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Débat très houleux entre Sarkozy et des Maliens à Bamako

20 mai 2006, 10:06, par ooo

Débat très houleux entre Sarkozy et des Maliens à Bamako
MALI - 18 mai 2006 - AFP

Un débat très houleux a opposé Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur français, auteur d’une loi controversée sur l’"immigration choisie", et des Maliens, jeudi dans un grand hôtel de Bamako.

Rencontrant des représentants de la jeunesse et de la société civile malienne, à la suite d’un discours sur l’immigration et le co-développement, le ministre français a été très durement interpellé par des participants.
Il leur a répondu avec une vigueur comparable.

Un intervenant lève la main et lui reproche d’organiser des "charters" pour renvoyer des Maliens, "mains attachées" chez eux.

"Levez-vous. Je vous mets au défi de dire qu’il y a eu le moindre charter vers le Mali depuis quatre ans que je suis ministre de l’Intérieur (...) vous n’avez pas à insulter le gouvernement démocratique" de la France,
 réplique le ministre sur le ton de la colère.

Un député malien s’adresse à lui sèchement, citant un proverbe de son pays selon lequel "on ne rase pas quelqu’un en son absence".

"Ce n’est pas parce qu’il fait chaud qu’il faut s’énerver (...) Je ne veux le scalp de personne",
 rétorque le ministre français.

"Bien loin de fermer le débat, cette loi permet de l’ouvrir.
Avant, il n’y avait aucune obligation de discuter (de l’immigration) avec les pays d’origine des immigrés. Maintenant, si",
 lui rétorque M. Sarkozy.

A une jeune femme qui accuse la France de "profiter de nos ressources",
 Nicolas Sarkozy lance :
"la France n’a pas économiquement besoin de l’Afrique".

La salle réagit avec hostilité.

"Attendez, attendez",
 tempère Sarkozy.
"Les relations entre la France et l’Afrique ne sont pas conditionnées par des intérêts économiques. Ceux qui pensent cela commettent une grave erreur. C’était vrai du temps de la colonisation. Ce n’est plus vrai du temps de la démocratie".[/i]

[i]"N’écoutez pas ceux qui exonèrent les Africains de toute responsabilité sur le non développement de l’Afrique",
 ajoute-t-il.

Il n’accepte pas non plus qu’un participant qualifie sa loi d’"anti-immigration", vécue selon lui, par la société malienne, comme une "provocation, voire une offense".

"C’est une caricature. Quand on des propos excessifs, on se décrédibilise",
 lui dit M. Sarkozy.

Peu auparavant, dans son discours,
il avait expliqué être venu au Mali "exprès, en ce moment", au lendemain du vote par les députés français de sa loi durcissant les conditions d’entrée et de séjour des étrangers en France, terre qui abrite 45.000 Maliens légaux et autant d’illégaux.

"Depuis que j’ai parlé d’immigration choisie, au moins, on ne parle plus d’immigration zéro. Et on devrait m’en féliciter (...) Je le dis clairement : ceux qui font le jeu du racisme et de la xénophobie, ce sont ceux qui de manière irresponsable, hélas, ferment les yeux sur la nécessité d’une régulation des flux migratoires",
 affirme le responsable français.

Des manifestants bamakois - de quelques dizaines à 200 mercredi, environ 150 jeudi - avaient plus tôt conspué M. Sarkozy, le traitant de "raciste" et de "xénophobe".
Des qualificatifs qui, visiblement, l’ont affecté.

Jeune Afrique