champs Elysées le 26 août 1944 entourés de halftracks portant les noms de grandes batailles de la guerre civile d’Espagne : Ebro, Teruel, Guadalajara, Guernica. L’historiographie officielle française dissimulera pendant longtemps le rôle des Espagnols dans la libération de Paris.

Contacts : www.librairietorcatis.com 04 68 34 20 51 et restaurant Le Sole Mio 04 68 82 35 62