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Sur le front des Antilles..

Martinique, 26e jour de grève générale !

mardi 3 mars 2009, par cnt66

Le point sur l’état des négociations à la Maison des Syndicats

On est surpris de se retrouver si nombreux. Beaucoup d’entre nous pensait que le mouvement s’essoufflait et que nos rangs s’éclairciraient. Il n’en est rien ! Bientot le boulevard du Général De Gaulle est trop petit pour nous contenir. Les slogans se radicalisent encore (« levé li tambou pou la libération levé li tambou pou la révolution, levé ! levé »…) et on entend le son morne des lambis, à la fois avertissement et appel au combat. J’ai la chance d’être arrivé assez tôt pour être à l’entrée de la Maison des Syndicats où va être donné le compte rendu de la journée de négociation de la veille. Elle s’est terminée comme d’habitude vers 3 heures du matin.

D’emblée les médias, venus de métropole pour la plupart, vont être stigmatisés pour leurs manipulations et leur silence calculé - on y reviendra - mais il leur est permis de filmer et d‘interviewer. Ils ne s‘y risquent guère, rebutés par le créole. Michel MONROSE appelle à ne pas les agresser physiquement « comme c’est arrivé précédemment ». Tiens, tiens, quelque un n’a pas été aussi raisonnable que moi.

Je ne serais pas exhaustif ici, me contentant, d’exposer les éléments principaux que j’ai retenus.

Les minimas sociaux

Le porte parole de la commission explique que les revendications qui portaient sur certaines augmentations ont été reprises par les élus car des textes de lois sont nécessaires. Il rappelle que beaucoup de personnes âgées, n’ayant pu travailler que de façon saisonnière ( dans la banane par exemple) se retrouvent avec des retraites situées entre 190 et 300 euros. Il est donc demandé un alignement sur le minimum vieillesse de métropole (environ 600 euros).

Quant à l’allocation d’autonomie pour les jeunes, l’orateur rappelle qu’il ne s’agit pas, comme l’ont répété certains médias, d’un soupoudrage de RMI. Elle ne sera octroyée au jeune de 18 à 25 ans que s’il s’inscrit dans une dynamique de formation et de recherche d’emploi.

Cette question des minimas sociaux ne sera abordée que dans quelques jours, après la signature de l’accord sur l’augmentation des salaires.

Action culturelle et éducation

Il est demandé à l’Education Nationale de prévoir une programmation de créole à l’école primaire, comme cela se passe en métropole pour certaines langues régionales, comme le Breton, le Catalan, le Basque ou l’Alsacien (à noter que l‘enseignement et l‘usage du créole est, de fait, proscrite à l‘école). Un Office de la Culture Créole doit être créé.

Sur les services bancaires et les assurances

On demande un moratoire et même un effacement des dettes pour les petites entreprises. La suppression des agiots dus aux dysfonctionnements occasionnés par la grève.

L’augmentation salariale de 200 euros

Après avoir successivement revu ses exigences le Collectif et la partie patronale semblaient proches de l’accord. Au dernier moment celle-ci a sorti de ses dossiers une dernière carte : l’augmentation des salaires ne concernerait pas huit secteurs professionnels (gardiennage,…) soit 17 000 salariés exclus de l’accord.

Finalement le Collectif effectue un revirement : il accepterait de signer un accord même insatisfaisant, s’il obtient sur ce point l’aval des manifestants réunis ce jour. Les réactions sont mitigées.

Cependant Michel MONROSE précise qu’une nouvelle rencontre aurait lieu en septembre avec les représentants patronaux et que la revendication d’une augmentation des bas salaires de 250 euros n’est pas abandonnée. Il manque donc 50 euros.

Comment déterminer « une petite entreprise » ?

Les négociations n’étant pas terminées - après la question salariale on doit aborder celle des minimas sociaux - la grève continue.

Un des acquis : l’allocation logement
Elle sera alignée (enfin !) à celle de la métropole.

Barrages et piquets de grève.

Dans chaque commune les syndicats, au nom du collectif, organisent des barrages et des piquets de grève. Les barrages empêchent l’accès aux zones commerçantes. Les piquets de grève les tiennent, constitués généralement d’ habitants de la commune car de toutes façons on n’a pas de carburant pour circuler. C’est dur car comme beaucoup d’autres j’ai absolument besoin d’aliments pour mes animaux (chat, chien et poules).

Carburants et services : la reprise ?

Les ouvriers pétroliers devraient, de fait, cesser la grève mardi et livrer le carburant normalement demain . Le rectorat a appelé les enseignants à rejoindre leurs établissements. Mais ceux-ci, après plus de trois semaines d’inactivité, doivent être nettoyés, aptes à recevoir les élèves. Or le personnel d’entretien est toujours en grève. Non seulement il ne retourne pas travailler mais il bloque lesdits établissements par des piquets de grève et des chaînes à cadenas. Le directeur d’une école, mon voisin, est retourné dans son école et l’a semble t-il, rouverte, sans même l’accord du rectorat. Je ne sais pas ce qu’il est devenu.

La manifestation de Fort de France du lundi 2 mars

Nous sommes très nombreux. Les slogans et les chants rodés, bien rythmés. Tambours et lambis. Chants anciens des esclaves ou des opprimés de toujours en révolte. Gravité et émotion. Les poings se tendent.

On sent que cette grève et sa fin seront difficile. Si l’insatisfaction est trop grande les gestes de révolte ne permettront pas de toutes façons la reprise normale de l’activité tel que l’espère les patrons.
Nemo 36 37