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Front des Antilles

Martinique,vendredi 6 mars,-30e jour de grève générale !

L’affrontement !!

samedi 7 mars 2009, par cnt66

Dans la journée de ce vendredi, on a appris la venue d’un étrange cortège venant de la côte atlantique, composé de tracteurs, de camions et d’autres véhicules. C’était les planteurs de bananes qui protestaient contre le blocage du port par les grévistes, amenant la perte de leur récolte. S’y était joints d’autres petits et grand patrons qui entendaient, en fait, proclamer leur hostilité à la grève et leur volonté de faire respecter « la liberté du travail ». Très vite on s’est aperçu que ce défilé « molocoye » était conduit par des békés, dont De Raynal - président du syndicat des planteurs de bananes - et des membres de sa famille. La rumeur se répand alors comme une traînée de poudre et les tee-shits rouges surgissent de toute part pour arrêter le cortège qui prétend défiler dans Fort de France devant la Maison des Syndicats. Grossière provocation ! Bientôt le « caillassage » des tracteurs commence sur la rocade. Les gardes mobiles, qui déjà, à hauteur de Dillon, ont tiré des gaz lacrymogènes, visant, à tir tendu les fenêtres des logements HLM, tentent encore une fois de repousser les assaillants qui s’en prennent aux véhicules des patrons. Un tracteur, venant par la route des Religieuses, arrive cependant à l’angle de l’avenue du Général De Gaulle. Il doit stopper et manque de peu la crémation et se retrouve, pneus crevés,dans un triste état. Les jets de pierre et de bouteille atteignent les forces de l’ordre non loin de la Préfecture. Elles ripostent par un tir intense de gaz lacrymogènes. L’atmosphère devient irrespirable et l’odeur des gaz, le bruit des tirs, atteignent la salle des négociations où se tiennent les membres de la partie patronale et ceux du Collectif. Ceux-ci devant les tensions, les tirs des forces de l’ordre, décident de se retirer. Serge Letchimy, le député-maire de Fort de France, a quitté précipitamment la salle et se rend à pied jusqu’à la rocade où ont lieu des affrontements. Tentant de s’interposer il est lui-même repoussé par les forces de l’ordre sans ménagement.

Finalement les békés et leurs partisans font demi-tour, pare-brise éclatés, prenant à témoin le public, à travers leur média-croupion ATV, de cette « atteinte intolérable du Collectif à la démocratie » .

La foule reste massée boulevard du Général De Gaulle regrettant presque le retrait des patrons. C’est un coup de fouet qui remobilise de plus belle. Pour le lendemain samedi l’UMP appelé à une manifestation (« en bleu ») contre la grève. Déjà nombre de manifestants se déchaînent et leur prédisent un accueil de circonstances. Chantal MAIGNAN, la responsable de l’UMP, instigatrice de cette manifestation est accusée de fomenter un affrontement physique.

Limites du mouvement.

Au point où l’on en est, dans cette situation de pénurie, on aurait souhaité que les syndicats s’emparent au moins de la nourriture des supermarchés ou des entrepôts du port, avant que pour certains produits elle ne soit périmée. Ils n’ont pas osé le faire.

De même les salariés de la société Batir, tenu par le béké Huygues, ont demandé l’arrêt de la grève devant le dépôt de bilan et le lock-out du patron. Aucun n’a suggéré une expropriation et une reprise en main des stocks par les salariés eux-mêmes . On ne sent guère cette volonté de réquisition mais plutôt une attitude de quémandeur face aux riches, sans qu’on ose demander que TOUT soit restitué et géré par les travailleurs eux-mêmes.
Nemo 36-37