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Le HCE préconise plus de hierarchie. La CNT revendique la solidarité et la justice sociale !

vendredi 31 août 2007

Dernier avatar de la loi Fillon (socle commun de connaissances), le Haut Conseil de l’Education vient de pondre un rapport sur l’enseignement primaire.

Que constate-t-il ?

*l’école primaire est incapable de faire progresser les élèves en difficulté

*les méthodes de l’école maternelle restent calquées sur celles de l’école primaire

*la formation des maîtres demeure insuffisante

*la tendance à la baisse du nombre d’élèves par classe est sans résultat.

Quelles solutions sont proposées ?

*le débat sur le statut de directeur d’école, qui n’a pas l’autorité nécessaire pour (diriger) son école, ne devait plus être éludé

*le maintien de l’école de proximité (notamment en zone rurale) favorise l’émiettement des écoles. C’est un non-dit, mais il faudrait donc opérer des regroupements d’écoles

*les IEN sont absorbés par le travail administratif et les inspections individuelles et collectives sont en net recul. Le pilotage par résultats des élèves n’est donc pas assuré par les inspecteurs.

En bref, valider le projet de décret sur les EPEP et intensifier le contrôle des enseignants par le biais des résultats aux évaluations nationales permettrait de résoudre un grand nombre de problèmes.

Il y a dans ces remèdes un air de déjà-vu... Renforcer le contrôle des enseignants par les inspecteurs, donner un vrai pouvoir hiérarchique à des directeurs devenus chefs d’établissement relève d’une ritournelle commune aux décrets Monory de 1987 et de De Robien avec les EPEP. Cette solution relève d’une logique redoutable :
 on fait le constat de l’échec scolaire
 les enseignants en sont responsables car malgré de soi-disant moyens supplémentaires, l’échec ne recule pas
 il faut contrôler les enseignants pour qu’ils appliquent les « bonnes » consignes ministérielles (exemple : retour à la syllabique pure en lecture)
 il faut évaluer et récompenser le travail des enseignants dont les résultats chiffrés sont positifs
 les moyens accordés aux classes et aux écoles seront subordonnés aux bons ou aux mauvais résultats aux évaluations. Ces moyens seront répartis par les élus municipaux et un directeur-chef d’établissement relayant les directives ministérielles en ayant autorité sur les enseignants.

Ce discours reprend la thèse affirmant que la « taille des classes n’est pas déterminante dans la réussite des élèves » (titre du Monde, 3 mai 2001). Or plusieurs études sérieuses (Thomas Piketty en France, programme STAR et étude Blatchford aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, voir Chat du Neuf Trois n°4) ont démontré au contraire que la réduction significative du nombre d’élèves par classe permettait : *d’améliorer les connaissances et donc les résultats des élèves *de traiter au plus près les difficultés scolaires *de réduire l’échec scolaire. Mais cette réalité est occultée par le HCE comme par le ministère ! Pourquoi ?

Les gouvernants et leurs commissions « indépendantes » n’ont que faire de l’échec scolaire. Sinon, ils consulteraient les seuls qui sont à même de le traiter et d’y trouver des remèdes pratiques, ceux qui y sont confrontés quotidiennement et qui font la combattent : les enseignants. Pourquoi les professionnels de l’éducation demandent :
 que les RASED soient tous pourvus et interviennent plus dans les classes ?
 qu’il y ait plus de maîtres que de classes (si ce n’est pour pouvoir prendre en charge des groupes d’élèves en difficulté) ?
 que les classes ne soient pas surchargées ? Les enseignants constatent cruellement que le manque de moyens alloués aux écoles pâtit en premier lieu aux enfants qui décrochent. Des solutions, oui il y en a ! Mais elles présupposent qu’on fasse de l’éducation une priorité et une urgence. Les solutions entraînent aussi un coût budgétaire. Or c’est bien là le nœud du problème !

Le ministère est prêt à tout sauf à augmenter le budget. La première des priorités de la hiérarchie est de réduire le nombre d’agents, donc en supprimant des postes. Cette année, ce seront 11200 postes qui disparaîtront (pour 20000 élèves supplémentaires). Et le ministère estime pouvoir faire « mieux » l’année prochaine ! Toujours la même culture du résultat chiffré ! Il faut bien compenser le « paquet (cadeau) fiscal » des riches ! C’est à l’éducation d’en faire les frais !

Alors il est vrai que le rapport du HCE intervient vraiment au bon moment ! Une semaine avant la rentrée, un mois après les premières salves gouvernementales sur la future instauration d’un service minimum dans l’éducation !

Nous devons réagir résolument à toute nouvelle contre-réforme qui pourrait nuire aux intérêts de nos élèves et des personnels. Nous refusons de faire les frais des apôtres de la casse du service public d’éducation. Le droit de grève reste l’outil de défense principal des salariés, ne laissons pas casser notre résistance !

CNT FTE

Derrière le rapport du HCE : la mise en place des EPEP !

Après le rapport sur l’enseignement primaire remis par le Haut Conseil de l’éducation lundi 27 août, on attendait la réaction du gouvernement.

Tout en critiquant le rapport comme « catastrophiste », le ministre de l’éducation nationale adopte les principales conclusions du rapport :

*il faut se servir des évaluations comme outil de pilotage ;

*il faut « avancer (...) vers la constitution d’Etablissements Publics d’Enseignement Primaire » (EPEP).

L’exercice de style du ministre-professeur Darcos relève de la haute voltige dialectique ! Les délais de publication du projet de décret sur les EPEP que nous annoncions en fin d’année scolaire sont maintenant imminents !

Rappelons que la mise en place des EPEP place la gestion des écoles sous la coupe d’un Conseil d’Administration dominée par les élus municipaux, crée un statut de directeur-chef d’établissement et risque de brider totalement la liberté pédagogique des enseignants.

Le recul de Sarkozy sur la circulaire De Robien prévoyant une augmentation du temps de service pour les profs du second degré est dû à la forte mobilisation des enseignants des collèges et lycées l’année dernière.

Il faut se battre dès maintenant pour dissuader Darcos de publier le décret sur les EPEP.

CNT FTE