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Belgique : quelques échos de la mobilisation menée actuellement ...

mercredi 10 décembre 2014, par Emile

Belgique : quelques échos de la mobilisation menée actuellement contre les mesures d’austérité prises par le nouveau gouvernement

Le nouveau gouvernement fédéral belge (cf. note n° 1) est clairement ancré dans une politique réactionnaire. Il entend remettre en cause les droits des travailleurs et travailleuses dans de nombreux domaines (retraite, protection sociale, salaires, temps de travail, indemnisations…) et, pour cela, veut affaiblir le mouvement syndical (remise en cause du droit de grève, du rôle des organisations syndicales, etc.). Mi-octobre, les trois confédérations syndicales belges (FGTB, CSC et CGLSB) ont adopté un plan de mobilisation dans la durée (cf. note n° 2). Cette mobilisation est actuellement bien engagée et la grande grève générale prévue le 15 décembre se prépare activement.

Quelques échos de la mobilisation actuelle :

La manifestation du 6 novembre a été un énorme succès. Quant aux grèves provinciales de fin novembre et début décembre, le mouvement a été bien suivi et, à de nombreux endroits, les grévistes ont monté des barrages pour bloquer les accès aux entreprises. Une telle mobilisation n’avait eu lieu depuis longtemps en Belgique.

D’autre part, bien que les porte-paroles officiels du « front commun syndical » affirment que leur objectif n’est pas de faire tomber le nouveau gouvernement fédéral, des voix s’élèvent pour radicaliser le mouvement. Pour un nombre croissant de travailleurs, il ne s’agit plus de demander l’ouverture d’une concertation avec Charles Michel (premier ministre) mais de chasser la coalition actuellement au pouvoir. Parallèlement, les secteurs les plus en pointe dans la mobilisation refusent d’avoir pour perspective le retour au pouvoir de l’ancien gouvernement Di Rupo (PS), estimant que celui-ci a ouvert la voie à la droite et que les socio-démocrates, là où ils sont encore aux manettes (en Wallonie et à Bruxelles), ne font rien pour combattre l’austérité, bien au contraire. C’est dans ce contexte que des syndicalistes de base œuvrent pour que le mouvement syndical cesse de se réfugier dans un apolitisme qui, de fait, laisse la place aux partis. L’indépendance syndicale n’est pas de l’apolitisme ! Certains syndicats ont d’ores et déjà élaboré de véritables programmes alternatifs. Par exemple, à Charleroi et dans le Sud-Hainaut, la FGTB a adopté en congrès un texte intitulé Changer de cap maintenant : 10 objectifs d’un programme anticapitaliste d’urgence. S’il le voulait, le mouvement syndical belge – avec ses 3,5 millions d’adhérent-e-s – serait en mesure d’élaborer et d’imposer une autre politique sociale…

Sur le plan de l’action, des militant-e-s d’horizons divers agissent pour que la mobilisation soit contrôlée à la base (mise en place de comités de grève et d’assemblées générales pour organiser démocratiquement le mouvement et décider collectivement, syndiqué-e-s et non syndiqué-e-s, des suites à mener). Ces militant-e-s militent aussi pour que les dirigeants FGTB, CSC et CGSLB ne concluent pas un accord avec le gouvernement sans une consultation de toutes les personnes mobilisées.

Union régionale CNT 59/62

Notes :

1) Le nouveau gouvernement fédéral belge – qui a prêté serment le 11 octobre 2014 – est né d’une coalition de droite entre le MR (parti wallon de centre droite), le CD§V (parti démocrate-chrétien flamand), l’Open VLD (parti libéral flamand) et la N-VA (parti nationaliste flamand). Le premier ministre est le libéral Charles Michel. La N-VA s’est emparé de 4 grands portefeuilles : l’intérieur (pour Jan Jambon), les finances (pour Johan Van Overtveldt), la défense (pour Steven Vandeput), l’asile et la migration (pour Theo Franken).

2) 6 novembre 2014 : manifestation nationale à Bruxelles – 24 novembre 2014 : grève tournante dans les provinces du Hainaut, du Luxembourg, du Limbourg et d’Anvers – 1er décembre 2014 : grève tournante dans les provinces de Namur, de Liège, de Flandre occidentale et de Flandre orientale – 8 décembre 2014 : grève tournante dans les provinces du Brabant flamand, du Brabant wallon et à Bruxelles – 15 décembre 2014 : grève nationale – Fin décembre 2014 : évaluation du plan d’action – Début janvier 2015 : reprise des actions si le gouvernement maintient ses projets

Annexe :

Ci-dessous les revendications du « front commun syndical » (FGTB, CSC, CGLSB).

Davantage d’emplois (de qualité) !

Comment les jeunes chômeurs pourraient-ils trouver un emploi si ceux qui en ont un doivent prolonger leur carrière jusqu’à 67 ans ? Entre-temps, les employeurs bénéficient de milliards d’allégements de cotisations sociales, sans la moindre obligation de les convertir en emplois.

Un revenu correct !

De nombreuses factures vont augmenter (bus, train, poste, accueil de la petite enfance, école, diesel, etc.). Or le salaire ne suivra pas à cause du saut d’index, auquel s’ajouteront deux années de blocage salarial. Tous les autres revenus (des sociétés, des professions libérales, des actions, des placements, des loyers…) échappent à ces mesures. Il n’y a pas de saut d’index pour eux.

Davantage de sécurité sociale fédérale !

Le gouvernement va opérer des coupes claires à hauteur de 2,8 milliards d’euros dans les soins de santé. Et de 2,07 milliards dans les autres dépenses sociales. Ce sont les chômeurs temporaires, les malades, les travailleurs à temps partiel involontaire, les jeunes en fin de scolarité… ce sont les ménages ordinaires qui seront à nouveau touchés.

Des services publics forts !

L’État se voit retirer ses compétences. Des économies énormes sont imposées à la SNCB, à l’enseignement, aux soins de santé, aux services d’aide… Ce sont de nouveau les gens ordinaires qui vont être pénalisés, car les riches achètent eux-mêmes ces services sur le marché.

Davantage de justice fiscale !

Les travailleurs sont déjà les plus lourdement taxés. Le saut d’index augmente encore cette imposition de 2%. Les gens ordinaires vont encore devoir payer la facture. Les plus forts font donc davantage porter la charge par les plus faibles. C’est fondamentalement injuste.

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