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Pour nous la Cgt c’est fini

lundi 8 décembre 2014, par Emile

3 décembre 2014 : « Pour nous la Cgt c’est fini »

mercredi 3 décembre 2014,

Ces six mois de lutte ouverte sur le front interne (à peu près en pure perte à déplacer les lignes, il faut lucidement le reconnaître) dans le désintérêt ou au mieux la commisération (circonscrite à l’affect compassionnel car n’affrontant pas le défi de penser l’enjeu en termes de lutte de classe au sein de la Cgt, ou à tout le moins de faire l’analyse concrète de cette situation concrète et tâcher d’en tirer des enseignements pour la pratique) nous ont conduits à créer, dès aujourd’hui 3 décembre 2014, veille du délibéré du recours en assignation à jour fixe contre la mise sous tutelle et la révocation du congrès du syndicat Cgt des personnels du département du Nord, un syndicat CNT au Conseil général du Nord.

Quelle que soit l’issue de la « partie de dés » juridique en cours, donc. En demeurant solidairement engagés auprès des camarades, y compris financièrement, cela va sans dire.

Pour nous, l’unique acquis de cette lutte, encore une fois quel que soit le prononcé du délibéré le 4 décembre 2014 et quel que soit le score électoral (le même jour, la Justice est… euh… taquine, hein ?) enregistré par les listes présentées par la tutelle, aura été de nous convaincre qu’il n’existe pas (ou plus), à la Cgt, de perspective réaliste de rénovation de l’intérieur. Même la résistance sans fausse pudeur de militants trahis, les tripes sur la table, s’est révélée futile. La délégation de pouvoir à l’intérieur du syndicat des personnels du département du Nord, qui avait conduit les secrétaires générales à démissionner en mars dernier, a continué ; et force est de constater le désintérêt pratique (pour nous : l’aveuglement suicidaire) dans les syndicats des autres collectivités territoriales avec lesquelles nous entretenions des rapports de camaraderie et de solidarité suivis, au sein de la fédération des services publics comme de la « grande Cgt ».

Ce ne sont pas les sordides petites combines de bureaucrates pris la main dans le sac à conforter leur propre aisance matérielle au détriment de leur image auprès des cotisants qui auraient pu nous faire changer d’avis. Les pseudos révélations (au bout de combien de confirmations empiriques décrète-t-on une « loi » ?) ont seulement cristallisé les réflexes de défense inconditionnelle dans la citadelle assiégée, comme les faux clivages fondés sur des questions de personne, et ravivé les grenouillages accompagnant les plus folles ambitions.

Mais il n’y a pas que ça. La politique du PS, désormais ouvertement conduite au profit des intérêts de la bourgeoisie, et la déconsidération à peu près totale d’un PC (enchaîné au PS pour cause d’électoralisme opportuniste) auprès de son électorat traditionnel annoncent des temps mauvais où les fascistes d’hier repeints en bleu nuit mettront la main sur l’appareil cybernétique de contrôle social, déjà entré en mode opérationnel, et rodé dans l’indifférence à peu près générale. Or, derrière les protestations de vertu réservées à des cercles ou des publications de convaincus, tandis que les « dirigeants » de la Cgt évitent soigneusement de prendre le risque de s’aliéner les électeurs déjà contaminés, les rancœurs cultivées par l’extrème-droite gagnent et continuent de progresser dans la Cgt.

Après une histoire de près de cent vingt ans de trahisons, mais aussi de luttes victorieuses, avant ces quarante ou cinquante dernières années de cfdtisation de la Cgt, les ambitions des fondateurs sont définitivement enterrées. Pire : c’est toute la scène syndicale qui s’est déplacée vers le compromis ou le sauve qui peut. Nous en prenons acte. Et rejoignons l’organisation évidemment la plus conforme à notre pratique et nos écrits depuis plus d’une décennie : la CNT.

Avec amertume, nous mesurons combien cette vaine lutte interne nous a détourné des luttes nécessaires. Six mois. Quel que soit le verdict attendu, l’adversaire de classe aura tiré parti d’une situation dont nous persistons à penser qu’elle résultait d’un accord informel entre des parties réputées adverses mais liées par des intérêts communs et conscientes de cette communauté. Nous n’avons plus de temps et d’énergie à perdre à tenter une nouvelle fois de réanimer le cadavre. Mais nous demeurerons proches et solidaires des camarades qui ont fait ou feront sincèrement le choix de poursuivre leur route avec la Cgt.

Nous disions que la lutte de classe passait à l’intérieur de la Cgt. Aujourd’hui nous faisons le constat que la corruption de l’orga a atteint un point de non-retour qui aboutit à ce que les luttes internes servent avant tout… l’ennemi de classe. Voilà au moins un point d’accord avec les optimistes impénitents et les pessimistes radicaux.

Si d’aucuns considèrent qu’il faut au moins temporairement renoncer à la lutte interne et faire bloc dans l’organisation, il nous semble plus cohérent d’abandonner sa dépouille à l’ennemi de classe, puisqu’aussi bien l’ennemi s’en est déjà emparé et l’agite à l’évidence pour servir d’abord ses intérêts : saboter les mouvements spontanés, épuiser et désespérer les individus combatifs.

« Combien de divisions ? » Ironisait Djougachvili ? Bah. Il faut légalement trois camarades pour créer un syndicat dans une taule ? Eh bien nous sommes au moins trois. Comme disait Lacan, « nous n’avons pas besoin de beaucoup de monde, et il y a du monde dont on n’a pas besoin ».

Bonne chance (et surtout bon courage) aux camarades qui préfèront poursuivre la lutte à l’intérieur de la Cgt.

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