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Quelle implication anarchiste dans le mouvement syndical actuel ?

vendredi 11 mai 2007

Cijoint un article intéressant tiré du journal de la CGA :http://www.c-g-a.org/download/infos/infos65.pdf

Dans un contexte de profonde évolution du syndicalisme, qui s’exprime
par le passage d’un syndicalisme de lutte à un syndicalisme de service, de négociation voire de cogestion, les militants anarchistes doivent se poser la question des choix et des formes d’implication, même si certaines grandes réflexions sur le sens et la nature du syndicalisme, comme lors du congrès anarchiste d’Amsterdam en 1907, sont toujours d’actualité.

Néanmoins, il est toujours nécessaire d’analyser le monde dans lequel nous intervenons et il s’agit bien de définir des perspectives
pour une intervention anarchiste dans le mouvement syndical afin de ne
pas se limiter à être de bons militants de terrain, à être les petits bras de logiques qui finalement nous échappent. Nous ne pouvons pas nous passer de cette réflexion, ni même en rester au statut quo comme quoi « toutes les expériences sont bonnes à prendre » alors que le mouvement syndical bouge autour de nous, que la place, les idées et les pratiques des libertaires ont bougé aussi en son sein.

Partir de la réalité de terrain avant

tout Si nous ne pouvons pas nous limiter au fait que « toutes les expériences sont bonnes à prendre », il est tout aussi évident qu’il ne s’agit pas « de donner la leçon », de définir une position d’intervention dans le monde syndical que toutes et tous devraient mettre en oeuvre.
Une telle position ne ferait que nous couper de nombreuses expériences de terrain, rappelons au passage que l’expérimentation plus que le dogme a toujours été la démarche privilégiée par les libertaires, de possibilités d’interventions et de diffusions de nos idées et pratiques auprès de nombreux travailleurs et risquerait de nous enfermer rapidement dans un discours incantatoire stérile. Si nos choix et préférences syndicales doivent logiquement aller vers les organisations qui développent des pratiques et un discours les plus proches possible des valeurs anarchosyndicalistes et/ou syndicalistes révolutionnaires, qui nous sont chères, la réalité est plus complexe.

Bien souvent une adhésion et une implication syndicale ne se font pas dans l’absolu mais en lien avec une réalité professionnelle et d’entreprise. Le choix est donc souvent en partie déterminé par la réalité et les possibilités offertes sur son lieu de travail. Lorsqu’il existe déjà une tradition syndicale et de lutte, la pertinence semble alors d’aller là où sont déjà groupés le maximum de collègues sur les bases les plus combatives, en gardant toujours à l’idée que l’objectif est d’y favoriser les pratiques d’autoorganisation, de démocratie et d’action directe. Néanmoins, ce type d’intervention dans des sections syndicales
adhérentes à de grandes confédérations ne doit pas nous empêcher, bien au contraire, de poser le problème voire de favoriser la rupture
lorsque l’appareil freine, bloque ou s’oppose aux luttes à la base comme ce fut le cas avec la CFDT en 1995 ou la CGT en 2003. Il peut alors être envisagé dans ces conditions de faire émerger un autre syndicalisme pouvant passer par l’adhésion à d’autres organisations plus clairement sur les bases que nous prônons. Dans le cas d’entreprises où il n’existe aucune implantation ou tradition syndicale, où alors celle d’un « syndicalisme maison », il peut être possible de directement faire émerger des structures sur les bases nous étant les plus propres si certains collègues expriment une combativité suffisante.

Quelles alternatives syndicales ?

On assiste à la permanence voire la réaffirmation d’un syndicalisme qui s’inscrit dans la tradition de la Charte d’Amiens, dont on a célébré le centenaire fin 2006, et donc de la reconnaissance de la lutte des classes. Il peut être porté par des sections combatives et refusant l’évolution interne en cours de la CGT, par des syndicats SUD ou, même s’il est encore timide, par le développement et l’écho de la CNT. Ce syndicalisme est un syndicalisme de classe, de lutte et de transformation sociale au sens où il est porteur d’un autre projet de société (antilibérale pour certains, anticapitaliste pour d’autres). Ce type de syndicalisme
est celui sur lequel on peut s’appuyer et doivent développer aujourd’hui les militants anarchistes pour redonner des outils de lutte au monde du travail et des perspectives au mouvement social. Ce syndicalisme que nous devons porter doit être basé et animé par des idées essentielles
 :

 l’action et la démocratie directe (c’est-àdire le refus de toutes formes de délégation de pouvoir dans le syndicat comme dans les luttes et de bureaucratisation).

 d’organisation, de solidarités et de perspectives interprofessionnelles, seules dynamiques révolutionnaires. C’est développer l’idée que le syndicalisme est une organisation de lutte mais aussi une école d’émancipation et base de réorganisation sociale.

 L’autonomie du mouvement social comme refus des conceptions social-démocrates visant à diviser le travail entre syndicalisme et représentation politique, seule détentrice de projet social et des voies pour y parvenir.

Face aux évolutions du paysage syndical actuel, il semble alors nécessaire d’assumer une rupture avec les bureaucraties syndicales et les évolutions en cours. Cela passe bien sur par le refus d’y participer et par le développement de pratiques et de dynamiques favorisant d’autres formes d’expressions syndicales.

L’objectif est donc, tout en respectant nos diversités d’implications et d’implantation, de favoriser la rupture avec les logiques cogestionnaires du syndicalisme afin de faire émerger une réelle force, ou du moins de réelles dynamiques, anarcho-syndicalistes à partir de l’existant, par développement ou par recomposition.

CGA Groupe Kronstadt (Lyon)