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communiqué international

Ayotzinapa : Notre douleur, notre rage

samedi 29 novembre 2014, par Emile

Notre douleur, notre rage

Et maintenant comment faire pour continuer à avancer dans cette nouvelle étape ?

Depuis le 26 septembre 2014, le Mexique se voit tel qu’il est et le monde à nouveau découvre une réalité que l’on ne peut plus cacher et qui s’est révélée de la façon la plus terrible qui soit. Iguala est le lieu où le Mexique de douleur et de mort ne peut plus ignorer sa réalité, c’est le lieu qui a empli le monde entier d’indignation, c’est le lieu où le secret muet s’est converti en un cri de douleur et de rage.

43 étudiants disparus, trois étudiants assassinés. Tous assassinés et disparus à Iguala, tous assassinés et disparus par l’État. Tous assassinés et disparus par le pacte d’impunité qui lie la classe politique.

Mais désormais il ne suffit plus de parler d’impunité car les institutions qui auraient dû exercer la justice non seulement ne le font pas mais elles se protègent elles-mêmes de leurs propres délits ; en réalité nous sommes devant un système qui trouve toujours comment et qui punir, de façon exemplaire et spectaculaire (coupable ou innocent), afin de pouvoir garder intacts le grand commerce de la corruption ainsi que les structures brutales du pouvoir qui maintiennent le pays entier submergé par la violence.

Au Mexique ce n’est pas le système qui est corrompu, c’est la corruption qui est le système. Ce n’est pas qu’il y ait de plus en plus de vides de l’État, mais c’est que ce qui apparaît comme des vides est en réalité plein de la nouvelle mutation de l’État mexicain : le Narco-Etat.

Le couple Abarca est une terrifiante démonstration du lien entre le gouvernement et le crime organisé, mais le pire c’est que ce n’est pas le seul ni le pire exemple, c’est précisément un exemple de ce que sont devenues les institutions du Mexique. A Iguala, les 43 étudiants de Ayotzinapa sont également la terrible preuve que non seulement les actions du Narco-État sont contre insurrectionnelles, qu’elles cherchent la criminalisation des luttes, qu’elles cherchent à contrôler par la terreur, qu’elles cherchent le génocide de l’espoir.

Dans ce Mexique brisé, sécurité signifie vivre terrorisé, entouré de militaires et policiers, surveillé en permanence. Dans ce Mexique brisé, les appareils des droits de l’homme sont utilisés pour s’assurer que les véritables agresseurs échappent à la justice et puissent continuer à agresser.

Dans ce Mexique brisé, l’ex-maire d’Iguala, José Luis Abarca, est accusé de nombreux délits, mais pas de celui qui entraînerait la reconnaissance de la responsabilité de l’État, celui de disparition forcée.

Dans ce Mexique brisé, María de los Angeles Pineda est maintenue aux arrêts pendant 40 jours et Noemi Berrument Rodriguez, protectrice du couple accusé, est laissée en liberté, tandis que ceux qui s’opposent au système, ceux qui défendent la terre, ceux qui exigent justice, ceux qui se solidarisent avec les familles des 43 étudiants disparus par l’État, ceux qui éclatent d’indignation, sont immédiatement emprisonnés.

Dans ce Mexique brisé, le pouvoir se scandalise lorsque quelqu’un brûle une porte en bois, tandis que pour les centaines de milliers de morts, les centaines de milliers de disparus, les centaines de milliers de déplacés, il n’y a que des montages médiatiques, de longs procès bureaucratiques, de fausses condoléances, mais jamais de justice.

Le message derrière la façon dont tout a été fait à Iguala, derrière les milliers de morts et de disparus dans tout le Mexique, c’est qu’aucune vie n’a de valeur, et que depuis ces « nouvelles institutions », la façon de gouverner c’est désormais la mort.

Pour toutes ces raisons, après que le monde ait espéré, par une enquête rigoureuse une réponse quant à la situation des 43 normaliens disparus , il est indigne et douloureux de constater que les enquêteurs aient montré non seulement leur incompétence mais également un impressionnant manque du minimum de respect envers les familles des victimes, et à travers elles, envers toute la société, car leur unique objectif est de biaiser les enquêtes afin d’occulter la vérité.

L’indignation a grandi, a débordé les places, croissant semaines après semaines. Les manifestations, les actions, les grèves, démontrent que malgré les mensonges, les montages, les calomnies et les tromperies de la part du « Gouvernement mexicain », toujours absent lorsqu’il s’agit de donner des réponses, le peuple mexicain et d’autres parties du monde, ont fait leur le slogan « Vivants ils les ont pris, vivants nous les voulons ! »

Dans de nombreux endroits aussi bien au Mexique qu’à l’extérieur du pays, des étapes importantes sont franchies rapidement vers de nouveaux cris qui résonnent # Nous ne vous croyons pas, # C’est un coup de l’État # C’est bon, j’en ai marre, #Nous sommes tous Ayotzinapa.

A Iguala la logique politique est devenue visible, celle qui a fait que dans notre pays 180 milles morts nous font mal et que nous continuons d’attendre plus de 20 milles disparus.

Aujourd’hui nous rejoignons la rage active des pères et des mères des étudiants disparus, aujourd’hui nous leur disons que nous attendons que les 43 reviennent, que nous ne croyons pas à la farce par laquelle ils espèrent balayer cette indignation et cette rage générale. Ayotzinapa est le début de quelque chose, qui grandit dans les salles de classe et dans les rues.

Ces dernières semaines un mouvement qui clairement identifie qui ils sont est en train de naître, dans ce nouveau processus la peur est en train de reculer, il devient impossible de rester simple spectateur et cela ouvre la possibilité de se demander :

Comment faire pour que notre énergie sociale parvienne à ouvrir une voie qui permette à la société, depuis le bas, d’imposer au gouvernement la vérité avec toutes ses conséquences ? Comment continuer à avancer dans cette nouvelle étape ?

Ayotzinapa ne fait pas seulement mal au Mexique, c’est le monde entier qui a mal.

Signatures individuelles : (Liste des signataires actualisée le 24 nov 2014.)

CANADA : Naomi Klein ; ÉTATS-UNIS : Noam Chomsky ; Michael Hardt ; Hugo Benavides (Fordham University) ; URUGUAY : Raúl Zibechi ; ÉTAT ESPAGNOL : Manuel Castells ; Carina Garcia Sanagustin ; BOLIVIE : Oscar Olivera ; ARGENTINE : Nico Falcoff ; COLOMBIE : Dora Muñoz ; Constanza Cuetia ; ALLEMAGNE : Sebastian Wolff (Instituto de Investigaciones Sociales, Frankfurt/Alemania) ; BRÉSIL : Kathy Faudry ; Jeferson Zacarias ; Denise Lopes ; Edila Pires ; Liliane Bites ; Walter Bites ; PAYS BASQUE : Juan Ibarrondo (escritor) ; ITALIE : Adele Vigo ; Andrea Paletti ; Franco Frinco ; Carlotta Mariotti ; Filipppo Marzagalli ; MAROC : Josiane Pastor Rodriguez ; FRANCE : Valentin Gaillard ; Mathieu Meyer ; Talia Rebeca Haro Barón (PhD Erasmus Mundus Dynamics of Health and Welfare, Ecole de Hautes Études en Sciences Sociales), Michèle Blossier ; Patrice Ratheau ; Paul Victor Wenner ; Myriam Michel ; Hilda Leslie Alcocer Martinez ; Louise Ibáñez Drillières ; Crystel Pinçonnat ; Janie lacoste (Enseignante) ; Michel Puzenat ; Pierre Banzet ; Régine Piersanti ; Dominique Mariette ; Nathalie Todeschini ; Stéphane Lavignotte- pasteur (Mouvement du christiaisme social) ; Farid Ghehioueche (Fondateur/Porte Parole de l’organisation Cannabis Sans Frontières) ; Jean-Pierre Galland, écrivain et co-fondateur du CIRC ; KShoo, co-fondateur et porte-parole de la Fédération des CIRCs ; Emmanuel Maillard ; Myriam Mérino ; Ariane Chottin ; Valérie Guidoux ; Olivier Vendée ; Pierre Picquart (Dr en Géopolitique de l’Université de Paris-VIII) ; Antinea Jimena Pérez Castro ; Yann Bagot ; Emmanuel Rodriguez ; Marie Ibanez ; Amparo Ibanez ; Gilbert Rodriguez ; Marie Ibanez ; Jacqueline Henry ; Catherine Cassaro ; Catherine Bourgouin ; Susanna Miglioranza ; Sylvie Gauliard ; Alain Martinez ; Colette Revello ; Fatiha Mekeri ; Dominique Poirre ; Laura Binaghi ; Jérôme Bauduffe ; Nadia Thomas ; Matthieu Texier ; Paul Obadia ; Vincent Robin ; Michel Ibañez ; Lise Piersanti ; Alain Delprat ; Catherine Drillières ; Colette Revello ; Didier Collot ; Marianne Petit ; Janine Leroy ; Suzy Platiel ; Aude Lalande ; Mansour Chemali ; Corinne Mazel ; Celia Ibañez ; Pauline Delprat ; Michel Contri ; Ali Abadie ; Mercedes Cruceyra ; José Griault ; Annick Laurent ; Gérard Henry ; Georges Gottlieb ; Janie Lacoste ; Michel Ibañez ; Pilar Sepulveda ; Rafael Sepulveda ; Pascal Ibañez ; Patrick Derrien ; Hélène Derrien ; Lia Cavalcanti (directrice de l’association Espoir Goutte d’Or) ; Catherine Faudry (Chargée de mission – pôle « Collectivités Territoriales » Institut Français) ; Camille Baudelaire ; MEXIQUE : Álvaro Sebastián Ramírez (Preso Político y de Conciencia de la Región Loxicha) ; Francisco Barrios “El Mastuerzo” ; Oscar Soto ; Alejandro Varas ; Raquel Gutiérrez Aguilar ; Mariana Selvas Gómez ; Guillermo Selvas Pineda ; Rosalba Gómez Rivera ; Martha Nury Selvas Gómez ; María Josefina Perez Arrezola ; María José Pérez Castro ; José Cervantes Sánchez (estudiante ICSyH BUAP) ; Rosalba Zambrano ; Ana María Sánchez ; Tamara San Miguel ; Eduardo Almeida ; Enrique Ávila Carrillo ; Ingrid Van Beuren ; Leticia Payno ; Cecilia Oyorzál ; Ignacio Rivadeneyra ; María del Coral Morales ; Oscar Gutiérrez ; Gilberto Payno ; Celiflora Payno ; Víctor Payno ; Patricia Emiliano ; Beatríz Acevedo ; Francisco Sánchez ; Agustina Álvarez ; Mariana García ; Miguel Ortigoza ; José Antonio León ; Sergio Cházaro ; José Hugo Estrada Zárate ; Iliana Galilea Cariño Cepeda ; Pablo Reyna ; Guillermina Margarita López Corral ; Ana María Corro ; Lorena Diego y Fuentes ; Enrique González Ruiz ; Ignacio Román ; Cecilia Zeledón ; Berta Maria Rayas Camarena ; Judith Arteaga Romero (maestrante Defensa y Promoción de los Derechos Humanos UACM) ; Aurora Furlong ; José Luis San Miguel ; Alma Ugarte ; Juan Manuel Gutiérrez Jiménez.

ORGANISATIONS :

ÉTAT ESPAGNOL : CGT ; ASSI (Acción Social Sindical Internaciolalista) ; Associació Solidaria Cafè Rebeldía-Infoespai – Barcelona ; Centro de Documentación sobre Zapatismo (CEDOZ) ; COLOMBIE : Pueblos en el Camino ; ALLEMAGNE : Gruppe B.A.S.T.A., Munster ; BRÉSIL : CSP-Conlutas–Brasil ; BELGIQUE : Casa Nicaragua-Liège ; CafeZ –Liège ; CORSE : Corsica Internaziunalista ; PAYS BASQUE : La Federación Anarquista Ibérica de Euskal Herria (FAI) ; ITALIE : Associazione Ya Basta ! –Milano ; Centro Sociale CasaLoca – Milano ; Associazione Ya Basta – Padova ; Nodo Solidale (Italia y Mexico) ; Comitato Chiapas « Maribel » – Bergamo ; FRANCE : Les trois passants – Paris ; Caracol Solidario – Besançon ; Colectivo Grains de sable ; Union local de la Confédération Nationale du Travail (CNT31-Toulouse) ; Secrétariat international de la CNT – France ; Tamazgha, asociacion berbères-Paris ; Comité de solidarité avec les Indiens des Amériques (CSIA-Nitassinan) ; Groupe de soutien à Leonard Peltier (LPSG-France) ; La Fédération des CIRCs – Paris ; Comité Tierrra y Libertad de Lille ; Réseau latino-américain de Lille ; Émission Torre Latino/Radio Campus – Lille ; Comité de Solidaridad con los Pueblos de Chiapas en Lucha (CSPCL), Paris ; Espoir Chiapas – Montreuil ; Mut Vitz 13 de Marseille, Terre et Liberté pour Arauco – Paris ; Alternative Libertaire 31 – Toulouse ; ROYAUME-UNI : UK Zapatista Solidarity Network ; Dorset Chiapas Solidarity Group ; Edinburgh Chiapas Solidarity Group ; Kiptik (Bristol) ; London Mexico Solidarity Group ; Manchester Zapatista Collective ; UK Zapatista Translation Service ; Zapatista Solidarity Group – Essex ; MEXIQUE : Enlace Urbano de Dignidad ; Nodo de Derechos Humanos ; Unidad Obrera y Socialista (¡UNIOS !) ; Unión de Vecinos y Damnificados « 19 de Septiembre » (UVyD-19) ; La Voz de los Zapotecos Xiches en Prisión ; Colectivo La Flor de la Palabra ; Comité de Solidaridad con Mario González, DF ; Colectivo de Profesores de la Sexta ; Frente del Pueblo ; Serpaj ; Colectivo « pensar en voz alta » ; UniTierra Puebla ; Colectivo Utopía Puebla ; Colectivo de Salud adherente a la Sexta ; Grupo « Salud y Conciencia »

INTERNATIONALES : Internationale des Fédérations anarchistes (IFA) ; Fédération anarchiste (France, Suisse, Belgique) ; RÉSEAU EUROPÉEN DES SYNDICATS ALTERNATIFS ET DE BASE : Confederación General del Trabajo, CGT – État Espagnol ; Union syndicale Solidaires- France ; Confederazione Unitaria di Base, CUB – Italie ; SUD Vaud, Suisse ; Confederacion Intersindical – État Espagnol ; Unione Sindicale Italiana, USI – Italie ; Intersindical Alternativa de Catalunya, IAC –Catalunya ; Confederazione Italiana di Base, UNICOBAS – Italie ; Confédération Nationale des Travailleurs Solidarité Ouvrière, CNT-SO – France ; Transnational Information Exchange, TIE – Allemagne ; Associazione per i Diritti dei Lavoratori Cobas, ADL COBAS – Italie ; Solidaridad Obrera, État Espagnol ; Confédération Nationale du Travail, CNT – France ; Sindacato Autorganizzato Lavoratori Cobas, SIAL COBAS – Italie ; Sindacato Intercategoriale Cobas Lavoratori Autorganizzati, SI COBAS – Italia ; Ελευθεριακή Συνδικαλιστική Ένωση, ESE – Grèce ; Union Syndicale Etudiante Fédération Générale du Travail de Belgique, USE –Belgique ; Ogólnopolski Związek Zawodowy Pielegniarek i Poloznych, OZZ PIP –Pologne ; Ogólnopolski Związek Zawodowy Inicjatywa Pracownicza, OZZ PIP– Pologne ; ORGANISATIONS ÉTUDIANTES : Solidaires Étudiant-e-s, France ; Union Syndicale Étudiante, Belgique ; SUD étudiants et précaires, Suisse.

Version originale en espagnol et version anglaise

https://liberonsles.wordpress.com/2014/11/20/ayotzinapa-notre-douleur-notre-rage-communique-international/