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Assemblée générale et bilan à la CDMT à la maison des syndicats

Martinique 28 février ,23° jour de grève !

dimanche 1er mars 2009, par cnt66

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Philippe PIERRE-CHARLES a fait ce matin un bilan des négociations. De la première proposition patronale d’augmentation des salaires de 10 à 60 euros (ne concernant pas nombre de secteurs d’activités), qui avait, par son caractère ridicule, contribué sans nul doute, à la provocation d’émeutes, on est passé à une proposition entre 30 à 100 euros. L’Etat apporte une contribution de 100 euros supplémentaire. Les collectivités locales à un total de 30 euros. Mais le Conseil Général tique un peu car l’Etat lui doit déjà 30 millions d’euros et il doit assurer la maintenance d’un certain nombre de services publics. Nombre de présents à l’assemblée font remarquer que ce qui est donné par les collectivités locales vient directement de notre poche par le biais des impôts locaux. Un tel montage ne serait mis en place que pour trois ans, à charge pour l’employeur de suppléer progressivement à ces aides publics.

Un petit patron qui n’a que deux employés intervient pour souligner le caractère indécent de la proposition d’augmentation de salaires de quelques dizaines d’euros, qui feront d’autant plus baisser les charges patronales. Il rappelle la puissance du groupe Hayot, qui profite notamment du mouvement contre la vie chère pour demander lui aussi une baisse à l’importation de certains produits, comme le ciment dont il a le monopole de la revente…

Une revendication portant sur un minimum social concernant les jeunes poursuivant une formation ou engagé dans un premier emploi, a été mise sur la table et reprise par les élus car une loi serait nécessaire à son application.

Philippe PIERRE-CHARLES rappelle plus loin qu’ils n’ont eu de cesse d’appeler à la reprise du travail depuis pratiquement le début de la grève. Il rappelle aussi le premier désir de Serge LETCHIMY, maire de Fort de France, de voir le carnaval se dérouler. Compte tenu de ce que l’on a su plus tard, à savoir, les déprédations et les violences nocturnes c’était vraiment une mauvaise idée sur laquelle il a quand même su revenir.

Se pose la question du degré de mobilisation.Où en sommes-nous réellement ?

Les barrages et les piquets de grève n’éprouvent-ils pas de la difficulté à être relevés ? Certains y sont depuis plus d’une semaine, ne s’absentant que pour prendre une douche. De nombreuses femmes y participent.

Ne vaut-il pas mieux prendre ce que l’on peut arracher maintenant plutôt que risquer de prolonger les négociations dans un climat de démobilisation ?

Plusieurs femmes répondent qu’il ne faut pas lâcher actuellement. L’une d’elles, plus âgée, rappelle la grève dans l’hôtellerie de 1983 qui avait duré 43 jours, où les grévistes avaient été traités d’ « assassins ». Mais les gains avaient été substantiels avec notamment une moyenne de deux jours de congé par semaine, et la reconnaissance du syndicat.

La réaction contre la grève et le mouvement social s’organise.

L’UMP, conduite par son nouveau leader, Chantal AIGNAN, avait pris l’initiative d’une réunion de mécontents au Squash Hôtel. Cette réunion était plutôt une permanence qui a duré deux jours. Certes le geste proposée par Madame AIGNAN, de s’affubler d’un brassard blanc pour montrer son opposition au mouvement, peut paraitre en l’état absurde et provocateur. Il l’est moins quand on voit une stratégie se mettre en place :

 organisation d’une manifestation sur Fort de France du comité ad hoc contre la grève (avec le risque de fomenter une véritable atmosphère de guerre civile)

 occupation du terrain sur internet, avec blog - je n’ai pas l’adresse - et interventions ciblées d’internautes.

Première réunion du Réseau Social

Elle s’est tenue au local de l’UPEM boulevard Alègre. On a projeté une film-docu sur les SEL en France. Cela a failli tourner au débat idéologique et on aurait pu s’enliser ici car il y avait des libéraux, des anarcho bolcho (comme moi !) et des nationalistes. Pas triste. Les animateurs ont été à la hauteur et on appelé à l’action et non pas aux discours. Je suis parti en me portant candicat au bureau et en proposant mes fruits de la passion et ma confiture, bien connue des initiés (!)

Et après ?

En tous cas, malgré une nouvelle baisse des exigences du Collectif, la partie patronale ne veut rien signer en l’état. Elle compte, comme cela s’est toutjours vu dans le passé, sur un affaiblissement de la combativité des grévistes et des acteurs du mouvement.

Il n’y a plus rien à manger ni à vendre dans les rares magasins qui sont encore ouverts. Miracle ! Je trouve un « 8 à 8 » ouvert avec quelques paquets de farine et des pâtes. J’en remplis mon sac à dos. Comme on dit à Paris : ça fera la rue Michel…

Petite discussion avec un copain qui tient un magasin d’opticien. Aujourd’hui il a réouvert. Il faut bien vivre…ou tenter de le faire. Lui aimerait que la partie patronale cède car il y aura encore des pots cassés. Sinon il ne restera plus rien, même pas les morceaux de pot.

Compte tenu de la situation d’émeute le Préfet avait donné l’ordre de suspendre la livraison des carburants aux stations jusqu‘à mardi. Mais les ouvriers pétroliers qui avaient accepté alors de reprendre le travail sous condition de la poursuite des négociations vont-ils garder cette attitude compte tenu du blocage évident de la partie patronale ?

Grand conciliabule de tous les élus ce week-end. Ils reçoivent séparément et les membres du Collectif et les représentants des employeurs.

Si d’ici lundi aucun accord n’est signé, on peut s’attendre encore à des nuits de violences dont les auteurs sont autant des malfrats que des gens désespérés.

Grande manifestation lundi. Mais comment s’y rendre ? Peut-être en car.

Nemo 3637