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TOUS ET TOUTES EN GRèVE ! le 07/12/04

Contre la future loi d’orientation scolaire.

lundi 6 décembre 2004

Tous et toutes en grève le 07/12/04 !

La CNT-Education a donc décidé d’appeler à la grève mardi 7 décembre 2004. L’urgence de la situation qui est faite à l’Education nationale ainsi que les mauvais coups contenus et annoncés dans la future loi d’orientation scolaire justifient la mobilisation.

Il y a urgence à construire un nouveau rapport de force porteur d’autres choix pour l’école. Cette journée de mobilisation peut en être une première étape. Rappelons que depuis la rentrée de nombreuses actions ont déjà été menées (grèves dans des établissements de Vaulx-en-velin ou au LP La Sauvagère, action contre la précarité et en soutien aux contractuels non réembauchés...), signe que la situation continue à se dégrader mais que la combativité est loin d’être morte.

Pourtant nous ne pouvons que regretter que la FSU, organisation à l’origine de cette journée, n’ait décidé de n’appeler que le second degré à la mobilisation alors que c’est bien l’ensemble des acteurs de l’Education nationale qui sont concernés par cette loi ainsi que plus généralement la place de l’école dans la société. De même, nous ne pouvons que regretter qu’ aucune démarche unitaire n’ait été faite dans l’organisation de cette journée, poussant ainsi certains syndicats à se mettre à l’écart.

Néanmoins, car un mouvement se construit petit à petit, La CNT a donc décidé d’appeler l’ensemble des personnels, de la maternelle à l’université, à se mettre en grève et à se mobiliser. Elargissons le simple cadre qui nous est proposé et mobilisons-nous pour la défense de nos conditions de travail et pour nos salaires, contre ce projet de loi d’orientation scolaire qui va encore un peu plus renforcer les logiques d’inégalités scolaires et sociales et enfin contre les logiques mises en ouvre par l’Etat et le patronat visant à accélérer la casse du service public d’éducation.

En effet, depuis le conflit des retraites, le tandem Raffarin-Seillière n’a pas cessé son œuvre de destruction sociale, privilégiant le traitement individualisé à moindre coût pour mieux briser les aspirations collectives à un socle de garanties sociales. L’école n’échappe pas à cette déferlante. Comme pour les retraites, les licenciements, le chômage : c’est le minimum social, la régression généralisée qui se dessine derrière les choix budgétaires actuels et la future loi d’orientation.

Rigueur budgétaire et salariale

Ce sont 3400 postes d’enseignants du second degré qui seront supprimés à la rentrée 2005 , ainsi que 800 postes administratifs. A ceci s’ajoute le départ progressif des aides-éducateurs et l’extinction du corps des MI-SE, remplacés en nombre nettement inférieur, créant un déficit d’au moins 10 000 personnels de vie scolaire. Cette baisse du nombre d’adultes encadrant, c’est déjà faite sentire négativement, comme l’ont montré les mobilisations ponctuelles dans les établissements depuis septembre.

2100 contractuels-enseignants ont été brutalement mis au chômage à la rentrée 2004, venant rejoindre la charrette des licenciés de l’année précédente. Un nombre important d’entre eux est sans allocations depuis juillet (98 dans l’Académie). Actuellement, des personnes au statut encore plus précarisé sont employés (vacataires) notamment pour assurer les remplacements .

La gestion des 95 000 TOS sera décentralisée au mois de janvier alors que pour le financement rien n’est réglé. La voie à une cession de ces activités au secteur privé est grande ouverte.

Dans le premier degré, les créations de postes (1000 dont 300 titularisation à Mayotte) ne sont pas à la hauteur de l’afflux de nouveaux élèves (51000 soit un ratio de 51 nouveaux élèves pour chaque nouveau PE !). Le problème des remplacements est toujours aussi criant cette année (manque de titulaires ZIL). La pénurie touche également d’autres métiers annexes comme les psychologues scolaires...

Pour les salaires, le gouvernement persiste à ne céder que quelques miettes aux fonctionnaires alors qu’ils ont perdu environ 5 % de pouvoir d’achat en 4 ans ( hausses des salaires depuis 2000 comparées à une inflation moyenne de 2 % /an). Pire, R. Dutreil (ministre de la fonction publique-F.P) conditionne une hausse éventuelle des salaires à une baisse des effectifs (44000 embauches dans la F.P d’ici 2010 pour 77000 départs en retraite prévue sur la même période). Au contraire, dans un contexte de vie chère, une revalorisation est nécessaire avec un effort particulier pour les bas salaires (catégories C).

Une loi d’orientation libérale et réactionnaire

Moins grossièrement provocateur que le rapport Thélot, le projet de loi d’orientation scolaire concoctée par Fillon représente néanmoins une étape forte dans l’instauration d’un ordre scolaire libéral et autoritaire. Il est ainsi proposé :

pour les personnels

· Augmentation de la productivité et du temps de travail : réquisitions des enseignant-e-s pour palier les absences de courtes durée avec jusqu’à 72heures sup’ obligatoires/an,

· Renforcement des pouvoirs hiérarchiques : management par les chefs et inspections-évaluations plus fréquentes ; création d’un « conseil pédagogique » parallèle au CA présidé par le chef d’établissement qui « veillera à la cohérence pédagogique des enseignements à chaque niveau »...

·renforcement de l’autonomie des établissements avec pouvoirs (notamment financier) accru des chefs d’établissements et gestionnaires. Possibilité de recruter directement sur les DHG d’établissements des intervenant(e)s « praticiens » des entreprises.

· formation continue « en priorité hors du temps scolaire » ;

· réforme du statut des PLP qui pourront enseigner au collège sur 2 disciplines. Développement des bac pro en trois ans, au lieu de quatre actuellement : moins d’heures de cours, c’est aussi moins d’enseignants !

et pour les élèves

· Instauration d’un socle commun de connaissances et de compétences indispensables qui est en fait un SMIC scolaire. Ce socle commun correspond au minimum exigé par le patronat pour qu’un jeune soit rentable pour une entreprise. Seuls les plus « forts » auront droit à un approfondissement.

· Destruction de fait du collège unique avec orientation à la fin de 5° vers des filières professionnelles ségrégatives fermant définitivement la porte au lycée : développement de l’apprentissage, 4ème en alternance, option « découverte professionnelle » en 3ème... Ce ne sont pas les heures discriminantes de soutien (en HSE !) pour le prétendu principe d’équité, d’égalité des chances, et la bonne conscience républicaine qui y changeront grand chose.

· Pédagogie et valeurs réactionnaires : bourses au mérite (piétine des années de travail sociologique sur la reproduction sociale à l’école), note de discipline en fin de collège comptant pour le brevet (retour du zéro de conduite ?), retour en force du redoublement...

· Développement de la pratique du contrôle continu pour le baccalauréat ce qui va avoir pour conséquence de renforcer les inégalités existantes entre les lycées. Avec le développement des bac pro en trois ans, ce sont naturellement les enseignements généraux qui pâtiront le plus de cette diminution du temps de formation.

· normalisation policière : après les caméras-vidéo, le policier attitré à chaque établissement !

La lutte que nous devons engager contre ce projet de loi d’orientation doit être une lutte contre l’autoritarisme et le conformisme social, contre l’offensive patronale, contre le développement d’une Ecole à deux vitesses et pour la défense de nos statuts ! Notre mobilisation seule peut permettre d’imposer d’autres choix pour l’Ecole du XXIe siècle. Tous ensemble pour une Ecole réellement émancipatrice !

Rassemblement à TOULOUSE à 11h00 devant la préfecture.